Le 2 août, l’auteur et maître de l’épouvante a comparu comme témoin devant le tribunal fédéral de Washington dans le cadre d’un procès intenté par le département de la Justice des États-Unis en vue de bloquer la fusion de deux géants de l’édition. L’auteur de Shining et Ça a ainsi fait part de son inquiétude face à la possible fusion de ces deux mastodontes de l’édition.
Alors qu’en France, la fusion entre Editis (filiale du groupe Vivendi) et Hachette (propriété de Lagardère) est vraisemblablement tombée à l’eau après des mois de débats houleux autour de la concentration dans le secteur de l’édition, les yeux sont à présent rivés outre-Atlantique où le Département de la Justice des États-Unis a intenté un procès afin de bloquer la potentielle fusion entre les deux géants américains de l’édition, Simon & Schuster d’un côté et Penguin Random House de l’autre.
C’est dans le cadre de ce procès d’envergure que Stephen King, par ailleurs édité par Simon & Schuster, était appelé à la barre ce mardi 2 août afin de livrer son témoignage contre cette acquisition opérée par Penguin Random House (filiale du groupe groupe Bertelsmann) chiffrée à pas moins de 2,2 milliards de dollars.
Les auteurs et éditeurs indépendants en danger
Le gouvernement américain a ainsi souhaité faire appel à un auteur incontournable de best-sellers pour consolider sa ligne de défense, sachant qu’il est assez inhabituel pour un romancier de comparaître dans le cadre d’un procès antitrust. La justice américaine considère en effet que cette acquisition écraserait toute concurrence et mettrait à mal la carrière de certains auteurs populaires, à l’instar de King, tout comme des écrivains plus modestes. « Mon nom est Stephen King. Je suis un écrivain indépendant », tels ont été les premiers mots employés par l’auteur de Dead Zone, Christine et Misery, qui s’était publiquement opposé au projet de fusion lors de son annonce fin 2020.
« Je suis ici parce que je crois que la concentration nuit à la compétition », a-t-il déclaré. L’écrivain de 75 ans s’est confié sur l’évolution de l’industrie, témoignant de l’amenuisement progressif du nombre de maisons d’édition et par voie de conséquence des avances sur recettes, question au coeur de l’argumentaire du Département de la Justice. L’auteur de Doctor Sleep (la suite de Shining) a ainsi rappelé à l’auditoire avoir touché la modique somme de 2500 $ pour son premier roman, Carrie, avant que l’adaptation cinématographique signée Brian de Palma ne fasse exploser les ventes du livre.
« Il devient de plus en plus difficile pour les écrivains de trouver suffisamment d’argent pour vivre », a-t-il ajouté. Ces dernières années, Stephen King, qui a su tirer parti de la concurrence entre les nombreuses maisons d’édition encore sur pied dans les années 1980, s’est aussi bien tourné vers des mastodontes de l’édition que des éditeurs indépendants, refusant parfois des avances sur recettes plus conséquentes afin de donner leur chance à de jeunes maisons plus que jamais en péril.
Le procès doit encore durer deux semaines. L’avant-dernier roman de Stephen King, Billy Summers (2021), paraîtra en France, chez Albin Michel, le 21 septembre prochain ; Fairy Tale, son dernier ouvrage en date, paraîtra quant à lui chez Simon & Schuster (en version originale) le 6 septembre.