Le danseur et chorégraphe Pierre Lacotte est décédé ce lundi à l’âge de 91 ans. Il avait dédié sa vie à la redécouverte des ballets oubliés.
La danseuse étoile Ghislaine Thesmar a annoncé ce lundi le décès de son époux, le danseur et chorégraphe français Pierre Lacotte. Victime d’une septicémie provoquée par l’infection d’une plaie, il s’est éteint dans une clinique du Var, à l’âge de 91 ans. Son épouse raconte que l’artiste était en train d’écrire un livre, et qu’il avait “beaucoup de projets pour des compagnies”. Considéré par ses pairs comme un “archéologue du ballet”, Pierre Lacotte a dédié sa vie à la reconstitution de créations du XIXe siècle, afin de les recréer pour les plus grandes compagnies. Sa dernière création restera l’adaptation du Rouge et le Noir de Stendahl, pour l’Opéra de Paris en 2021.
Exhumer les ballets oubliés
Né en 1932 en région parisienne, le jeune Pierre Lacotte intègre l’école de l’Opéra à l’âge de dix ans malgré une santé fragile, puis devient premier danseur en 1951. Après sa démission de l’Opéra, il fonde la Compagnie des ballets de la Tour Eiffel et devient indépendant dès 1959. En 1961, il participe à la défection du célèbre danseur soviétique Rudolf Noureev lorsque celui-ci échappe au KGB à l’aéroport du Bourget. Après une blessure qui le tient éloigné de la scène, il commence à s’intéresser à d’anciens ballets, rares ou oubliés, et monte La Sylphide, premier ballet à pointes de 1832. Suivront alors les mises en scène de Coppélia (1870), Les Pas de la vivandière (1844), La Fille du pharaon (1862) ou encore Paquita (1846).
Reconnu pour faire vivre la mémoire du ballet, il occupe les plus grandes scènes du monde, du Bolchoï à l’Opéra de Paris. Amoureux de la période classique et romantique mais ne négligeant jamais le moderne, il devient professeur à l’Opéra de Paris en 1972 où il enseigne l’adage, forme de danse caractérisée par des mouvements amples sur des tempos lents. Son adaptation de La Sylphide en 1972 est diffusée à la télévision le 1er janvier, alors que la France inaugure le passage à la couleur.
« J’adore fouiller dans les archives de la bibliothèque-musée de l’Opéra, je me sens comme un enfant qui découvre les lettres de ses grands-parents au grenier », confiait Pierre Lacotte à La Croix quand on l’interrogait sur son amour des ballets oubliés.