Un peu plus d’un mois après l’annonce du rachat de Fitbit par Google, le département de la Justice américain et la Commission fédérale du commerce ont décidé d’ouvrir une enquête. Ils s’inquiètent de voir Google mettre la main sur des millions de données santé d’utilisateurs.
Google a marqué les esprits début novembre en officialisant le rachat de Fitbit pour 2,1 milliards de dollars. La fusion doit permettre aux deux acteurs de se relancer sur le marché des wearables, aujourd’hui dominé par Apple. Spécialiste des montres et bracelets connectés, Fitbit peine à suivre la croissance effrénée ce marché, tandis que Google est surtout présent avec ses outils Wear OS et Fit. Cette acquisition doit ainsi lui permettre de récupérer le savoir-faire de Fitbit en vue de proposer une nouvelle gamme d’appareils Made by Google. La firme californienne met aussi et surtout la main sur de nombreuses données de santé des utilisateurs, comme nous l’expliquions il y a quelques semaines.
Plus encore que la nécessité d’entrée dans la bataille des wearables – un marché à fort potentiel – Mountain View a l’occasion de développer des objets connectés dans la santé. Le sujet intéresse fortement les GAFAM et cela inquiète les régulateurs américains. Selon le New York Post et Reuters, la Commission fédérale du commerce (FTC) et le département de la Justice américain (DOJ) ne voient pas forcément d’un bon œil ce rapprochement. Les deux agences redoutent que ce rachat ne donne à Google accès à encore plus de données personnelles, et plus particulièrement des données de santé qui figurent parmi les plus sensibles. Elles ont décidé d’ouvrir une enquête pour examiner ce rachat, une pratique courante qui vient s’ajouter aux alertes lancées par plusieurs groupes de défense d’intérêts des consommateurs.
Les données de santé sont au cœur des préoccupations
Public Citizen et Center for Digital Democracy ont notamment demandé le blocage de cette fusion. « Si cette acquisition est approuvée (…), Google consolidera encore son monopole sur les services basés sur Internet », écrivent-ils dans une lettre adressée à la FTC. Ces organismes ajoutent : « Google occupe déjà une position dominante sur le marché numérique, les données relatives à la santé sont essentielles pour l’avenir de ce marché, et les préoccupations en matière de protection des données découlant de l’acquisition auront de profondes conséquences, notamment une érosion dramatique de la vie privée des consommateurs ».
Déjà critiqué pour sa politique en matière de vie privée, Google a tenté de rassurer lors de l’annonce du rachat de Fitbit. La firme a en effet indiqué qu’elle ne vendrait « jamais d’informations personnelles » et que « les données sur la santé et le bien-être Fibit ne [seraient] pas utilisées pour les annonces Google ». En Europe, la CNIL rappelle que les données de santé sont considérées comme des données sensibles par le RGPD.