L’application de messagerie Telegram s’est vue condamner à verser une amende de 5,125 millions d’euros à l’Allemagne pour non respect des lois du pays.
L’application russe de messagerie sécurisée sur mobiles était depuis plusieurs mois sous la menace de sanctions par le gouvernement fédéral allemand. Cette amende n’est qu’une première étape avant des sanctions possiblement plus lourdes.
Telegram refuse de se plier à la loi allemande
L’entreprise créée par Pavel et Nikolaï Dourov va devoir rendre des comptes à l’Allemagne pour avoir laissé proliférer les discours de haine et complotistes sur la plate-forme. Selon les lois du pays, les services de messagerie doivent mettre en place des méthodes de signalement de contenus haineux auprès des autorités. Elles doivent également nommer une entité, sur place en Allemagne, capable de recevoir en leur nom toute communication officielle. Telegram n’avait rien mis en place.
Le communiqué partagé par l’Associated Press indique également que le gouvernement a tenté de joindre plusieurs fois l’entreprise basée à Dubaï, en vain, malgré l’aide des autorités des Émirats arabes unis. Si Telegram a depuis engagé un cabinet d’avocats allemand pour les représenter, cela n’est pas suffisant pour la justice, qui a condamné l’entreprise à payer 5,125 millions d’euros d’amende.
Une situation qui aurait pu être évitée
À cause de son histoire sombre, l’Allemagne est un des pays d’Europe avec le plus grand nombre de lois sur la liberté d’expression. Les discours haineux sont particulièrement scrutés et peuvent amener la personne qui les prononce directement en prison. Le pays n’exclut pas les réseaux sociaux et les observe même d’encore plus près. Une surveillance accrue avec la crise du COVID-19 et les discours complotistes qui en ont résulté. L’utilisation de Telegram en Allemagne a fortement augmenté ces dernières années et le gouvernement a demandé à plusieurs reprises à l’application de supprimer les groupes de discussions anti-vaccin ou complotistes. Des demandes restées sans réponse par l’entreprise qui prône une liberté totale d’expression.
Après avoir découvert des groupes de discussions remplis de menaces de mort à l’encontre d’élus pro-vaccins en début d’année, le gouvernement a rappelé une nouvelle fois à l’ordre Telegram, brandissant alors la menace d’une amende et même d’un bannissement si rien n’était fait. Voilà donc une première étape de franchie, commentée directement par le ministre de la justice Marco Buschmann.
« Les opérateurs de services de messagerie et de réseaux sociaux portent une responsabilité particulière dans leurs actions contre l’incitation à la haine et à la violence sur leurs plates-formes. Ces obligations légales et cette responsabilité ne peuvent être ignorées en étant injoignable. »