Des prédateurs sexuels démarchent des mineurs sur cette plateforme présentée comme un site de rencontre pour « les jeunes de 13 à 25 ans ».
Un site qui « vous permettra d’accéder à de nombreux profils d’ados célibataires de votre pays ou région pour trouver l’amour ou des amis ». Telle est la promesse de « Rencontre Ados », une plateforme créée en 2006 et présentée comme « un site de rencontres gratuit pour les jeunes de 13 à 25 ans ». Pas sûr qu’il ne s’agisse que d’adolescents avec une telle fourchette.
Alors qu’elle affirme détester les faux profils et « faire la chasse à ceux qui essayent de se faire passer pour quelqu’un, pour tenter de vous arnaquer », cette application héberge de nombreux prédateurs sexuels.
Un terrain de chasse pour les prédateurs sexuels
Ces derniers utilisent le site pour démarcher des jeunes mineurs afin d’obtenir des relations sexuelles tarifées ou des photos dénudées. Un problème déjà dénoncé par Libération en 2019 et pointé du doigt par plusieurs internautes. « Une copine me parle d’une application dont elle a entendu parler avec sa môme (…) Je vais aller jeter un œil. Appli réseaux sociaux entre ados. J’ai un profil de 13 ans sans photo. 8 demandes d’amis. 5 dm dans la demi-heure », a par exemple tweeté une internaute, photo à l’appui montrant des profils de contacts d’hommes « mûrs ».
Mère de trois enfants, Lily a, elle, reçu des sollicitations d’ordre sexuel après s’être fait passer pour une adolescente de 13 ans. Un homme de 36 ans a même déclaré être prêt à payer 150 euros pour des faveurs sexuelles. Accusant « Rencontre Ados » d’héberger des pédocriminels, elle a signalé le site sur Pharos, la plateforme du ministère de l’Intérieur permettant de signaler les contenus illicites sur Internet, rapporte franceinfo.
Un problème de modération
Interrogé par BFM TV sur ce problème, Rencontre Ados a déclaré disposer de seulement 3 modérateurs, ajoutant « qu’il en faudrait 10 » pour réguler les près de 300 000 utilisateurs revendiqués. Une petite annonce a par ailleurs été publiée sur son site pour en recruter. « Comme il s’agit d’un travail bénévole, il est difficile de trouver des personnes compétentes », a indiqué la plateforme.
Ce problème inquiète le gouvernement. Invitée de franceinfo mardi, Charlotte Caubel, secrétaire d’État en charge de l’Enfance, a déclaré que « l’objectif n’est pas d’interdire certains sites parce qu’on sait très bien que ça conduira les enfants et les ados et les adultes à aller sur d’autres. L’objectif, c’est de réglementer ». Pour protéger les mineurs sur Internet, le gouvernement mise d’ailleurs sur la loi visant à instaurer une majorité en ligne à 15 ans votée cet été. Obligeant les mineurs à obtenir le consentement de l’un de leurs parents pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, elle imposera aussi à ces plateformes de mettre en place une solution pour vérifier l’âge de leurs utilisateurs.
