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Mais au fait, comment on faisait avant… la géolocalisation ?

09 août 2023
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Mais au fait, comment on faisait avant... la géolocalisation ?
©Billion Photos

Alors qu’il n’a jamais été aussi facile de se repérer dans l’espace d’une simple requête sur un smartphone. On oublie que cela fait moins de 30 ans que la géolocalisation est accessible à tous.

En 1964, peu après le lancement des premiers satellites artificiels en orbite, l’armée américaine teste le système Transit, capable de localiser avec une relative précision un objet situé au sol eu seulement quelques heures. Dix ans plus tard, en 1974, ce sera le développement du GPS, une technologie précise de repérage au sol par triangulation. Et à partir de 1995, cette technologie jusqu’ici réservée à quelques (onéreux) systèmes intégrés à des voitures haut de gamme devient beaucoup plus abordable dans le commerce et commence à équiper les automobiles du monde entier. C’est une révolution, et se perdre n’aura plus jamais la même saveur. Mais avant tout cela, pour ne pas perdre son chemin, il fallait une bonne dose d’organisation !

Infomercial de 1994 destiné à promouvoir les GPS.©Anthodium Films

Un chemin à la carte

Évidemment, nous n’avons pas attendu l’arrivée du GPS pour nous trouver des techniques pour nous repérer dans l’espace, puisqu’une des formes les plus anciennes de géolocalisation se retrouve dans la lecture des étoiles pour déterminer sa position. Une technique bien connue des marins et  pratiquée depuis plusieurs milliers d’années par les peuples océaniens. Ces derniers, qui ont développé sans compas ni boussole des techniques avancée de repérage via les étoiles, en ont d’ailleurs tiré de magnifiques cartes de navigation en bois pour guider les embarcations entre des îles distantes de parfois plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres.

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Mais ne remontons pas aussi loin et revenons aux années 90, juste avant la démocratisation du GPS. La manière la plus commune de s’orienter dans les grandes lignes lors d’un voyage était assurément les cartes routières en papier. Là aussi, elles ne sont pas nouvelles, puisque l’exercice est pratiqué depuis l’antiquité et existe sous forme imprimée depuis le début du XVIè siècle. Mais c’est au début du XXè siècle qu’elles vont largement se répandre, à mesure que les déplacements deviennent plus fréquents et que les véhicules se mécanisent et s’individualisent : en plus des chevaux et des trains, il faut désormais compter avec les automobiles.

“Nouvelle carte routière des environs de Paris à l’usage des cyclistes, automobiles, touristes, etc.”©Bibliothèque Nationale de France

Le leader du genre sera incontestablement la Carte Michelin, mise au point en 1905 avec son format détaillé, généralement repliable et à l’échelle 1/200 000è, permettant de consulter facilement tous les détails d’un itinéraire grâce à une innovation importante : les principales routes sont représentées largement plus grosse que leur échelle réelle. Et si, bien sûr, les cartes routières sont désormais massivement remisées dans les greniers familiaux, elles représentent un immense patrimoine géographique et ont toutes été déposées à la Bibliothèque Nationale de France

Tomber dans le panneau

Bien entendu, les cartes routières étaient ne suffisaient pas : non seulement elles pouvaient contenir des erreurs ou des omissions, mais de plus il était fréquent qu’elles ne soient pas assez détaillées. Il fallait donc s’en remettre aux bons vieux panneaux routiers (vous les connaissez, ils sont toujours là !) indiquant les principaux itinéraires, mais aussi les détails ne figurant pas sur les cartes. Villages, hameaux, lieux-dits, rivières, distances, itnéraires bis, quartiers : autant de détails indispensables pour le voyageur muni d’une carte désuète ou incomplète !

Un panneau de direction contradictoire à La Rochelle, en 2011.©Ouest France / Jullian Dominique

Bien entendu, ces panneaux pouvaient (et peuvent toujours) être aussi faillibles que les cartes routières : travaux mal signalés, instructions contradictoires, inscriptions dégradées… Sans parler du fameux “toutes directions” qui ne vous avançait pas toujours à grand-chose ! Il était préférable d’être sûr de son coup. En conséquence, le plus simple restait donc encore de trouver un moyen de noter très précisément son itinéraire à l’avance.

De l’itinerarium au CD-Rom de cartes routières

Là encore, la pratique est très ancienne : dès l’antitiquité, il était commun d’inscrire sur des colonnes ou des tablettes des itinerarium, une liste de localités et de routes à visiter pour arriver à un point donné. Avec le développement du papier au moyen-âge, la pratique se poursuit. On retrouve ainsi de nombreux carnets de pèlerins, voyageurs, commerçants itinérants et autres processionnaires, notant à l’avance et très précisément leur chemin pour s’y retrouver une fois sur la route.

Manuscrit dit du “Pèlerin de Bordeaux” dans lequel un voyageur a planifié son itinéraire de Bordeaux à Jérusalem en l’an 333.©Bibliothèque Nationale de France

Bien plus proche de nous, les voyageurs n’ont pas attendu la démocratisation des GPS et encore moins celle des smartphones pour innover en la matière : dès 1987, Toyota commercialise un système d’itinéraires routiers par CD-ROM. Une fois inséré dans l’ordinateur de bord, le logiciel proposait de vous guider vers l’adresse saisie. Certes futuriste, cette innovation coûteuse et pas très pratique d’usage peinera à se généraliser, contrairement aux très nombreux logiciels de cartes routières pour ordinateur de bureau publiés dans les années 90, avant que des services similaires ne fassent leur apparition sur Internet.

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Street Atlas, Black Roads, Trip Maker, En Route : des dizaines de sociétés sortent leur atlas des cartes, routes et chemins et proposent toutes plus ou moins un système similaire : entrer un point de départ et un point d’arrivée, y injecter un certain nombre de paramètres (avec ou sans péage, contournement des villes, etc.) et… Imprimer le résultat sur une bonne grosse pille de papiers tout droit surgi de votre imprimante à jet d’encre flambant neuve.

Intérieur d’une Toyota Crown de 1987 équipée d’un système de navigation par CD-Rom.

Toutes ces techniques pour s’orienter avant l’ère du GPS n’ont évidemment pas disparu : les panneaux sont toujours là, les cartes routières sont désormais totalement intégrées (et actualisées en direct) dans nos smartphones, et les logiciels CD-Rom sont devenus des sites et des applis de calcul d’itinéraire. Tout est plus pratique, et ne nécessite plus de connaître l’art délicat de replier une carte à moitié déchirée avant de la ranger dans la boîte à gants. Une vraie question demeure cependant : et si demain  la technologie GPS disparaissait, arriverait-on encore à reprendre les vieux réflexes et à retrouver notre chemin sans nous perdre lamentablement ?

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