Critique

Avec Saint-Clair, Benjamin Biolay signe un album autobiographique éclectique

15 septembre 2022
Par Lisa Muratore
Avec Saint-Clair, Benjamin Biolay signe un album autobiographique éclectique
©DR

Benjamin Biolay est de retour avec Saint-Clair, un dixième album qui concentre l’univers et la virtuosité de l’un des artistes français les plus complets.

Après avoir présenté Grand Prix en 2020, Benjamin Biolay est de retour pour la rentrée 2022 avec Saint-Clair, son dixième opus. Le choix du titre n’est pas anodin : il fait référence au mont qui domine Sète, ville côtière chère au cœur de l’artiste. Mais Saint-Clair est aussi le nom du morceau qui vient conclure cet album composé de 17 chansons.

Aux côtés de ses musiciens de tournée – Pierre Jaconelli, Johan Dalgaard et Philippe Entressangle – Benjamin Biolay se raconte et livre un album aussi varié que personnel, disponible à l’écoute depuis vendredi dernier.

En toute intimité

L’ensemble de la carrière de Benjamin Biolay résonne dans Saint-Clair. L’album s’ouvre sur Calidum cor, frigidum caput, un morceau orchestral de seulement 33 secondes, qui rappelle la formation classique reçue par le chanteur durant sa jeunesse. Violon, tuba, trombone… Benjamin Biolay est un touche-à-tout. Diplômé du Conservatoire Régional de Lyon et des classes musicales en 1990, c’est seulement par la suite qu’il s’essaie à la guitare et à la pop.

Ce genre, le chanteur en fait sa signature, tout en l’accompagnant souvent de sonorités jazz et rock. C’est d’ailleurs ce qui fait sa patte aujourd’hui. Tout au long de sa carrière, Benjamin Biolay a ainsi cultivé cette image désabusée, mais aussi sensuelle, dans ses titres.

À travers des jeux de mots et un franc-parler qu’il emprunte à Georges Brassens ou à Serge Gainsbourg, deux références de son répertoire, l’auteur, compositeur et interprète a toujours fait de l’amour et du désir les thématiques principales de ses chansons. Il les manie parfois de façon mélancolique, à l’image des Lumières de la ville, mais aussi à la manière d’un rocker, comme dans Les Joues roses et Rends l’amour !

Rends l’amour ! a d’ailleurs été le premier single partagé par l’artiste, en juin dernier. Tourné à Sète, le clip reflète également son humour noir, et l’aspect rétro auquel il a toujours été attaché. C’est aussi un morceau qui représente l’univers entier de Benjamin Biolay, tant dans la discographie que dans la photographie de l’artiste et acteur.

L’importance des collaborations

Saint-Clair contient par ailleurs un duo avec Nathy Cabrera (Mort de Joie) et un second avec la Clara Luciani. Intitulé Santa Clara, le titre évoque la séparation après un amour de vacances. Les rencontres sont comme un fil rouge pour l’artiste. Tout au long de sa carrière, Benjamin Biolay a en effet enchaîné les collaborations. D’abord en tant qu’auteur pour Henri Salvador dans Chambre avec vue (2000), une chanson qui le propulse sur le devant de la scène. Puis avec son ex-femme, Chiara Mastroianni, avec qui il travaille sur son deuxième album, Négatif (2003). Plus récemment, l’auteur-compositeur s’est entouré de la chanteuse Adé sur Parc fermé (2020), ou encore d’Hoshi sur Pleurs de fumoir (2021).

Ce n’est pas non plus un hasard si le chanteur s’entoure souvent de voix féminines, s’amusant de son image de séducteur. C’est aussi un chanteur torturé, qui laisse exploser sa masculinité, comme sur le morceau Numéros magiques, un tube électro unique porté par sa voix grave. Vers la fin de l’album, il revient à des titres plus orchestraux, sensibles et personnels. Ce mélange épatant montre tout son éclectisme et son authenticité.

De sa formation classique à des thématiques sensuelles en passant par ses duos, Benjamin Biolay réunit dans cet album composé entre Paris et Bruxelles tout ce qui a fondé sa carrière, sa vie personnelle et son enfance. Une création étonnante, autobiographique, dans la continuité de sa discographie.

Saint-Clair, de Benjamin Biolay, 17 titres, disponible depuis le 09 septembre 2022.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste