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Discuter sur WhatsApp avec des amis sur Messenger ? La fonctionnalité est en projet

11 septembre 2023
Par Damien Fregoli
L'interopérabilité est au cœur de la réglementation européenne entrée en vigueur la semaine dernière.
L'interopérabilité est au cœur de la réglementation européenne entrée en vigueur la semaine dernière. ©my.ordinarty / Shutterstock.com

Meta mettrait les bouchées doubles pour se préparer à l’échéance fixée par la Commission européenne dans le cadre du Digital Markets Act.

Ce n’est pas par gaieté de cœur que Meta prépare une telle fonctionnalité, mais bien pour respecter la loi. La semaine dernière, la Commission européenne a défini plusieurs produits Meta comme étant des « contrôleurs d’accès ». C’est-à-dire des services qui empêchent l’émergence de concurrents de par leur hégémonie et le contrôle effectué dessus par leurs propriétaires. Parmi les mesures à prendre sous peine d’une grosse amende : faciliter l’interopérabilité entre services et fournisseurs d’accès. Dont acte, à en croire le site WABetaInfo.

Une bêta déjà accessible

Le site spécialisé dans l’analyse du code source des versions bêta de WhatsApp partage sa découverte issue de la version 2.23.19.8. Dans celle-ci un volet baptisé « Chats tiers » (Third-party chat en anglais) est apparu – mais n’est pas accessible sans manipulations, précise The Verge.

Pour l’heure, ce nouvel écran est vide et l’on ne peut interagir avec. Mais le timing ne laisse guère place au hasard : l’horloge tourne pour Meta, qui n’a que jusqu’à mars 2024 pour se mettre en conformité avec le Digital Markets Act (DMA), sous peine de subir une amende pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise.

Mais les contours de cette future fonctionnalité restent flous. Pourra-t-on uniquement discuter, via WhatsApp, avec des personnes utilisant d’autres messageries de Meta (Messenger, Instagram) ? Ou des applis tierces comme Signal et Telegram feront aussi partie du lot ? Beaucoup de questions auxquelles Meta devra répondre dans les prochaines semaines, ne serait-ce pour s’assurer que ses mesures répondent aux attentes de la Commission européenne.

DMA : le grand chamboule tout de la tech

L’Europe a passé la seconde en matière de régulation la semaine dernière. En désignant clairement les entreprises et les services considérés comme « contrôleuses d’accès », et en agitant la menace d’une lourde amende, elle s’assure que des efforts seront faits. Mais seront-ils bien faits ?

WhatsApp est utilisé mensuellement par plus de 2,7 milliards de personnes, et le chiffrement des échanges fait figure d’argument non négociable. Ne peut-on pas craindre qu’en se dépêchant d’entrer en conformité avec la Commission, Meta néglige certains aspects de la sécurité et que des échanges privés soient compromis ?

En s’éloignant encore un peu de Meta, le DMA obligera bientôt les constructeurs de smartphones à s’en tenir au minimum syndical en matière d’applications préinstallées. Une bonne chose… même s’il faut garder en tête que ces produits ne seront donc plus tout à fait livrés clés en main. Chacun devra aller lui-même installer un navigateur web, une application de messagerie, un service de cloud, etc.

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Article rédigé par
Damien Fregoli
Damien Fregoli
Journaliste
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