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Babymetal, Dethklok… Les formations insolites du metal

28 mars 2023
Par Edouard Lebigre
“The Other One” est le quatrième album du groupe de metal/idol Babymetal.
“The Other One” est le quatrième album du groupe de metal/idol Babymetal. ©Stewart Marsden/Shutterstock

À l’occasion de la sortie du nouvel album de Babymetal, retour sur cinq groupes de metal aux concepts pour le moins particuliers.

Genre musical né dans les années 1970 avec des pionniers comme Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath, le heavy metal a depuis explosé en une myriade de sous-genres, s’inspirant de différents styles pour créer des recettes nouvelles. Du death (Morbid Angel, Cannibal Corpse) au black (Mayhem, Emperor) en passant par le thrash (Metallica, Slayer), le metal offre un grand nombre de déclinaisons, couvrant ainsi toutes les possibilités offertes par la musique extrême. En explorant près de 50 ans de metal, on peut ainsi trouver des propositions improbables, du mélange insolite (le pirate metal d’Alestorm) à la pure plaisanterie (Ultra Vomit et Nanowar of Steel). Retour sur cinq formations étonnantes du heavy metal, allant du groupe de collégiennes japonaises au projet metal d’un acteur octogénaire…

1 Babymetal

Concept 100 % japonais, le phénomène de « l‘idol » est une des formes de divertissement les plus populaires en Asie. Avec près de 3 000 groupes actifs, la naissance de ces groupes composés de très jeunes filles (souvent collégiennes) remonte aux années 1960, inspiré par les yé-yés français comme Sylvie Vartan. Jouant à fond la carte du Kawaii, la mignonnerie innocente des productions nippones, les groupes d’idol deviennent très populaires avec des chorégraphies et des chansons travaillées. En 2010, l’idée de créer un groupe metal d’idols amène à la naissance de Babymetal, un groupe japonais composé de trois jeunes filles accompagnées de musiciens professionnels.

Véritable sensation à sa sortie, le premier album éponyme du groupe propose le mélange insolite entre death et heavy metal, contrastant avec l’attitude et la voix mignonnes de Su-Metal, Moametal et Yuimetal, les trois fillettes de Babymetal. Plus qu’une simple plaisanterie, Babymetal enregistre trois albums ultra-efficaces, dont le troisième, Metal Galaxy, atteindra la première place du palmarès des albums rock, selon le magazine Billboard, en 2019. Mais plus qu’un simple groupe studio adepte du mélange de genres entre la J-Pop et le heavy metal, les trois idols épatent par leurs concerts, véritable shows rodés où les chorégraphies s’exécutent dans la plus grande tradition des idols, malgré les grosses guitares qui les accompagnent. Désormais en duo depuis le départ de Yuimetal, Babymetal a dévoilé son nouvel album The Other One, le 24 mars 2023.

2 Christopher Lee

Depuis la publication de la trilogie du Seigneur des Anneaux entre 1954 et 1955, l’univers créé par J.R.R. Tolkien a toujours été une grande source d’inspiration pour les groupes de rock et de metal. Seul acteur à avoir un jour rencontré l’auteur britannique, Christopher Lee n’a jamais caché son amour pour le heavy metal. L’interprète du magicien Saroumane dans l’adaptation de Peter Jackson commence à collaborer avec le groupe de metal symphonique italien Rhapsody of Fire en prêtant sa voix à certains passages parlés des albums Symphony of Enchanted Lands II – The Dark Secret (2004) et Triumph or Agony (2006).

Alors âgé de 87 ans, l’acteur anglais décide de lancer son propre projet en 2010, Charlemagne: By the Sword and the Cross, un album concept situé entre le metal et le livre-audio, racontant l’histoire du roi Charlemagne. Summum du kitsch métallique, l’album est un échec critique et donnera lieu à une suite trois ans plus tard, Charlemagne: The Omens of Death (2013), peut être encore plus ridicule que le premier. Néanmoins, cette incursion musicale semble n’avoir jamais entaché la réputation de l’interprète de Dracula auprès d’un public de métalleux idolâtrant cette figure intemporelle du cinéma fantastique.

3 Gwar

Difficile de ne pas rire en imaginant un festivalier découvrant sur scène le groupe Gwar, se demandant à quel moment les méchants de Power Rangers ont fondé un groupe de metal. Né en 1984, le groupe de thrash se crée une mythologie inspirée par la science-fiction. Les membres du groupe seraient issus d’un peuple barbare de guerriers intergalactiques, arrivés sur Terre pour conquérir notre planète. Avec des costumes improbables inspirés des films d’horreur, Gwar propose des concerts à l’iconographie violente dans une ambiance grand-guignolesque, les performances se terminant souvent par le jet de différentes substances sur le public.

Figure du « shock-rock », le groupe apparaît régulièrement dans les médias traditionnels, critiquant l’effet négatif de Gwar sur la jeunesse. Adepte de la provocation, le bassiste et fondateur Dave Brockie n’hésite pas à surenchérir en interview (toujours en costume) et à aller toujours plus loin, organisant même la fausse décapitation de plusieurs personnalités publiques sur scène. Malgré le côté humoristique de sa musique, Gwar reste un très bon groupe de metal, livrant au fil des ans de bonnes surprises comme Scumdogs of the Universe en 1990 et Violence has Arrived en 2001.

4 Cesare Bonizzi

S’il n’est pas rare de trouver de très bons groupes de metal ouvertement chrétiens, difficile de faire plus sacré que le groupe Fratello Metallo. Né en 1946 en Lombardie, le père franciscain Cesare Bonizzi entre dans les ordres en 1975, avant de devenir émissaire en Côte d’Ivoire. Devenu prêtre à son retour en 1983, il assiste à un concert de Metallica dans les années 1990 et connaît l’illumination. Le père Bonizzi fonde alors Fratello Metallo, persuadé que la musique extrême peut être utilisée pour prêcher la bonne parole.

Performant toujours dans un habit traditionnel franciscain, l’homme d’église donne des dizaines de concerts, chantant l’amour de Dieu avec l’appui d’une formation classique de metal pour l’épauler. « Le metal est le langage le plus profond, énergique et vital que je connaisse », explique Cesare Bonizzi. En 2008, lors de la sortie de l’album Misteri, il déclare avoir inventé le « Metrock », un genre musical qui puise son inspiration dans la christianisme. Lassé de sa vie de « star », il met fin au projet avant de se retirer dans un couvent de la campagne milanaise. Si la discographie de Fratello Metallo comporte peu de vraies bonnes idées, le mélange fonctionne sur certains titres, comme sur l’entêtant Vita.

5 Dethklok

Résumé à tort comme un « Gorillaz du metal », le projet Dethklok a une origine bien différente de celle du groupe de Damon Albarn. Groupe fictif de la série à succès d’Adult Swim Metalocalypse (2006), Dethklok est à la base une caricature du groupe de metal vivant dans une grande forteresse et dont les membres sont incapables de faire autre chose que de la musique. Devant le succès grandissant de la série, les auteurs décident de pousser le concept encore plus loin jusqu’à l’enregistrement d’un premier opus, The Deathalbum en 2007. Avec l’intention d’enregistrer un vrai album de death metal, le créateur Brendan Small joue de presque tous les instruments et fait appel au batteur de Fear Factory, Gene Hoglan.

Comme Gorillaz, les membres du groupe restent fictif, comme le chanteur Nathan Explosion et le bassiste William Murderface. L’album obtient le meilleur classement au Billboard pour un album de death metal, avant d’être détrôné par sa suite, The Dethalbum 2 (2009). Deathklok partira même en tournée, cette fois-ci avec des vrais musiciens, et continue de tourner aujourd’hui. La trilogie Dethalbum (le dernier opus étant sorti en 2012), reste une excellente surprise et une bonne porte d’entrée pour quiconque voudrait découvrir le death metal d’une façon plus légère.

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