Films, séries, albums, spectacles, mangas, comics… Chaque mois, des centaines d’œuvres sont diffusées dans les salles obscures, sur les plateformes ou dans les librairies. Face à cette offre colossale, le choix est difficile. La rédaction de L’Éclaireur vous dévoile ses trouvailles du mois.
1 Lire l’intégrale de la BD Le Triangle secret, de Didier Convard
Au début des années 2000, les récits qui mêlent histoire et ésotérisme connaissent un regain d’intérêt. Beaucoup attribuent ce retour en grâce au Da Vinci Code de Dan Brown, qui a fait un véritable carton en librairie à sa sortie en 2003. Pourtant, trois ans plus tôt, la BD française Le Triangle Secret utilisait les mêmes ingrédients : un grand bol de faits historiques, une pincée de tradition ésotérique, une bonne dose de suspense haletant et une brochette de personnages attachants.
Cette saga en sept tomes débute avec l’historien Didier Mosèle qui tente de percer le secret des manuscrits de la mer Morte. Nous ne vous en dirons pas plus afin de ne rien divulgâcher, mais soyez assurés que, dès le premier tome, le scénariste Didier Convard montre toute sa maîtrise des intrigues aussi tentaculaires que bien ficelées. Il convoque pêle-mêle les Francs-Maçons, l’Église catholique, les Apôtres et bien d’autres figures encore.
Si Didier Convard est seul maître à bord pour orchestrer le scénario et que toutes les couvertures sont signées André Juillard, l’illustration de chaque tome est en revanche confiée à plusieurs dessinateurs à la fois. Au dessin, on retrouve ainsi Pierre Wachs, Gine, Denis Falque, Patrick Jusseaume, Jean-Charles Kraehn, Éric Stalner et Gilles Chaillet. Un pari risqué de prime abord, mais qui fonctionne merveilleusement bien au final. Les allers-retours entre les temps bibliques et le présent sont nombreux et le procédé permet de donner un rendu unique pour chaque période historique.
Avec un aspect graphique aussi réussi, il aurait été dommage que l’histoire ne soit pas à la hauteur. Rassurez-vous, elle sait tenir en haleine de la première à la dernière page. Les rebondissements sont fréquents et toujours intelligemment amenés. Si certains peuvent être devinés, d’autres vous surprendront à n’en pas douter. À chaque volume, on découvre de nouvelles informations qui nous poussent à avancer dans l’histoire. La série est également riche en références historiques et culturelles, ce qui la rend encore plus intéressante.
Le Triangle Secret est en définitive une BD assez unique en son genre, puisqu’elle parvient à allier à la fois l’aventure, le suspense et l’histoire. Nous ne pouvons que vous conseiller de vous jeter sur l’intégrale, un très bel album qui regroupe les sept tomes. Cette saga ésotérique a fait l’unanimité au fil des ans, au point de dépasser le million de BD vendues. Plusieurs suites et histoires annexes sont venues enrichir et augmenter l’œuvre originale, avec I.N.R.I (la suite directe du Triangle secret), Hertz, Les Gardiens du sang, Lacrima Christi et Rectificando, la dernière série en date, toujours en cours de publication.
2 Regarder le film Une histoire d’amour, d’Alexis Michalik
Alexis Michalik est connu pour son travail sur les planches de théâtre parisiennes. Entre idées originales et réadaptation des grands classiques de Broadway, le metteur en scène français s’illustre au cinéma en tant qu’acteur, mais aussi en tant que réalisateur. En 2023, le prolifique auteur a choisi d’adapter sur grand écran l’une de ses pièces, Une histoire d’amour.
Ce premier long-métrage raconte l’histoire de Katia (Juliette Delacroix) et de Justine (Marica Soyer), deux femmes qui vont tomber amoureuses et décider de concevoir un enfant. Mais lorsque Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement. Des années plus tard, Katia, condamnée par la maladie, va devoir trouver un tuteur pour sa fille. Elle se tourne alors vers son frère William (Alexis Michalik).
Sous ses aspects romanesques et romantiques, Une histoire d’amour prend le contre-pied du conte de fées pour offrir un drame choral puissant et bouleversant. Dans l’air du temps, le film n’en oublie pas son humour grâce au texte soigneusement pensé et composé par son cinéaste. Cynique et émouvant, il surprend par son ton, ses thèmes multiples, ainsi que son rythme.
Le film retrace les grandes étapes de la vie, celles qui nous forgent et nous construisent, celles qui parfois nous détruisent. Bourré d’humanité, le long-métrage est sorti en avril dernier dans les salles obscures françaises. Il est également disponible en vidéo depuis le 23 août.
3 Regarder la série The Wire sur Prime Video
Dans la catégorie meilleure série de tous les temps, on demande The Wire (2002-2008). Souvent au coude-à-coude avec Les Soprano (1999-2007), elle est considérée – à juste titre – comme l’un des programmes les plus emblématiques du petit écran. Créé par David Simon et Ed Burns, le show HBO s’appuie sur l’expérience de ce dernier, ancien officier de la brigade criminelle de Baltimore, et sur le travail de recherche de Simon, journaliste d’investigation et écrivain.
À Baltimore, le trafic de stupéfiants est omniprésent. Après meurtre d’un témoin à charge contre un des barons de la drogue de la ville, une unité spéciale, formée d’inspecteurs de la police judiciaire et de la police criminelle, se lance dans une vaste enquête. Drame policier tourné à la manière d’un documentaire, The Wire est l’une des séries les plus abouties de la télévision.
Son approche sans manichéisme des personnages, sa tension, les dialogues, ainsi que la mise en scène recherchée témoignent d’un véritable réalisme. Au fil des cinq saisons, le spectateur plonge dans le cœur des institutions (du système éducatif aux médias, en passant par la mairie) pour observer les luttes de pouvoir.
Si, à l’époque, The Wire comptait dans ses rangs des acteurs inconnus, la série a notamment pu compter sur le talentueux Dominic West (The Affair, The Crown…), Idris Elba (Luther) ou encore un certain Michael B. Jordan (Creed).
4 Regarder le film Grâce à Dieu, de François Ozon
Alors que François Ozon présentait cette année Mon crime, sa filmographie est venue étayer le catalogue Netflix au mois d’août. L’occasion rêvée pour L’Éclaireur de s’organiser une séance de rattrapage et de découvrir l’un des chefs-d’œuvre du cinéaste français, Grâce à Dieu.
Sorti en 2019 dans les salles obscures, le long-métrage raconte le parcours de trois hommes, abusés sexuellement par le même prêtre lorsqu’ils étaient enfants, et leur combat pour faire reconnaître les crimes dont ils ont été victimes.
Avec ce film, François Ozon fait le récit d’une histoire vraie, celle du père Preynat, qui a violé plusieurs scouts entre 1970 et 1991. C’est aussi et surtout celle de trois victimes : Alexandre (Melvil Poupaud), Emmanuel (Swann Arlaud) et François (Denis Menochet) face au silence assourdissant de l’Église catholique et de son représentant, le cardinal Barbarin.
Entre film de (non-)procès, documentaire et drame social, François Ozon fait éclater au grand jour l’un des pires scandales religieux de ces dix dernières années. La force de son long-métrage repose notamment sur des dialogues brillamment ficelés, mais surtout une maîtrise du rythme qui offre un triptyque passionnant et complet sur les démarches respectives des personnages. Porté par un casting bluffant, Grâce à Dieu avait remporté le grand prix du jury au le Festival de Berlin en 2019.
5 Écouter le DJ Étienne de Crecy
Depuis plusieurs mois, l’un des patrons de la French Touch sillonne les quatre coins de la France avec sa platine pour faire vibrer son public. Après Vinyl Only, tournée à l’occasion de laquelle le DJ ne mixait qu’avec des disques, Étienne de Crecy fait désormais le tour des festivals.
L’occasion pour L’Éclaireur de replonger dans sa discographie après un show délirant durant le Fnac Live 2023 aux côtés de Bombass et DJ Falcon, ou encore un concert live puissant durant l’édition estivale de Madame Loyal, à Paris. Car c’est là que réside tout le génie d’Étienne de Crecy : faire découvrir des vinyles de sa collection, jouer ses plus grands tubes, tout en balançant des sonorités aussi entraînantes que brutes de décoffrage.
Qu’il remixe dans les profondeurs du Rex Club ou bien sur la plage du Prado au Delta Festival de Marseille, Étienne de Crecy parvient à offrir un mélange house, électro et disco dont lui seul a le secret. Doigt pointé en l’air et sourire aux lèvres, impossible de ne pas se laisser séduire par son attitude communicative, tout comme sa musique.
D’ailleurs, pour ceux qui voudraient découvrir l’univers du talentueux DJ français sur scène, sachez qu’Étienne de Crecy sera présent le 2 septembre au festival Francomanias, ainsi que le 10 octobre à Toulon, à l’occasion du Rade Side Festival.
6 Écouter Roland Cristal
C’est l’une des découvertes improbables des festivals. À la manière du groupe Salut C’est Cool, Roland Cristal amuse autant qu’il déchaîne les foules grâce à des BPM survoltés qui contrastent avec son attitude nonchalante. Entre balade romantique et techno énervée, le musicien et chanteur se joue des codes de la musique électronique, offrant à son public un concert live emprunt d’humour et d’absurdité.
Il faut dire que la vie de Roland Cristal, alias Louis, est elle-même faite de contrastes, l’artiste passant son temps entre les scènes des festivals de musique et sa région du Lot, où il enseigne en tant que professeur des écoles. Le personnage qu’il s’est créé, au moyen d’une direction artistique complètement barrée, est aussi inédit que les textes qu’il écrit. Parmi ses plus gros sons, on retrouve La Pantera, Vendetta ou encore Les Petits cailloux.
L’Éclaireur a eu la chance de découvrir cet artiste unique sur la scène du Madame Loyal cet été. Grâce à son énergie communicative et sa musique déjantée, Roland Cristal offre un véritable show, fidèle à son univers, entre rire et exutoire. Pour celles et ceux qui voudraient découvrir sa musique, Roland Cristal se produira aux Eurockéennes en résidence secondaire, le 30 septembre 2023.
7 Regarder la série La Défense Lincoln sur Netflix
Autant l’avouer tout de suite : on était complètement passé à côté du phénomène La Défense Lincoln. Il a fallu que Netflix diffuse la deuxième saison pour qu’on se lance dans l’aventure – et on n’a pas été déçu du voyage. La série, qui s’inspire du best-seller de Michael Connelly, nous plonge dans le quotidien de Mickey Haller.
Dès les premiers épisodes, on rencontre cet avocat charismatique au passé tumultueux qui a dû mettre sa carrière en pause pour soigner ses problèmes d’addiction aux antalgiques. De retour à Los Angeles, il est prêt à reprendre sa vie (personnelle et professionnelle) en main.
Son comeback est marqué par le meurtre d’un prestigieux avocat, qui lui lègue son cabinet et ses clients au moment de sa mort. Parmi eux : un homme accusé d’avoir tué sa femme. Mickey va alors devoir trouver les failles dans le dossier pour prouver son innocence. Cette affaire nous tient en haleine durant toute la saison, et d’autres procès, plus courts, rythment les épisodes et permettent des respirations bienvenues.
L’histoire est bien ficelée, les personnages sont attachants et la série complètement addictive. Le spectateur est propulsé au cœur du tribunal et suit avec attention les interventions des avocats, comme si c’était un grand spectacle.
8 Lire le roman Le Secret du mari, de Liane Moriarty
Si le nom de Liane Moriarty ne vous dit rien, vous connaissez très sûrement l’un de ses best-sellers, Petits secrets, grands mensonges. Adapté en série sous le nom de Big Little Lies avec un casting cinq étoiles (Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley…), son roman dresse le portrait très juste et intime de cinq mères de famille. Son autre œuvre à succès, Le Secret du mari, est tout aussi réaliste et touchant. Il nous a suffi de quelques pages pour plonger dans l’histoire et devenir complètement accros.
Sans surprise, des personnages féminins sont au cœur du récit. Il y a Cécila, la femme parfaite à la Bree Van De Kamp, présidente de l’association des parents, vendeuse star de Tupperware et follement amoureuse de son mari tout aussi parfait, John-Paul. On suit aussi Tess, une jeune maman timide qui voit son monde s’effondrer quand son mari et sa cousine (qu’elle considère comme sa sœur) lui annoncent qu’ils sont tombés amoureux. Et enfin, il y a Rachel, cette grand-mère qui ne se remet toujours pas du meurtre de sa fille de 17 ans, assassinée 20 ans plus tôt sans explication.
La vie de chacune va être chamboulée par un événement particulier. Pour Cécila, tout commence quand elle trouve par hasard une vieille lettre jaunie de son mari, sur laquelle ces quelques mots sont inscrits : « À n’ouvrir qu’après ma mort ». La romancière nous propose une œuvre captivante, dans laquelle elle prouve une nouvelle fois sa maîtrise du rythme, des rebondissements et de la psychologie des personnages.
9 Regarder la série The Afterparty sur Apple TV+
The Afterparty est un Cluedo grandeur nature et complètement WTF. C’est frais, c’est drôle, et ça se dévore en quelques jours. La série produite par Apple TV+ peut parfois tomber dans un humour lourdingue, mais tout est à prendre au second (millième ?) degré. Dans ce whodunit, le spectateur tente de démasquer le coupable au fil des épisodes qui nous racontent la même soirée, mais sous un angle différent en fonction de chaque personnage.
Les événements se sont déroulés durant une réunion d’anciens élèves. La victime ? Xavier, une superstar de la chanson qui a invité ses vieux camarades du lycée dans sa maison aux millions de dollars. Les suspects ? Une dizaine d’adultes qui gardent des traumatismes de leur scolarité et qui ont tous une raison d’en vouloir à celui qui a été assassiné. Ces derniers vont être interrogés par l’enquêtrice, personnage loufoque et sans gêne qui a ses propres méthodes d’investigation. The Afterparty nous surprend autant qu’il nous fait rire. C’est un petit ovni télévisuel qui vaut (clairement) le détour.
10 Écouter l’artiste Jacob Collier
On plaide coupable, une fois de plus : on était complètement passé à côté de Jacob Collier. Véritable phénomène musical, l’artiste est surnommé « L’Einstein musical » et il est même comparé à des mastodontes du milieu tels que Stevie Wonder ou Prince – rien que ça. Il a été découvert sur YouTube alors qu’il n’avait que 20 ans, et a décroché 11 Grammy Awards en l’espace de six ans.
On a eu l’occasion de découvrir l’univers et la personnalité de ce jeune prodige lors du Lucca Summer Festival, dans une ambiance très intimiste. Crocs multicolores aux pieds et grand sourire aux lèvres, l’artiste a déboulé sur scène en transmettant instantanément son énergie au public. Durant les deux heures de concert, il nous a proposé une performance maîtrisée et étonnante.
Quand il est sur les planches, Jacob Collier est multitâche. Il chante, danse, joue du piano, de la contrebasse, de la guitare, de la batterie et des percussions. On découvre alors une musique influencée par le jazz, le funk, la soul, le classique, mais aussi la pop. Son énergie et sa joie sont contagieuses, et il nous fait tour à tour sauter, danser et pleurer. Malgré son jeune âge, l’artiste joue déjà dans la cour des grands, et fait partie de ces noms à suivre en cette rentrée.