La projection attendue de la production HBO n’a pas failli à sa réputation sulfureuse. On fait le point sur ces retours partagés.
L’histoire ne retiendra peut-être que le parfum de scandale l’ayant entouré, oubliant qu’il s’agissait surtout d’une grande première pour une série télévisée. La diffusion des deux premiers épisodes de The Idol au Festival de Cannes, temple absolu du cinéma, avait déjà tout d’un fait hors du commun. Portée par le duo Lily-Rose Depp et The Weeknd, la série décrit de façon très crûe la relation entre une star de la pop déchue et son futur gourou rédempteur auto-proclamé.
The Idol a divisé, après avoir pourtant enregistré cinq minutes de standing ovation au terme de sa projection. Tombées outre-Atlantique notamment, les premières critiques sont plutôt acerbes, fustigeant le show pour être devenu ce qu’il cherche à dénoncer, objetisant Depp de façon évidente.
Souffre et douleurs
Scènes provocatrices à répétition à la limite du « torture porn » et sexe d’une crudité exacerbée au détriment de toute velléité d’érotisme ont douché les espoirs du Hollywood Reporter. Leur critique dénonce en effet un résultat « plus régressif que transgressif ». De son côté, Vanity Fair y voit un « fantasme masculin sordide » qui ne tient pas sa promesse de montrer les coulisses du show-business, invitant plutôt nombre de clichés et de provocations gratuites. Le cocréateur du show The Weeknd parait tout-puissant, face à une Depp sous emprise.
A contrario, le site Deadline semble attendre les prochains épisodes, donnant de l’importance à la suite du show pour confirmer de supposés liens de parenté flatteurs, vers De Palma ou Verhoeven. De façon générale, seule la performance de Depp, durant les (très) rares scènes où elle apparaît habillée et concentrée sur la psyché de son personnage, trouvent grâce aux yeux de toutes les critiques.
Au cœur des polémiques
La série imaginée par Sam Levinson (Euphoria) a donc été accueillie de façon pour le moins mitigée. Les applaudissements du public, sans doute biberonné aux séries TV, sont-ils liés au caractère exagéré du spectacle proposé ? Depuis l’escalade offerte par le format, avec Nip/Tuck (2003), Californication (2007) ou même Game of Thrones (2011), difficile de voir dans cet exercice un véritable sens en 2023. Paradoxal, aussi, de voir le père de l’actrice au centre de polémiques, pendant que sa fille, elle, surfe sur des problématiques proches pour sa promo.
Pour rappel, des films pourtant moins explicites avaient déclenché des tempêtes cannoises, comme Sous le Soleil de Satan (1987), Irréversible (2002) ou tout récemment Mektoub, my love: Intermezzo (2019). Il faudra cependant attendre le 5 juin prochain, sur le pass Warner de Prime Video, pour s’en faire sa propre idée. Comme un public « averti » en vaut deux, parait-il, vous serez parés à toute éventualité.
