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À Vienne, un musée incline ses tableaux pour sensibiliser au dérèglement climatique

27 mars 2023
Par Apolline Coëffet
Le musée Leopold de Vienne a décidé de sensibiliser le grand public au changement climatique.
Le musée Leopold de Vienne a décidé de sensibiliser le grand public au changement climatique. ©Shutterstock

Les conservateurs du musée Leopold de Vienne ont pris une initiative aussi inattendue que marquante. Afin de sensibiliser le grand public à l’urgence du dérèglement climatique, ils ont décidé d’incliner quinze tableaux de quelques degrés.

Main dans la main avec l’agence créative autrichienne Wien Nord Serviceplan, le musée Leopold de Vienne a mis en œuvre « A Few Degrees More ». Imaginée en réponse à une opération coup de poing, menée il y a quelques mois par des militants écologistes, l’initiative vise à donner à voir les effets du réchauffement climatique de manière détournée. Dans ce cadre, les conservateurs des lieux ont décidé d’incliner quinze tableaux de l’exposition Vienna 1900. Birth of Modernism.

Selon les experts en climat de l’ONU, d’ici la fin du siècle, la température mondiale annuelle devrait augmenter de 2,7°C et pourrait entraîner la disparition de certains paysages, dont certains dépeints dans les œuvres exposées. Signées Gustave Courbet, Tina Blau, Gustav Klimt, Koloman Moser ou Egon Schiele, les toiles représentent divers espaces naturels, desquels figurent le lac Attersee en Haute-Autriche, les Alpes et la côte atlantique, soit des environnements à l’avenir incertain. L’inclinaison de chaque œuvre correspond au nombre de degrés que pourraient prendre ces territoires. 

L’influence des institutions culturelles

En novembre dernier, des activistes écologistes avaient aspergé d’un liquide noir La Vie et la Mort, une toile de Gustav Klimt conservée au sein du musée viennois. Derrière cette action qui avait fait couler beaucoup d’encre, les militants entendaient dénoncer les dangers qui gravitent autour des énergies fossiles et, plus particulièrement, un partenariat qui liait l’institution au géant pétrolier OMV. 

Multiplication des vitres devant les toiles, renforcement de la surveillance dans les salles et des contrôles à l’entrée… Hans-Peter Wipplinger, directeur du musée, avait condamné cette opération, regrettant une mauvaise méthode qui avait engendré de nombreux coûts supplémentaires tandis que les primes des assurances ont été revues à la hausse.

« Les musées remplissent en soi un rôle durable dans la société en conservant le patrimoine culturel pour les générations futures et en l’enseignant. Ils se considèrent comme des espaces d’inspiration et de réflexion sur notre être et ont donc le potentiel d’influencer positivement nos actions futures en rendant les phénomènes sociétaux plus visibles. En ce sens, nous sommes solidaires des objectifs du mouvement pour le climat », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Conscient de l’influence que peuvent jouer les institutions culturelles dans ce type de problématiques, Hans-Peter Wipplinger a donc décidé d’agir à sa façon. Les œuvres inclinées s’accompagnent de cartels expliquant les raisons de leur nouvel accrochage, perturbant au premier abord. Elles dispensent également des conseils qui encouragent les visiteurs à les sensibiliser face à l’urgence du dérèglement climatique et à changer leurs habitudes.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste