Décryptage

Marilyn Monroe, icône ultime de la pop culture

28 septembre 2022
Par Lisa Muratore
Marilyn Monroe, icône ultime de la pop culture
©DR

Soixante ans après sa mort, Marilyn Monroe reste un véritable mythe hollywoodien. Sa carrière a fasciné autant que ses déboires, au point d’en faire un personnage glamour et mystérieux, qui a laissé une marque indélébile dans la culture populaire. À l’occasion de la sortie du film Blonde, retour sur les grands moments de la vie d’une star intemporelle.

Actrice, chanteuse, icône de la mode, objet d’art… 60 ans après sa mort, la légende Marilyn Monroe fascine toujours autant. Netflix l’a d’ailleurs très bien compris puisque le biopic Blonde, avec Ana de Armas dans le rôle-titre, est attendu sur la plateforme le 28 septembre. Adapté du best-seller de Joyce Carol Oates, le long-métrage réalisé par Andrew Dominik revient librement sur la trajectoire de la comédienne.

Un destin fait de succès, d’amour, mais aussi de mystère. Derrière les strass et les paillettes se cache en effet une face sombre, celle de Norma Jeane Baker. L’alter ego torturé de Marilyn Monroe qui a permis de construire – même après sa disparition – le mythe que l’on connaît aujourd’hui.

De pin-up à star hollywoodienne

Après une enfance chaotique, rythmée par les maisons d’accueil, l’orphelinat et les visites à sa mère en hôpital psychiatrique, Norma Jeane Baker accède rapidement à la célébrité. Elle s’engage dans l’armée américaine au début des années 1940, avant d’être repérée par un photographe militaire. Elle devient alors le visage des campagnes gouvernementales afin de promouvoir l’implication des femmes dans l’effort de guerre, puis s’affiche dans la peau de la « Mmmmm girl », une pin-up qui apparaîtra dans plus de 30 magazines en seulement quelques mois.

Le mannequinat lui permet de passer ses premiers essais cinématographiques et de signer un contrat de six mois avec la 20th Century Fox. Sa chevelure blonde décolorée fait des ravages et c’est à ce moment-là, en 1946, sur les conseils de Ben Lyon, cadre de la 20th Century Fox, que l’actrice débutante prend le nom mythique de Marilyn Monroe.

Marilyn Monroe a commencé sa carrière en tant que mannequin pin-up.©DR

Il faut cependant attendre 1950 et sa rencontre avec Johnny Hyde pour que la carrière de la comédienne, alors habituée aux caméos et aux échecs commerciaux, explose. L’agent artistique l’aide à construire l’image et la plastique que l’on connaît aujourd’hui. Le blond devient la marque de fabrique d’une Marilyn pulpeuse et sexy. Un véritable sex-symbole américain, passé sous le bistouri.

La révolution Monroe est en marche. Elle catalyse tous les fantasmes de l’époque, se distinguant toutefois des beautés fatales des années 1950 pour offrir un personnage drôle et sympathique au public. Ce renversement des codes lui permet de se faire remarquer et d’entamer une carrière d’actrice reconnue. D’abord dans Eve (1950), puis avec Le Démon s’éveille la nuit (1952).

Marilyn Monroe dans la célèbre scène du métro dans Sept ans de réflexion.©Sam Shaw Inc.

Elle partage également l’affiche avec des stars de l’époque, comme Ginger Rogers et Cary Grant, Jane Russell dans le mythique Les Hommes préfèrent les blondes (1953), ou encore Lauren Bacall dans Comment épouser un millionnaire (1953).

Elle tourne aussi dans Sept ans de réflexion (1955) – dans lequel on peut découvrir la scène la plus emblématique de l’actrice, où sa robe blanche est soulevée par l’air d’une grille de métro –, réalisé par Billy Wilder, qu’elle retrouve en 1959 pour Certains l’aiment chaud, une comédie américaine culte, dans lequel on l’entend interpréter le titre I Wanna Be Loved by You, et pour lequel elle obtient le Golden Globes de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie.

Amour, sexe et fantasme

À l’apogée de sa carrière, elle tourne l’année suivante Le Milliardaire (1960). Sur le tournage, elle rencontre l’acteur français Yves Montand, avec qui elle entretient une liaison. Cependant, sa plus grande idylle reste celle avec le Président, John F. Kennedy, après ses mariages avec le peintre James Dougherty, le joueur de baseball Joe DiMaggio, puis le dramaturge Arthur Miller.

Son interprétation très commentée d’Happy Birthday Mister President deviendra l’une des images les plus mythiques du XXe siècle. Preuve de la gloire de Marilyn Monroe, mais aussi de la controverse qu’elle a toujours suscitée.

Objet de fantasme des années 1950, l’actrice a toujours véhiculé une image sexualisée et glamour d’une girl next door. Ses poses dans les magazines, la nudité assumée dans des calendriers érotiques sous le pseudo de « Mana Monroe », le male gaze des cinéastes et ses amours complexes ont alimenté sa notoriété tout en créant la polémique.

La face cachée d’une star hollywoodienne

Derrière le maquillage et la chirurgie esthétique se cachait une femme mystérieuse, prisonnière de sa beauté, qui a rapidement sombré dans la dépression. C’est là tout le paradoxe Marilyn Monroe. Malgré sa popularité et une brillante carrière, l’actrice est tourmentée, à la recherche d’une liberté qu’elle ne trouvera jamais. En coulisses, fausses couches, séjours en hôpital psychiatrique – à l’image de sa mère – et prises régulières de barbituriques rythment son quotidien.

Marilyn Monroe a longtemps souffert de dépression.©DR

À partir de 1960, c’est la descente aux enfers et Marylin Monroe est au bord du gouffre. Sa carrière bat de l’aile, et l’actrice fait figure de caricature, jusqu’à sa mort dans son hacienda de Brentwood, à Los Angeles. La nuit du 4 août 1962, à l’âge de 36 ans, elle fait une overdose. Les autorités évoquent alors « un suicide probable », tandis que les rumeurs d’assassinat commandité émergent : le FBI, la CIA et la famille Kennedy auraient cherché à faire taire l’artiste. Une version qui n’a jamais été prouvée, mais qui entretient encore aujourd’hui son aura.

Une icône éternelle

En à peine dix ans de carrière, Marilyn Monroe a marqué l’âge d’or d’Hollywood. Encore aujourd’hui, son empreinte sur le cinéma est indélébile. Sa carrière et son destin ont également marqué la pop culture, au point d’en faire un symbole ultime. Cette fascination s’exprime dans de nombreux hommages. D’abord du côté de l’art, avec les nombreuses photographies prises de l’actrice, mais surtout à travers l’œil d’Andy Warhol.

Le portrait de Marilyn Monroe peint par Andy Warhol a inspiré de nombreuses reproductions.©Pexels/Martin Péchy

En 1964, le patron du pop art a réalisé le portait mythique de l’actrice intitulé Shot Sage Blue Marilyn, récemment vendu aux enchères pour 195 millions de dollars. Puis en musique, grâce aux chansons de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin, Norma Jeane Baker (1983), de Vanessa Paradis dans Marilyn et John (1987), ou encore de Nicki Minaj et de Pharrell Williams, plus récemment.

Cette année a marqué les 60 ans de la mort de Marilyn Monroe et les clins d’œil à l’actrice n’ont jamais été aussi présents, comme la robe portée par Kim Kardashian lors du Met Gala 2022 ou la sortie du biopic Blonde sur Netflix, après My Week With Marilyn (2011).

Le film d’Andrew Dominik reviendra sur la fabrication du rêve américain et la chute de son mythe. Car Marilyn Monroe, c’était tout cela à la fois. De l’anonyme Norma Jeane Baker à la star planétaire, en passant par une femme glamour et complexée, la pin-up des années 1950 catalysait la contradiction autant que la fascination. Un paradoxe dont on commence à peine à comprendre les proportions, mais qui participe à la pérennisation de la légendaire actrice dans la pop culture, ainsi que dans nos cœurs.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste