Quarante-cinq ans après sa création, l’une des créatures les plus identifiables du cinéma d’horreur et de science-fiction revient hanter nos écrans. La sortie d’Alien : Romulus soulève une question délicate : quels sont les dix meilleurs titres inspirés de la saga ?
Lorsque Ridley Scott réalise le film Alien, le huitième passager en 1979, nous en sommes encore à la préhistoire du jeu vidéo. Concevoir l’adaptation d’une œuvre aussi marquante sur le plan visuel a beau être tentante sur le plan commercial, son idée même exige des efforts d’imagination considérables. Pas seulement de la part des joueurs, mais aussi des développeurs dont la créativité est alors bridée par les limitations techniques de l’époque.
Pas de quoi freiner la motivation du studio Fox Video Games qui, dès 1982 sur Atari 2600, édite un jeu de labyrinthe intitulé sobrement Alien et dans lequel un naufragé de l’espace est poursuivi par des Xénomorphes. Remplacez les fantômes du célèbre Pac-Man par de simples mâchoires sur pattes et vous aurez une idée du concept.
De 1984 à 1987, la plupart des machines de l’époque (Commodore 64, ZX Spectrum, Amstrad CPC, Apple II, MSX, ColecoVision) abriteront à leur tour les Xénomorphes de la franchise horrifique dans des titres archaïques qui ne laisseront pas de souvenirs impérissables aux joueurs.
La technologie ne permet tout simplement pas de transposer l’effroi suscité par les films dans des adaptations dignes de ce nom. Pour réellement gagner en crédibilité, l’immersion devra attendre 1990 et la sortie d’un titre très inspiré de la série Contra/Probotector.
Le plus délirant : Aliens (1990 sur Arcade)
Proposé dans les salles d’arcade dès 1990 par le studio Konami, le jeu Aliens transpose la logique des « run and gun » (jeux de tir à défilement horizontal) dans le contexte du deuxième film de la saga, Aliens, le retour, réalisé par James Cameron. La suite cinématographique prend le parti de miser davantage sur l’action que sur l’horreur, et le jeu opte lui aussi pour des mécaniques de progression primaires et intuitives.
Très lourdement armé pour faire face à une menace xénomorphe innombrable, le joueur accueille ses ennemis avec un arsenal généreux permettant de pulvériser les monstres en un éclair. Question angoisse, on repassera, mais en termes de nervosité, Aliens peut être considéré comme la première déclinaison vraiment valable de la licence. Même si les libertés prises par rapport au film sont nombreuses, le final qui nous donne le contrôle de l’exosquelette motorisé a le mérite de venir clore le jeu en beauté.
Le plus oppressant : Alien 3 (1992 sur Super Nintendo)
Entre les mains du réalisateur David Fincher, le film Alien 3 tranche radicalement avec l’ambiance brutale de son prédécesseur pour se recentrer sur une Ripley aux abois. L’adaptation vidéoludique proposée par Probe Software dans la foulée de la sortie du long-métrage se démarque sensiblement selon les versions.
À l’unanimité, les fans s’accordent à élire en numéro 1 la déclinaison Super Nintendo d’Alien 3, qui bénéficie d’une réalisation graphique et sonore beaucoup plus travaillée, mais aussi d’une structure nettement plus ouverte.
Le joueur y évolue suivant un plan 2D qui tente de reproduire le sentiment de vulnérabilité de l’héroïne, obligée d’utiliser l’environnement du mieux possible pour ne pas se laisser submerger par les Xénomorphes. Loin d’être un jeu facile, Alien 3 possède aussi un côté labyrinthique qui induit une perte de repères assez déroutante tout en se révélant moins dirigiste que les autres jeux d’action des années 1990.
Le plus jouissif : Alien vs. Predator (1994 sur Arcade)
En 1994, on s’éloigne nettement de l’esprit angoissant des films avec Alien vs. Predator, dont l’action se rapproche clairement des routines d’un jeu de combat. Un pari audacieux, mais payant puisque ce titre signé Capcom a marqué de nombreux joueurs en arcade grâce à sa réalisation plutôt soignée. Les proportions imposantes des créatures issues des franchises Alien et Predator profitent d’un luxe de détails vraiment appréciable et l’univers se montre plutôt respectueux des codes du comics original.
La diversité des personnages jouables (humains cyborgs ou chasseurs Predator) face à des aliens déchaînés, ainsi que la possibilité de parcourir le titre jusqu’à trois joueurs en coopération en font peut-être l’adaptation la plus jouissive de la licence. Du moins pour les amateurs d’expériences 100 % « beat’em all » dans la veine de Final Fight. À ne pas confondre avec le titre éponyme en vue subjective sorti la même année chez Atari.
Le plus audacieux : Alien Trilogy (1996 sur PC, Saturn, PlayStation)
Avec Alien Trilogy, la saga tente de s’approprier les codes du FPS (First Person Shooter) dès 1996 sur une trentaine de niveaux inspirés des trois films de la franchise. Acclaim et Probe Entertainment ont fait appel à des techniques encore balbutiantes de motion capture pour apporter un semblant de crédibilité à ce titre assurément immersif.
Ce jeu a ouvert la voie à de nombreuses autres adaptations en vue subjective en s’efforçant de conserver le stress originel des films pour mettre le joueur directement face à ses peurs. Des peurs incarnées par des créatures xénomorphes rudimentaires, mais au comportement saisissant. L’effet n’était peut-être pas encore très au point en 1996, mais l’angoisse était déjà bien palpable et en accord total avec l’esprit des films.
Le plus marquant : Aliens versus Predator 2 (2001 sur PC, Mac)
Encore plus percutant que son prédécesseur sorti en 1999, Aliens versus Predator 2 délivre en 2001 une formule vraiment convaincante en matière de FPS. L’équipe de Monolith Productions est parvenue à concilier la nervosité des jeux de tir en vue subjective et l’atmosphère oppressante des films dans un titre acclamé unanimement par la presse et les joueurs.
La vraie bonne idée du soft est de proposer trois approches radicalement distinctes selon que l’on choisit d’incarner un Marine, un Alien ou un Predator. Non seulement les mécaniques de progression diffèrent grandement, mais les scénarios sont également repensés en fonction de la nature de notre avatar pour coller au mieux à la logique de chacun. Trois ambiances différentes pour un titre qui a en plus le mérite d’offrir une grande variété de modes multijoueurs en ligne, le tout servi par un gameplay impeccable.
Le plus instinctif : Aliens Extermination (2006 sur Arcade)
Nouveau retour dans les salles d’arcade avec un genre qui faisait encore recette en 2006 : le rail shooter. Armés d’un pistolet optique, les joueurs qui se lançaient à la découverte du jeu Aliens Extermination devaient retourner sur la planète LV-426 pour éradiquer définitivement (ou pas) la menace xénomorphe.
Développé par Play Mechanix et édité par Global VR, ce jeu de tir frénétique perd en frayeur ce qu’il gagne en nervosité, délivrant un exutoire assumé tout à fait adapté à la logique de l’arcade. Le jeu Aliens : Armageddon reprendra le flambeau en 2014, mais toujours uniquement en arcade.
Le plus stressant : Aliens: Infestation (2011 sur Nintendo DS)
Enfin un jeu de type « metroidvania » dans l’univers de la saga Alien. S’il est loin d’être le meilleur représentant du genre, Aliens: Infestation a tout de même conquis les possesseurs de Nintendo DS en délivrant une aventure exigeante et respectueuse de l’univers des films.
La mort y est d’ailleurs définitive et tout individu succombant aux assauts des créatures ennemies doit être immédiatement remplacé si l’on veut échapper au fatidique Game Over. Le studio WayForward Technologies a soigné sa copie pour proposer une alternative pertinente aux Metroid en 2D, qui s’étaient eux-mêmes largement inspirés des films de la saga Alien. La boucle est bouclée.
Le plus horrifiant : Alien: Isolation (2014 sur PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, Switch)
On oublie la contre-performance d’un Aliens : Colonial Marines, pourtant très attendu en 2013, pour remettre en lumière l’adaptation la plus flippante de tous les jeux issus de la saga. En 2014, Alien : Isolation replace la peur au tout premier plan en nous rappelant notre statut d’être humain… et de proie.
Atrocement vulnérable face à un Xénomorphe qui nous traque en permanence, nous voilà obligés de ruser, de fuir et de nous cacher pour progresser laborieusement dans des environnements plus claustrophobes que jamais. Une vraie réussite qui démontre que la saga reste avant tout une affaire d’ambiance.
Le scénario a par ailleurs la bonne idée d’imaginer le périple d’une héroïne qui serait la fille d’Ellen Ripley, une quinzaine d’années après le premier long-métrage. Avec ce titre, The Creative Assembly a réussi à réconcilier les fans de la licence avec les adaptations vidéoludiques en exploitant intelligemment la notion de furtivité pour décupler la peur. Le résultat est certes imparfait, mais il rend un bel hommage aux origines de la saga.
Le plus coopératif : Aliens: Fireteam Elite (2021 sur PC, PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One, Switch)
Dans la veine de Left 4 Dead ou de Gears of War, l’action du jeu Aliens : Fireteam Elite nous glisse dans la peau d’une escouade de soldats devant coopérer pour faire face à des hordes d’ennemis. Les Xénomorphes y sont légion et leur férocité justifie l’armement lourd déployé sans vergogne par les héros du jeu.
La notion de compétences et de classes de personnages vient enrichir largement la proposition de ce TPS (jeu de tir à la troisième personne) en faisant de ce titre une adaptation pertinente de l’univers de la franchise, avec un aspect survie très prononcé.
Rien de foncièrement novateur en matière de multijoueur, mais les sensations sont suffisamment immersives pour ne pas entacher l’image de la licence. Les possesseurs de Switch peuvent aussi se le procurer depuis le mois d’avril 2023.
Le plus cérébral : Aliens: Dark Descent (2023 sur PC, PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One)
Loin de détonner, l’idée de transposer l’univers de la saga Alien dans un jeu de stratégie en temps réel avait déjà pris forme en 2003 avec le très oubliable Aliens Versus Predator: Extinction sur PS2 et Xbox. La formule se concrétise enfin de manière beaucoup plus ambitieuse ce 20 juin 2023 sur PC et consoles dans le jeu Aliens: Dark Descent.
Ici, la survie passe nécessairement par la mise au point de tactiques permettant d’endiguer les vagues de Xénomorphes pour gagner du terrain sans finir déchiqueté. À nous d’exploiter intelligemment les talents des membres de l’escouade de Marines que l’on contrôle pour tirer parti de l’environnement en gardant un maximum d’unités en vie.
Plus intéressant encore, la préservation de la santé mentale de nos effectifs est également à prendre en considération pour ne pas voir nos unités se comporter de manière totalement erratique sous l’effet de la panique. La mort y est définitive et les ressources sont loin d’être inépuisables, ce qui rend nos choix particulièrement cruciaux.
Il faut également profiter des phases d’intermissions pour investir dans la recherche afin d’optimiser notre équipement et renforcer les talents de nos unités. Signé par le studio français Tindalos Interactive, Aliens: Dark Descent met tout en œuvre pour nous faire ressentir le poids des responsabilités qui pèsent sur un leader digne de ce nom, ce qui colle tout à fait à l’esprit de la saga.
Note : présentée suivant l’ordre chronologique des sorties, cette sélection n’est pas un classement, mais une mise en avant des adaptations d’Alien qui méritent le plus l’attention des fans. Elle comporte évidemment une part de subjectivité.