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Barbie : trois moments où la poupée iconique a suscité la polémique

18 juillet 2023
Par Apolline Coëffet
Le film “Barbie” est sorti le 19 juillet au cinéma.
Le film “Barbie” est sorti le 19 juillet au cinéma. ©Warner Bros.

Barbie, le film-évènement signé Greta Gerwig, sort en salles ce mercredi. À cette occasion, revenons sur quelques moments où la poupée à l’univers rose bonbon a créé la polémique.

Née il y a déjà 64 ans, Barbie a toujours endossé un rôle clivant dans la pop culture. Véritable icône féministe pour certains, d’autres soulignent au contraire la dimension prescriptive qu’elle revêt, ses nombreux paradoxes et autres dérives. Pourtant, quels que soient les avis, les polémiques qui ont ponctué son histoire témoignent indéniablement des changements qu’ont connus nos sociétés ces dernières décennies. 

Une poupée née d’un plagiat

C’est à l’aube des années 1960 que Ruth Handler, épouse d’Elliot Handler, cofondateur de Mattel, eut l’idée de concevoir un jouet ayant l’apparence d’une adulte. Lors d’un voyage en Suisse, sa fille réclame une Bild Lilli aperçue en vitrine. Produit dérivé d’une bande dessinée qui raconte l’histoire « d’une jeune fille sexy au passif de call-girl », la poupée mannequin allemande se démarque des autres modèles commercialisés jusque-là. Avec son corps de femme, elle permet à l’enfant de s’amuser à projeter une vie d’adulte. 

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De retour aux États-Unis, la famille décide de développer une réplique de Lilli, dont seul le maquillage connaît quelques changements. Si les acteurs de l’industrie croient peu au potentiel de la poupée et que les parents demeurent sceptiques, Ruth Handler s’obstine à raison. Les enfants adorent ce nouveau jouet vendu à bas coûts : le phénomène Barbie est né.

Très vite, il dépasse même les frontières américaines pour gagner les pays européens dont l’Allemagne ne fait pas exception. Pantois, Rolf Hausser, créateur de Lilli, entreprend d’abord des poursuites judiciaires avant de se résigner à les abandonner. Sa petite société familiale n’a pas les moyens de s’attaquer au géant qu’incarne déjà Mattel.

Des mensurations irréalistes vers l’inclusivité 

Cette poupée représentant une adulte a tout de suite rencontré son public, mais son corps trop parfait serait à l’origine de quelques troubles. D’après une étude britannique, les fillettes de 5 à 8 ans qui jouent à la Barbie ont une vision moins favorable de leur physique que les autres enfants de cet âge.

Il faut dire que ses mensurations sont irréalistes et nimbées de stéréotypes. Certains affirment même qu’elle contribuerait au développement de troubles alimentaires. Un argument difficile à contrer lorsque l’on sait qu’en 1965 étaient vendus des accessoires parmi lesquels figurait une balance qui s’accompagnait de petits livres titrés How to Lose Weight ou Don’t Eat!, soit Comment perdre du poids ou Ne mange pas ! en français. 

En 2016, pour relancer les ventes qui s’essoufflaient et pallier ce problème, Mattel a étoffé son catalogue avec trois nouveaux types de Barbie, présentant des physiques plus variés. Désormais, on retrouve ainsi dans les rayons des poupées « curvy » (« rondes »), « petite » et « tall » (« grandes »).

Dans le prolongement de cette quête d’inclusivité, le géant américain a étendu son offre en proposant notamment des modèles en situation de handicap. Réédition de la poupée en fauteuil roulant, commercialisée pour la première fois en 1998, Barbie avec une jambe prothétique ou, plus récemment encore, atteinte de trisomie 21… « Au fil des ans, la ligne [Barbie Fashionistas] a évolué pour être plus représentative du monde que les filles voient autour d’elles », expliquait alors la marque. 

Des poupées sources de débats

Si cet élargissement des représentations a été bien accueilli pour l’essentiel, d’autres ont toutefois engendré de vifs débats. C’est notamment le cas de la mise en vente, en 2017, d’une Barbie à l’effigie de l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad, première athlète américaine à avoir participé et remporté une médaille aux Jeux olympiques en portant un hijab. Les réseaux sociaux se sont alors vus devenir le théâtre de joutes verbales entre partisans et opposants au port du voile. 

Cinq ans plus tard, les internautes ont discuté de la création d’une autre poupée, intégrée à la collection Barbie Tribute. Cette dernière, lancée en 2021, rend hommage aux personnes que Mattel estime inspirantes et qui exercent une influence sur la société. Ce modèle source de discorde prend cette fois-ci les traits de l’actrice Laverne Cox. Surtout connue pour son rôle dans Orange is the New Black, elle est la première femme transgenre de couleur à avoir obtenu une place aussi importante dans une série télévisée. 

Quelle que soit la perception que nous nous en faisons, en rendant compte des évolutions et des problématiques actuelles, Barbie demeure finalement un miroir de nos sociétés et des enjeux qu’elles portent en elles.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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