Nous avons pu tester Overwatch 2 avant le tomber de rideau officiel le 4 octobre. Et nos impressions sont aussi enthousiastes que tièdes.
Après deux phases de bêta fermée durant lesquelles nous vous avions proposé une prise en main enjouée, voici venu le temps du verdict. Mais il faut d’abord préciser que les conditions de test qui ont été les nôtres ne nous ont pas tout à fait permis de garder tous les voyants au vert. Comme c’est souvent le cas pour les jeux compétitifs, les serveurs ont éprouvé des difficultés à se remplir. Aussi, il n’est pas rare que nous ayons dû patienter pendant – littéralement – des heures pour lancer une partie. Du temps qui nous a néanmoins permis de réfléchir au bien-fondé du projet Overwatch 2. Et on en ressort finalement avec plus de questions que de réponses.
Les Avengers du FPS sont de retour
C’est un fait : il n’existe pas deux FPS comme Overwatch. Lancé en 2016, le jeu de tir en multijoueur de Blizzard a secoué l’industrie, qui s’est évidemment affairée à lui emboîter le pas – sans succès. Qui se souvient de Dirty Bomb, Paladins ou Lawbreakers ? Ultrapopulaire, Valorant s’inspire quant à lui plutôt de Counter Strike, et laisse donc Overwatch bien à part sur l’échiquier des jeux en ligne.
Un ovni, qui s’est largement envolé dans le domaine de l’esport, mais que Blizzard a discrètement pris la décision d’abandonner en 2020, alors qu’il mettait en branle le développement d’une suite. Une démarche largement incomprise par la communauté qui, depuis, se languit de nouveau contenu pour son jeu favori.
Alors c’est quoi, Overwatch 2 ? Personne n’est dupe : il s’agit en réalité d’une mise à jour glorifiée, d’un Overwatch 1.5 qui ne dit pas son nom. D’un relancement, même. Porté par un moteur graphique plus reluisant (les reflets et les textures sont nettement plus jolis), le FPS compétitif articule désormais ses parties en 5 contre 5 plutôt qu’en 6 contre 6. Un changement de taille, qui perturbe profondément la composition des équipes. Le plus souvent, on retrouvera donc un tank, deux héros dédiés aux dégâts (DPS) et deux soigneurs (heals), qui se disputent la possession d’un chariot à escorter sur différentes bases.
Autant dire que de nombreux ajustements ont dû être effectués pour que l’équilibre des forces soit maintenu. Les héros défensifs portent une plus lourde responsabilité, et les personnages un peu hybrides comme Doomfist ou Zarya peuvent avoir plus de mal à trouver leur place dans la nouvelle « meta » (la composition idéale et tacite des équipes du jeu). Mais on ne s’en fera pas trop pour ce détail.
Comme son prédécesseur, Overwatch 2 a pour ambition d’être un jeu vivant. Un jeu service, qui évoluera au gré des mises à jour régulières de contenu et des équilibrages subséquents. Ah, et on ne vous a pas dit : Overwatch 2 sera un jeu free-to-play. Croyez bien que cela risque de changer un certain nombre de choses.
Les héros, ça se mérite
Magnanime, Blizzard a non seulement accordé à notre compte un accès à Overwatch 2 en avant-première, mais nous a également fourni un compte vierge destiné à « découvrir l’accueil réservé aux nouveaux joueurs ». Et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que, contrairement à la philosophie initiale d’Overwatch – qui a toujours permis de sélectionner le héros de notre choix –, sa suite demandera aux néophytes de jouer un certain nombre de parties pour débloquer les différents personnages.
Pour le dire autrement : les personnes qui ont déjà joué à Overwatch auront le choix parmi les 35 héros et héroïnes déjà disponibles, dont les trois nouveaux que sont la Reine des Junkers, Sojourn et Kiriko. Celles et ceux qui vont découvrir la licence avec Overwatch 2 vont devoir mériter cette option. Concrètement, les nouveaux comptes ne pourront choisir que parmi Orisa, Reinhardt, Winston, Zarya, Fatale, Faucheur, Pharah, Torbjörn, Tracer, Ange, Lúcio et Moira. Tous les autres se cachent derrière des défis à réaliser (terminer X parties, sachant que les victoires comptent double) ou des paliers de l’inévitable Passe de saison.
On ne pouvait pas y échapper : Overwatch 2 troque le système de lootboxes du premier volet contre un passe saisonnier divisé en trois étages. Le premier est gratuit, comporte 60 niveaux, et permet de débloquer le nouveau personnage de la saison (ici, Kiriko) une fois rendu au niveau 55. Tout au long du parcours, on déverrouille également quantité d’éléments cosmétiques et autres friandises pour personnaliser son avatar.
Un tiers payant, qui se négocie pour 1 000 pièces – environ 10 € –, ajoute 20 rangs au passe de saison et un accès immédiat à Kiriko. Une dernière formule, tarifée 2 200 pièces (19,99 €) comprend les avantages précités auxquels on ajoute un déverrouillage rapide de 20 niveaux.
Un millefeuille qui rend fatalement l’expérience Overwatch moins instantanée que les puristes ont pu la connaître. D’autant que l’accès échelonné aux héros et héroïnes que l’on connait très bien risque de créer une certaine frustration. Ceci étant dit, on comprend parfaitement la démarche de Blizzard avec ce game design : la rétention. Difficile de faire rester les joueurs et joueuses si aucune carotte ne pend au bout du bâton. Une méthode éprouvée de longue date par Fortnite, Destiny et beaucoup d’autres, et qui fait recette. Dommage que, pour les joueurs actuels d’Overwatch, cette nouveauté soit inévitablement vécue comme une régression.
Derrière des manœuvres discutables, un jeu diablement efficace
On n’y changera rien ; voilà la direction qu’a décidé de prendre Blizzard avec sa dernière licence originale en date. Et, une fois que la prévisible gronde sera passée, il y a fort à parier qu’Overwatch 2 fera des heureuses et des heureux, tout en redynamisant tout un pan de l’esport. De toute façon, il n’y a pas d’autre choix : Overwatch premier du nom disparaîtra dès la sortie de cette nouvelle mouture.
Aussi, derrière ces profondes modifications de l’économie du jeu, on retrouve avec le plus grand plaisir ce FPS compétitif intégralement tourné vers le jeu en équipe. C’est la grande force d’Overwatch : impossible, comme dans un Call of Duty par exemple, de sortir vainqueur en la jouant perso. Il faut ici penser synergie, complémenter le rôle de ses alliés avec un héros ou une héroïne dont les capacités sont susceptibles de bouleverser le cours de la partie.
À ce titre, la nouvelle venue Kiriko fait forte impression. La jeune soigneuse a beau être fragile, elle est très mobile et panse efficacement les plaies de ses alliés tout en provoquant des dommages importants à l’aide de ses kunais. Comme Ange, Kiriko peut sortir d’un mauvais pas en ciblant un allié pour le rejoindre automatiquement. Mais la formule de cette dernière est plus efficace encore : elle fonctionne même à travers les murs et les obstacles.
C’est presque certain, la capacité ultime de Kiriko risque de faire couler de l’encre. Elle n’a l’air de rien, comme ça, mais elle permet en réalité à tous ses coéquipiers de se déplacer plus rapidement et de doubler leur vitesse d’attaque. Autant dire que, lors d’un assaut conjoint, le « kitsune » est un allié de poids ! Blizzard a d’ailleurs toujours la main sur les réglages, puisque le studio a déjà annoncé que Kiriko ne serait pas jouable en partie classée pendant les deux premières semaines du lancement. L’occasion de recueillir de précieuses données qui lui permettront d’ajuster la durée de l’ultime et le coefficient du boost de vitesse.
La Reine des Junkers, contemporaine de Chopper et Chacal, est quant à elle une tank très offensive dont le couteau permet de ramener à soi un adversaire. Son fusil à canon scié provoque de lourds dégâts, tout comme son coup de hache dévastateur. Son autre capacité permet de soigner les alliés proches et de leur offrir un boost de vitesse. Enfin, sa capacité ultime n’est peut-être pas la plus impressionnante, mais demeure très précieuse : le personnage charge vers l’avant et blesse tous les adversaires dans son sillage. Cela occasionne des dégâts sur la durée et les empêche de recevoir des soins pendant cinq secondes. Une nouvelle fois, un ultime qui encourage de belles synergies avec d’autres personnages.
Enfin, Sojourn est une héroïne DPS assez classique, quoique particulièrement mobile. Avec sa glissade qui lui offre un saut à la hauteur impressionnante, elle se sort sans peine des situations délicates. Son fusil d’assaut profite en outre d’une cadence de tir élevée, qui charge un tir alternatif dévastateur. À la manière de Soldat 76, son ultime permet de défourailler tout son soûl à l’aide de projectiles encore plus puissants.
Overwatch 2 : que faut-il en penser ?
Overwatch 2 a peut-être été mal compris. Enfin, mal expliqué, pour commencer. En effet les joueurs et joueuses historiques ont particulièrement mal pris le fait que Blizzard abandonne le développement de leur jeu favori pour concentrer ses forces sur un second opus qui, soyons honnêtes, n’a pas grand-chose de différent du premier. Deux ans d’attente pour simplement raccrocher les wagons et simplifier la formule en privilégiant désormais les escarmouches à 10 joueurs. Mouais.
Mais il faut savoir mettre de côté sa fierté de « connaisseur ». Overwatch 2 n’a pas été conçu avec les joueurs historiques en tête – et c’est peut-être pour cela qu’ils et elles le prennent aussi mal. C’est une façon pour Blizzard de profiter de l’absence de concurrence pour relancer son FPS compétitif. Et il a raison ! Le jeu est fun, le plaisir quasi instantané et aucune partie ne ressemble à une autre grâce aux nombreux héros et héroïnes qui fonctionnent en parfaite symbiose.
Certes, le jeu récupère au passage un game design plus prédateur, axé sur des éléments à déverrouiller, des paliers à franchir, des passes de saison à acheter et des personnages bloqués derrière des défis absurdes. Mais on nous promet également un flux constant de contenu, de nouvelles cartes par cartons entiers plusieurs fois par an et autant de modes de jeux qui viendront pimenter une expérience déjà exceptionnelle à bien des égards.
Alors non, Overwatch 2 n’est peut-être pas la « suite » que l’on pouvait attendre. Mais peut-être que le mode joueur contre environnement (JcE), davantage axé sur l’histoire et promis en 2023, nous fera mentir sur ce point. En attendant, il faudra bien l’accepter : Overwatch est mort. Vive Overwatch 2 ?