Auteur au dessin somptueux et aux univers sombres empruntés à des genres de cinéma très marqués, Masasumi Kakizaki est l’un des mangakas les plus intéressants à suivre actuellement.
Masasumi Kakizaki un auteur atypique. Lorsque l’on ouvre l’un de ses mangas, la première chose qui nous frappe est son style visuel unique et immédiatement reconnaissable. Son trait détaillé, parfois hachuré, qui dynamise l’action, renforce le sentiment d’oppression dans les scènes de tension et habille son dessin pour le rendre plus percutant. D’ailleurs, ses œuvres le sont tout autant. Elles sont toutes différentes, mais partagent ce point commun de prendre place dans des univers souvent très sombres.
Le jeune mangaka a commencé sa carrière en tant qu’illustrateur pour se faire un nom. Il a obtenu une forte notoriété grâce au chef-d’œuvre Rainbow, scénarisé par George Abe. Avec cette fresque historique dans le Japon d’après-guerre, il a affiné son style tout au long des 23 volumes du manga (sept dans l’édition deluxe actuelle de Kazé) – cette série est passionnante et mériterait bien un article à elle, mais puisqu’il n’en signe que les dessins, ce n’est pas la plus parlante pour évoquer son style.
Il n’a ensuite illustré que ses propres scénarios. La première histoire qui l’a établi en tant que jeune auteur à suivre est le one-shot Hideout (disponible aux éditions Ki-Oon), une histoire terrifiante en huis clos qui lorgne vers le slasher. Dans une postface, l’auteur révèle avoir été inspiré par de nombreux films d’horreur qu’il adore et par les histoires de Stephen King, son écrivain favori. Il y raconte la descente aux enfers de Seiichi Kirishima, un écrivain raté qui emmène sa femme dans une grotte mystérieuse pour l’y assassiner. Mais un être étrange y habite et ne se laissera pas déranger.
Dès lors, sa carrière a pris une tournure passionnante. Avec une identité graphique forte, Kakizaki a revisité les genres cinématographiques cultes.
Du péplum au western, Kakizaki joue avec les codes
En seulement quelques tomes (sa plus longue série en compte sept), Masasumi Kakizaki s’amuse à revisiter les codes des genres qu’il affectionne le plus : le slasher avec Hideout, le western avec Green Blood (Ki-Oon), le péplum et l’héroic fantasy avec Bestiarius (Kazé)… Et, à chaque fois, il montre une maîtrise parfaite de ces codes et parvient à les réinventer en offrant des œuvres originales et d’une qualité folle.
On pense à Gladiator en lisant Bestiarius, et à Il était une fois dans l’Ouest en lisant Green Blood. Pourtant, ces deux séries sont seulement la preuve que Kakizaki est un grand cinéphile, pas qu’il manque d’imagination. Elles montrent également son attrait pour les personnages sombres et à l’héroïsme pur. Dans Bestiarius, le personnage principal, le gladiateur Finn, veut libérer toutes les créatures qui sont sous le joug de l’empereur romain qui les enferme pour les envoyer se battre dans l’arène.
Dans Green Blood, les deux frères Luke et Brad Burns sont au centre de l’histoire. L’un est un jeune docker qui s’efforce de rester honnête et qui n’a aucune idée que l’autre est Grim Reaper, l’assassin le plus dangereux de la ville.
Comme pour insister sur son attrait pour le septième art, Kakizaki s’est lancé, pour son nouveau manga, dans l’adaptation d’un long métrage. Les Amants sacrifiés reprend l’histoire du film éponyme, un drame historique se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale. Comme dans le film japonais sorti en 2020, on y suit un couple tiraillé, dont l’amour est mis à mal par la guerre. Son manga est prévu en deux volumes, et le premier sortira le 6 octobre prochain, toujours aux éditions Ki-Oon.