The Last of Us n’a pas dix ans, mais n’en déplaise, Sony a bel et bien décidé d’en faire un remake. Et si l’on peut retourner le sujet de son prix (80 €) dans tous les sens, le fait est qu’une fois le disque inséré dans sa console, on ne boude pas notre plaisir de retrouver Joel et Ellie.
Faut-il parler de « remake » ? De « remasterisation » glorifiée, ou même de « reconstruction », comme semble le préférer Sony ? Quel que soit le terme retenu, il ne faut pas plus d’une heure manette en main pour comprendre exactement ce dont il s’agit : The Last of Us, avec le moteur graphique de The Last of Us Part II. Et nous n’en demandions pas plus.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à un code fourni par l’éditeur.
Revivre le traumatisme, mais en 4K à 60 fps
Peut-être avez-vous refait The Last of Us en 2020 en prévision de la sortie du second opus. Peut-être aussi qu’à l’époque, vous trouviez que le jeu sorti en 2013 (et déjà remasterisé pour la PS4 l’année suivante) se tenait encore parfaitement, graphiquement parlant. Difficile de dire le contraire. Mais il faut concéder qu’en matière de photoréalisme, The Last of Us Part II a mis la barre très, très haut.
Aussi le projet The Last of Us Part I recouvre-t-il plusieurs intérêts. D’abord, il s’agit de mettre sur un pied d’égalité technique le diptyque de Naughty Dog. L’idée étant de pouvoir enchaîner indépendamment l’un et l’autre sans qu’un trop grand écart graphique ne les sépare. Ensuite, il faut rappeler que Sony joue gros avec l’adaptation de la licence en série par HBO. Attendue l’année prochaine, elle devrait logiquement provoquer un appel d’air vers les jeux du studio, qui se présentent désormais de la façon la plus propre possible. Enfin, et c’est peut-être le plus important dans l’affaire, The Last of Us Part I sortira également sur PC dans les mois qui viennent. Plus investi que jamais dans ses portages sur ordinateur, Sony ne pouvait décemment pas commercialiser tel quel un jeu sorti il y a presque dix ans.
Tout ce laïus pour dire qu’il ne faut pas attendre grand-chose d’autre qu’un coup de peinture fraîche de The Last of Us Part I. Il s’agit du même jeu. De la même histoire. C’est tout ? Oui. Mais, d’un autre côté, c’est déjà beaucoup. Car, dans un jeu à la dimension narrative aussi capitale que The Last of Us, le simple fait d’avoir des animations faciales aussi réalistes peut radicalement changer la donne. Un peu comme si un film déjà parfait était réinterprété par des acteurs et des actrices encore plus talentueux.
Une nouvelle vitrine pour la PS5
Uniquement disponible sur PS5 en attendant la mouture PC, The Last of Us Part I s’accapare tous les raffinements caractéristiques des jeux de la dernière console de Sony. Les chargements – notoirement interminables dans la version de 2013 – sont ultrarapides, et toutes les cinématiques utilisent désormais le moteur du jeu. Autrement dit, les transitions entre gameplay et moments narratifs où l’on n’est que spectateur sont d’autant plus imperceptibles.
La manette DualSense est par ailleurs largement mise à profit pour apporter une immersion totale dans le monde dévasté de The Last of Us. La moindre goutte de pluie, le trot d’un canasson ou l’impact lourd d’une batte sur le crâne d’un infecté provoquent une vibration plus ou moins forte. Les gâchettes adaptatives offrent de leur côté un retour de force différent selon l’arme utilisée.
Il faut également souligner les efforts titanesques entrepris par Naughty Dog pour rendre le jeu le plus accessible possible. Comme sa suite, The Last of Us Part I mène la marche de l’industrie en matière d’accessibilité. Les joueuses et joueurs malvoyants sont particulièrement gâtés avec, pour la première fois, l’introduction d’une fonctionnalité d’audiodescription des cinématiques. De la même façon, la manette peut vibrer selon l’intonation des personnages pour donner une idée aux malentendants de l’intensité d’un dialogue. Impressionnant.
Enfin, il va sans dire que la puissance brute de la PlayStation 5 est largement mise à profit dans cette « reconstruction » technique. Par défaut, The Last of Us Part I nous fait opter pour le mode Performances, qui adopte une résolution dynamique (cible 4K) aux 60 images par seconde constantes. Un autre mode, Fidélité, est aussi disponible et permet de maintenir une définition 4K native en collant autant que possible aux 40 images par seconde. Notez que, sur les écrans compatibles, il est possible de débloquer le taux de rafraîchissement afin d’atteindre les 120 images par seconde notamment grâce à la technologie Variable Refresh Rate (VRR).
Faut-il craquer pour The Last of Us Part I ?
C’est la question qui fâche. Ce remake, un brin opportuniste, mérite-t-il de délester sa bourse des 80 billets demandés par Sony ? Le fan inconditionnel répondra instantanément par l’affirmative. Les personnes qui ont refait récemment le jeu culte de Naughty Dog seront plutôt tentées d’attendre une inévitable baisse de prix pour craquer.
Si les graphismes ne convainquent pas les sceptiques, ce ne sont certainement pas les tenues alternatives, les commentaires de développeurs, l’ajout d’un mode de difficulté « mort permanente » ou d’autres petites friandises de la sorte qui le feront. D’autant que, si le DLC Left Behind, centré sur Ellie, est bien au menu, le mode multijoueur Factions manque à l’appel.
Pour défendre le bien-fondé du projet, Neil Druckmann, son réalisateur, racontait dans une récente vidéo qu’il représentait selon lui la « meilleure façon de jouer à The Last of Us ». Impossible de le contredire : grâce à ses graphismes en tous points divins, à des animations faciales totalement retravaillées, criantes de réalisme, et à une fluidité de tous les instants, cette Part I figure déjà comme une pièce essentielle de la collection des fans absolus.