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Harcèlement en ligne et désinformation sur Twitter : Jack Dorsey évoque un « énorme échec »

14 février 2019
Par Thomas Estimbre
Harcèlement en ligne et désinformation sur Twitter : Jack Dorsey évoque un "énorme échec"

Le fondateur et PDG de Twitter a fait le point sur la situation de son réseau social lors d’une interview sur le site de microblogging. Des réponses sous forme de tweets pour évoquer les différents problèmes qui touchent Twitter.

Au centre des critiques, Twitter doit faire face à de nombreuses difficultés ces dernières années. Le réseau social est, comme Facebook, accusé de « laxisme » face à la prolifération de fausses informations, mais aussi de faciliter la propagation de la cyberhaine en ne luttant pas assez efficacement contre le cyberharcèlement (harcèlement en ligne). Le petit oiseau peine aussi à venir à bout des bots et trolls qui participent à la diffusion de fake news ou messages haineux.

Dernièrement, l’affaire de la Ligue du LOL a rappelé que les moqueries, insultes, menaces ainsi que les harcèlements à caractère sexiste, homophobe ou raciste font partie du quotidien de Twitter. Jack Dorsey, fondateur et PDG de l’entreprise, connaît les problèmes de sa plateforme et son site multiplie les actions, en particulier envers les comptes douteux. Le patron du réseau social a profité d’une interview sous forme de live-tweet pour faire le point sur la situation et les problèmes de Twitter.

 © Pixabay
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Le concept était audacieux et le face à face intéressant puisque Jack Dorsey a répondu aux questions de Kara Swisher, collaboratrice du New York Times et cofondatrice de Recode. Réputée pour être « l’une des journalistes les plus féroces de l’industrie » et surnommée la « grumpy lady of tech » (la dame grincheuse de la tech), la journaliste américaine a, d’emblée, posé des règles claires. « J’aimerais avoir des réponses très précises (…) comme @ashleyfeinberg l’a écrit : « demandez-lui [à Jack Dorsey] un exemple clair et sans ambiguïté de quoi que ce soit, et Dorsey se ferme », explique-t-elle via le hashtag #KaraJack, rappelant au passage qu’il ne s’agissait pas d’une opération de communication de la part de Twitter.

« Il n’est vraiment pas facile de suivre une conversation », admet Jack Dorsey

L’interview en temps réel était accompagnée des habituels questions et commentaires d’autres utilisateurs, rendant l’échange difficile à suivre. Jack Dorsey a d’ailleurs lui-même reconnu qu’il est toujours difficile d’avoir une conversation productive et sans interruption sur sa plateforme. À la fin de l’entretien, il a ainsi tweeté : « Ce thread [fil] était dur [à suivre]. Mais il faut qu’on apprenne à le réparer. Il faut faire en sorte que cela soit beaucoup plus cohérent et plus facile à suivre. C’était extrêmement difficile ».

Cet échange était aussi et surtout l’occasion d’évoquer les problèmes qui touchent Twitter, même si le fait d’être limité à 280 caractères ne permet pas de proposer des réponses argumentées. Jack Dorsey a reconnu que les sociétés de la Silicon Valley, y compris la sienne, n’avaient pas fait suffisamment pour protéger les victimes d’abus en ligne (cyberharcèlement, comportement toxique…) qualifiant cela d’« énorme échec ». Comme le rapporte Reuters, Dorsey a tweeté qu’il se donnerait la note de « C » en matière de « responsabilité technique ».

« Nous avons fait des progrès, mais les choses ont été dispersées et pas assez ressenties », a-t-il tweeté en réponse aux questions de Swisher. « Changer l’expérience n’a pas été assez significatif. Et nous avons mis le fardeau le plus lourd sur les victimes d’abus (c’est un énorme échec) ». Le PDG de Twitter a précisé qu’il n’aimait pas la façon dont sa plateforme incitait au scandale, aux réflexions à court terme, aux chambres d’écho et aux conversations fragmentées. Il a ajouté que le manque de diversité au sein de l’entreprise n’avait pas aidé à combattre de tels problèmes. « Nous avons fait quelque chose [Twitter] avec une seule intention. Le monde nous a montré comment il voulait l’utiliser. Beaucoup de choses ont été géniales. Beaucoup de choses ont été inattendues. Beaucoup de choses ont été négatives. Nous n’étions pas assez rapides pour observer, apprendre et améliorer ».

Il a également défendu le bilan de sa société en expliquant que le travail de Twitter contre les « automatisations et les campagnes coordonnées », ainsi que sa collaboration avec diverses agences gouvernementales l’a mis dans une meilleure position pour lutter contre la menace de désinformation lors des élections présidentielles américaines de 2020. Enfin, l’interview était aussi ponctué de moment de légèreté, on a ainsi appris que Jack Dorsey était fan de la manière dont Elon Musk utilise Twitter. L’interview complète est disponible en deux parties (ici et ici).

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste