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À contre-courant, ces jeunes qui font le choix de renoncer au smartphone (et le vivent bien)

13 novembre 2022
Par Pierre Crochart
À contre-courant, ces jeunes qui font le choix de renoncer au smartphone (et le vivent bien)
©Ground Pictures/Shutterstock

On les pense à tort ultra connectés, mais certains membres de la génération Z font de la résistance contre les écrans.

À en croire la dernière étude de data.ai, on passe entre 4 et 5h par jour devant l’écran de son smartphone. Pour les 7-25 ans, on serait exactement à 3h50 en moyenne par jour d’après le Centre National du Livre. Mais ils et elles sont de plus en plus nombreux à mettre le holà et à se déconnecter… totalement.

Une déconnexion revendiquée

À l’heure où la popularité de TikTok explose et que YouTube enregistre une fréquentation record ; que l’on trouve davantage de streamers et de streameuses sur Twitch et que BeReal repense les usages du réseau social, des jeunes coupent le cordon.

Business Insider est parti à la rencontre de Lola Shub, un lycéenne qui se décrit elle-même comme une « screenager » – comprendre une ado accro aux écrans. Pourtant, elle a rejoint le Luddite Club. Un cercle de lecteurs et de lectrices new-yorkais qui n’a qu’une règle : aucun smartphone n’est admis. Défi accepté pour Lola Shub, qui a joué le jeu jusqu’au bout : en troquant son iPhone pour un feature phone. Un bon vieux téléphone à clapet.

Depuis, l’adolescente confesse être plus créative, plus concentrée, et bien entendu avoir plus de temps pour lire. « Si j’ai un message à faire parvenir à mes confrères et consœurs adolescentes, c’est celui-ci : passez du temps à essayer de vous connaître et à explorer le monde qui vous entoure. C’est bien plus enrichissant – et plus réel – que celui que vous explorez depuis votre petite boîte très chère. »

Un succès modeste mais réel pour le « rétrophoning »

Comme Lola Shub, d’autres ont fait le choix de ne pas emprunter le chemin du smartphone et de la connexion perpétuelle. Pour Timothé, les réseaux sociaux, les profils en ligne « ne sont que le fruit de ce que chacun veut montrer de lui ». Ce jeune homme de 19 ans explique à l’Éclaireur avoir troqué son smartphone haut de gamme pour un téléphone à touches après qu’un ami l’a endommagé. « Le besoin changement étant déjà en train d’opérer en moi », se justifie-t-il, satisfait de son nouveau téléphone qui, selon lui, « remplit à merveille la seule utilité d’un téléphone : contacter des connaissances en cas de besoin. »

Nokia a récemment relancé son téléphone de légende : le 3310.

Derrière ce phénomène de société encore assez modeste se cache un marché en inexorable chute depuis 2014. D’après les chiffres de Statista, le segment des « feature phones » comme on les appelle représente 1,48 milliard de dollars en 2022 (c’est plus de 481 milliards pour les smartphones). En tête de pont, on trouve le Finlandais Nokia qui, assez discrètement, continue de sortir des téléphones « à l’ancienne » comme le 8710 ou, plus récemment, le 5710 Express Audio.

Toutefois les prévisions des analystes ne laissent pas imaginer un regain d’intérêt plus marqué pour ce type d’appareil low tech. Une mode donc, qui a ses adeptes et qui leur permet de trouver un certain équilibre dans leur vie. Inoffensif et rassurant, au sens où ces mobiles permettent, même temporairement, d’échapper aux atermoiements de la vie numérique tout en restant joignables en cas d’urgence.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste