Le développement de la 5G s’accélère et cela ne se fait pas sans inquiétudes. Cette nouvelle technologie réduirait les capacités des services de sécurité européens à identifier et localiser les mobiles, rapporte le site Le Monde.
La 5G inquiète l’Europe et pas seulement à cause des déboires de Huawei. La situation du leader de la 5G inquiète un Vieux Continent partagé entre les pressions américaines et des réalités économiques. Le fait de se passer de Huawei pour le déploiement des réseaux 5G pourrait en effet avoir de lourdes répercussions. Dans un rapport de la GSMA (association regroupant les grands acteurs de la téléphonie mobile) que Le Figaro indique avoir consulté, on apprend que l’absence du géant chinois entraînerait un surcoût de 55 milliards d’euros. De plus, l’Union européenne pourrait accuser un retard de 18 mois dans le déploiement de cette nouvelle technologie. Toutefois, les soupçons d’espionnage pour le compte de Pékin qui pèsent sur Huawei continuent de faire hésiter les pays européens.
Les responsables européens n’ont pas encore tranché sur cette question et doivent faire face à d’autres menaces. Un rapport de Gilles de Kerchove, coordinateur de la politique antiterroriste de l’Union européenne, met en lumière le risque de voir la 5G réduire les capacités des services de police et de renseignements européens à identifier et localiser les smartphones. Le Monde, qui a pu lire ce document, rapporte que le développement de cette technologie « pourrait singulièrement compliquer, voire rendre impossibles, les actuels repérages de communications, écoutes et localisations, outils indispensables dans la lutte contre les criminels et les terroristes ».
Les inquiétudes autour de la 5G ne sont pas récentes et « crée[ent] la panique chez les officiels chargés de la sécurité parce qu’elle pourrait réduire dramatiquement leur capacité à mener des « interceptions légales », plus connues sous le nom d’écoutes téléphoniques », indique une récente étude de Statewatch. Ces craintes s’expliquent notamment par la capacité du réseau mobile du futur à freiner l’identification et la localisation des appareils mobiles. Le chiffrement rendrait impossible la lecture de l’IMSI (International Mobile Subscriber Identity), un numéro unique stocké dans la carte SIM qui permet à un réseau de téléphonie mobile d’identifier un utilisateur.
L’Europe aimerait une 5G moins sécurisée
Autre obstacle pour les services de sécurité, la 5G rendrait les intercepteurs d’IMSI inefficaces, indique le site autrichien ORF. Les IMSI-catcher sont des appareils de surveillance utilisés pour intercepter les communications mobiles ou pister des utilisateurs. Dans son rapport, Gilles de Kerchove indique que la 5G aura des procédures d’authentifications « strictes »et pourra détecter « les fausses stations de bases » qui servent aujourd’hui de leurres aux enquêteurs. Un élément qui « rendra plus difficile pour les forces de l’ordre d’enquêter via interception légale sans être détecté ».
Ces changements s’expliquent par la sécurité et l’architecture décentralisée des futurs réseaux 5G. Face à ces craintes, l’Europe souhaiterait ajouter des failles de sécurité dans la future norme de communication mobile. Ces mesures visent à redonner du pouvoir aux services de sécurités et faciliter la surveillance. Toutefois, elles impliqueraient une modification du standard 5G et relanceraient le débat autour de la protection des données.