Entretien

Camelia Jordana : “Irrésistible détourne les codes de la comédie romantique et l’aborde par le prisme de la santé mentale”

20 septembre 2023
Par Thomas Laborde
La série “Irrésistible“ sort ce 20 septembre sur Disney+.
La série “Irrésistible“ sort ce 20 septembre sur Disney+. ©The Walt Disney Company/Disney +

La musicienne et comédienne joue une podcasteuse en vogue qui fait des crises d’angoisse chaque fois qu’elle est proche de l’homme qui l’attire. Un traitement léger et malicieux pour évoquer les relations toxiques et leurs conséquences.

C’est la première fois que vous êtes la tête d’affiche d’une série. Qu’est-ce qui vous a poussée à accepter ce projet ?

J’ai eu la chance de recevoir cette proposition de la part de Clémence Madeleine-Perdrillat, la créatrice et showrunneuse de la série, et d’Arnaud de Crémiers, le producteur. Le projet qu’ils développaient m’a embarquée dès la lecture du premier épisode. J’ai eu un crush pour le personnage d’Adèle et les angles choisis par Clémence pour raconter cette histoire. Elle s’est approprié les codes de la comédie romantique pour les inverser. Le fait qu’elle décide d’intégrer cette histoire-là dans l’arène du podcast m’a beaucoup plu.

Pouvez-vous nous décrire l’univers d’Irrésistible en quelques mots ?

C’est une comédie romantique dans laquelle il est question d’amour et de santé mentale. C’est une série dans laquelle des trentenaires s’interrogent sur comment vivre des relations amoureuses avec les outils de notre époque. Mon personnage, Adèle, est une podcasteuse dont le premier projet est un immense succès. Elle y raconte comment elle a fini par survivre après une rupture amoureuse avec son ex, Trésor. Et il se trouve que c’est aussi son associé.

©The Walt Disney Company/Disney +

Vous retrouvez-vous en elle ?

Nous sommes toutes les deux des cheffes d’équipe, guidées par des intuitions, des idées, des projets qu’on porte. Mais je serais incapable de ne pas couper un peu sérieusement, au moins pendant un temps, avec la personne dont je me sépare. Je ne peux pas laisser les choses traîner. Je suis plutôt du genre à mettre du temps à être sûre de mon choix. Mais quand je mets fin à une relation, c’est terminé !

Elle se retrouve effectivement confrontée à une situation singulière…

Elle rencontre Arthur et tombe amoureuse de lui dans l’instant. Le problème, c’est qu’elle fait des malaises à chaque fois qu’elle est près de lui. Elle est en choc post-traumatique, elle ne s’est pas remise de sa relation passée avec Trésor. Elle a beau avoir monté un studio avec lui, créé son podcast, adapté le projet en bouquin, elle ne se remet pas de la manière dont elle a été traitée. Elle est terrorisée à l’idée de se projeter avec quelqu’un, alors son corps lui envoie des alertes !

Pourquoi êtes-vous sensible à ces thématiques ?

J’ai adoré le fait que Clémence ait créé cette série avec un regard très moderne. Elle a choisi de passer par la question de la santé mentale, qui impacte aussi la santé physique. J’ai eu la chance de grandir avec une mère thérapeute et j’ai eu le privilège d’avoir accès aux questions de la psychologie, de la construction du cerveau, de l’impact sur la construction de l’identité, des casseroles qu’on traîne, de ce qui nous appartient, ne nous appartient pas dans notre personnalité, notre libre arbitre, les schémas répétitifs… C’est formidable que le sujet de la santé mentale soit de plus en plus présent dans la pop culture et que des créateurs s’en emparent – alors qu’il est encore peu abordé dans notre société.

Avez-vous demandé des conseils à votre mère pour préparer ce rôle ?

Pas du tout. J’ai grandi avec son expertise, donc je la conserve dans ma besace depuis que je suis gamine ! Que je le veuille ou non, cet apport a dû infuser à certains endroits de ma personne.

©Capture d'écran/The Walt Disney Company/Disney +

Vous l’avez dit : la série est très moderne. Pensez-vous que les comédies romantiques doivent se renouveler et parler d’amour autrement aujourd’hui ?

Rien n’est obligatoire. Ce que je trouve génial dans Irrésistible et le travail de Clémence, c’est l’idée d’un scénario en poupées russes amoureuses. Elle commence avec une relation fracassante : Adèle et Arthur concluent dès le premier soir et passent plusieurs nuits et jours d’amour ensemble. C’est après que ça se complique. Par ailleurs, Adèle, avec son podcast, s’intéresse elle-même à plein d’autres histoires d’amour. Il y a donc plusieurs récits à suivre, auxquels Adèle est mêlée de près ou de loin, qui la bousculent, l’enrichissent…

Quelles sont vos références dans le genre ?

Elles sont très classiques, mais je les regarde en boucle : Coup de foudre à Nothing Hill et Love Actually. J’ai grandi avec, pas une année ne passe sans que je les regarde !

Un vrai podcast, produit par Louie Média, existe en parallèle de la série, avec le même nom et le même concept que celui développé par Adèle dans la série…

Oui ! Clémence a inventé ce concept de podcast, La Maladie d’amour, pour la série. Elle est partie en exploration auprès des femmes du studio Louie Média pour être sûre de ce qu’elle écrivait. Après lecture, les équipes lui ont dit : “Mais c’est un concept de podcast !” Et elles ont réussi à faire le pont entre la fiction et la réalité. On se retrouve donc dans la série avec de vrais témoignages amoureux, de vrais éclairages de spécialistes et de scientifiques qui viennent théoriser ce qu’il se passe dans ces histoires. C’est magnifique.

Que tirez-vous de cette expérience ?

J’ai adoré ! Le podcast est un format que j’aime beaucoup, j’en écoute énormément. Me retrouver à présenter La Maladie d’amour, c’est comme un rêve de gosse. Les podcasteuses sont mes héroïnes dans la vie.

Victoire Tuaillon, Lauren Bastide, Rokhaya Diallo ou encore Grace Ly sont des femmes formidables qui m’accompagnent au quotidien avec leurs discours, leurs choix, leurs invité·e·s… Ce sont des exemples pour moi, alors le fait d’incarner une podcasteuse était une grande fierté.

Irrésistible, depuis le 20 septembre sur Disney+.

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Article rédigé par
Thomas Laborde
Thomas Laborde
Journaliste