Sous la pression du FBI, Apple aurait renoncé à laisser les utilisateurs d’iPhone chiffrer entièrement les sauvegardes iCloud. Le bureau fédéral craint que cette mesure ne nuise à ses enquêtes, révèle l’agence Reuters.
Apple se positionne en défenseur de la vie privée depuis plusieurs années et cette affaire pourrait écorner son image. L’agence Reuters révèle que la firme de Cupertino a renoncé au chiffrement de bout en bout des sauvegardes iCloud sous la pression du FBI. Le bureau fédéral craignait que cette mesure nuise à ses enquêtes, en ne lui permettant plus d’accéder aux données d’un appareil iOS. Ces dernières années, Apple s’est publiquement opposé à plusieurs reprises au FBI.
La firme de Cupertino avait refusé d’aider l’agence gouvernementale dans l’enquête sur la tuerie de San Bernardino. Le FBI avait finalement dû se résoudre à payer 900 000 dollars pour déverrouiller l’iPhone, faisant appel aux outils de la société Cellebrite. Du côté de de la société de Tim Cook, on vantait les bienfaits du chiffrement et le risque de créer un « précédent dangereux » en mettant au point un outil capable d’accéder aux données chiffrées. La protection des données est depuis devenue un argument marketing pour Apple et l’ensemble des GAFAM tentent de rassurer les utilisateurs.
Dans l’ombre, la marque à la pomme aurait pourtant décidé de faire un compromis en coopérant avec les services de sécurité et de renseignements. Soucieuse de soigner son image et de s’ériger en chevalier blanc du respect de la vie privée, Apple avait informé le FBI « il y a un peu plus de deux ans » de son projet de chiffrement des données sur iCloud. L’agence Reuters assure que ce dernier ne prévoyait pas qu’Apple conserve un double des clés de déchiffrement, ce qui avait pour effet de rendre les données irrécupérables. Le FBI voyait d’un mauvais œil cette option et a exprimé ses « réserves dans le cadre de discussions privées », nous apprend Reuters. Apple aurait finalement décidé d’abandonner son projet de chiffrement iCloud et de ne pas rendre sa décision publique. « L’aspect juridique l’a tué, pour des raisons que vous pouvez imaginer », explique un ancien employé d’Apple, arguant que la firme ne voulait se voir reprocher de protéger des criminels.
Cette affaire intervient alors que le FBI a officiellement demandé à Apple de déverrouiller deux iPhone suite à l’attaque de Pensacola. Le mois dernier, un officier saoudien avait tué trois personnes et blessé huit autres sur la base navale de Pensacola, en Floride. Le géant américain s’est une nouvelle fois montré peu enclin à coopérer, s’attirant les foudres de Donald Trump. Le président américain avait reproché à Apple de s’opposer au déverrouillage des appareils utilisés par « des tueurs, des trafiquants de drogue et d’autres criminels violents ». L’entreprise basée à Cupertino a finalement décidé de remettre les sauvegardes iCloud et le FBI a pu accéder aux données de l’iPhone 11 Pro ciblé en utilisant un boîtier GrayKey.
L’image d’Apple est écornée
Pour Apple, cette affaire n’a rien d’une polémique et rappelle surtout que les sauvegardes iCloud peuvent être déchiffrés. Néanmoins, la décision de ne pas tenir tête au FBI et de renoncer à son projet pourrait entacher l’image de champion de la vie privée du géant californien. À noter qu’une distinction doit être faite entre les sauvegardes iCloud et le fait de stocker des informations sur son iPhone (local). Si la firme américaine peut accéder aux données transitant sur son service dans le cloud, les sauvegardes chiffrées localement sur un iPhone sont officiellement inaccessibles à Apple, aux pirates ou au FBI. À moins d’utiliser un outil tiers pour contourner cette protection…