Critique

Que vaut Club Zero, le dernier film Jessica Hausner présenté au Festival de Cannes ?

01 octobre 2023
Par Lisa Muratore
Mia Wasikowska dans "Club Zero".
Mia Wasikowska dans "Club Zero". ©Coproduction Office / Fred Ambroisine

Avec Club Zero, Jessica Hausner est de retour derrière la caméra et interroge à travers l’emprise et les troubles de l’alimentation notre société moderne dans un film parfois difficile à digérer. Critique.

Après Les Feuilles Mortes, Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, c’est au tour d’un autre film sélectionné en compétition de débarquer dans les salles de cinéma françaises. Club Zéro, réalisé par Jessica Hausner, est sorti ce mercredi 27 septembre. Quatre ans après Little Joe (2019), la réalisatrice autrichienne replonge dans la sphère du bien-être et du développement personnel pour mieux la critiquer à travers un regard cynique.

Porté par l’imperturbable Mia Wasikowska, Club Zero raconte l’endoctrinement d’un groupe d’adolescents après qu’ils se soient inscrits à un cours « d’alimentation consciente ». Si leurs motivations originelles sont au départ légitimes (sauvegarde de l’environnement, santé, performances scolaires en vue d’une bourse…), plusieurs d’entre eux vont se voir laver le cerveau par leur professeure, bien déterminée à les faire intégrer le fameux Club Zero, groupe sectaire et dangereux dont le but est de ne plus s’alimenter.

On reste sur notre faim

Malgré ce jeûne imposé, difficile pour le spectateur de ne pas être littéralement pris aux tripes tant le film joue sur les désordres alimentaires montrés – parfois de façon (trop) extrême – pour justifier une thématique plus large et préoccupante : la défense de l’environnement. En associant ce sujet à la jeunesse et à l’alimentation, Jessica Hausner dresse un portrait acerbe de notre société pour mieux en dénoncer ses excès.

Ici, l’emprise est poussée à son paroxysme pour mieux, soi-disant, protéger la nature. Toutefois, la réalisatrice s’en serre aussi pour pointer du doigt un monde moderne aseptisé, dénué de conscience propre, et superficiel. À travers une galerie de personnages terrifiants et léthargiques, abrutis par leur propre croyance et égoïsme, Jessica Hausner questionne notre société à plusieurs échelles. Or, malgré une vision interessante – loin toutefois d’être révolutionnaire – bercée par un univers photographique léché, difficile de savoir où est-ce que la cinéaste veut vraiment en venir.

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Entre crise écologique, et crise personnelle, Club Zero aborde une multitudes sujets, très contemporains sans jamais savoir vers quoi tendre exactement. Le long-métrage aura beau nous retourner l’estomac au propre comme au figuré, dommage qu’il frôle parfois la crise de foie.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste