Critique

Bullet Train : embarquement immédiat

03 août 2022
Par Lisa Muratore
Brad Pitt incarne le tueur à gages Coccinelle dans “Bullet Train”.
Brad Pitt incarne le tueur à gages Coccinelle dans “Bullet Train”. ©Sony Pictures

Brad Pitt est de retour au cinéma ce mercredi 3 août dans Bullet Train. Un blockbuster estival lancé à toute allure, drôle, et divertissant.

Avec Bullet Train, film qui fera l’ouverture du 75e festival du film de Locarno, Brad Pitt retrouve David Leitch, 23 ans après leur première rencontre sur le plateau de Fight Club (1999). Longtemps doublure cascade de l’acteur, il était passé derrière la caméra avec John Wick (2014), avant d’offrir un surprenant caméo à la star dans Deadpool 2 (2018). Avec son dernier projet, le réalisateur a vu les choses en grand pour le comédien oscarisé pour Once Upon a Time in Hollywood (2019), en faisant de lui sa tête d’affiche.

Il incarne Coccinelle, un tueur à gages malchanceux, chargé de récupérer une mystérieuse mallette dans le train le plus rapide du monde. Bien qu’il soit décidé à accomplir sa mission, les choses vont finalement dérailler. Notre assassin va devoir faire face à des adversaires en quête de vengeance, aussi opiniâtres que lui.

L’effet Brad Pitt

Le long-métrage signe le retour de Brad Pitt du côté des blockbusters, un genre qu’il n’avait pas côtoyé depuis la saga Ocean (2001) de Steven Soderbergh, Mr & Mrs Smith (2005), ou encore World War Z (2013). Il interprète cependant un personnage moins charismatique que l’arnaqueur Rusty Ryan. Ici, la malchance le suit comme son ombre. Malgré son agilité durant les scènes de combat, il dégage un côté gauche attachant, tout en parodiant les diktats du bien-être au XXIe siècle.

Brad Pitt est de retour dans l’univers des blockbusters d’action avec Bullet Train.©Sony Pictures

S’il ne signe pas le meilleur rôle de sa carrière, le comédien américain prouve qu’il a de l’autodérision et qu’il est prêt à casser son image de beau-gosse – en témoigne le bob vissé sur son crâne et les lunettes perchées sur son nez – pour tourner avec ses buddies d’Hollywood. Après un premier essai, cette année, dans La Cité perdue, Brad Pitt semble en effet prendre son pied à collaborer avec un cinéaste comme David Leitch, connu du grand public pour son travail sur Atomic Blonde (2017), Fast and Furious : Hobbs and Shaw (2019) ainsi que, pour la coréalisation du premier volet de la saga John Wick (2014).

Le porte-bonheur de David Leitch

On reconnaît d’ailleurs la patte du cinéaste tant dans les dialogues acerbes, rythmés et imagés, que dans la mise en scène musclée. Le réalisateur laisse éclater toute sa folie, son imagination et sa maîtrise des espaces pour offrir des duels aussi violents que jubilatoires. Un choix emprunté à l’univers de Deadpool qui permet au metteur en scène de se désolidariser des sagas nanaresques portées par Dwayne Johnson, Jason Statham ou encore Keanu Reeves. Il offre un film certes (trop) impressionnant, avec comme défi cependant d’offrir un huis clos prenant.

Brian Tyree Henry et Aaron Taylor-Johnson dans Bullet Train.©Sony Pictures

C’est d’ailleurs cet élément qui fait la grande force du long-métrage. Bullet Train – à l’image de Snowpiercer (2013) ou du Dernier Train pour Busan (2016) – ne s’essouffle jamais et place les personnages face à des situations rocambolesques, divertissantes, et drôles.

Joey King dans Bullet Train.©Sony Pictures

Le charme du long-métrage repose également sur l’éclectisme du casting. Face à Brad Pitt, on retrouve notamment Aaron-Taylor Johnson et Brian Tyree Henry. Leur duo parvient à nous séduire tant par l’humour des punchlines qu’ils échangent, que par l’émotion qu’ils dégagent. Véritables atouts de cette distribution, et du scénario, ils réussissent à s’imposer face à la star planétaire – d’une sobriété de jeu impeccable – tout comme l’excellent Hiroyuki Sanada.

On regrette cependant l’excentricité peu maîtrisée de Joey King, ou encore de celle de Michael Shannon, presque caricaturale. Par ailleurs, ces points faibles culminent dans un final spectaculaire, mais exagéré. L’abondance d’effets spéciaux et de cascades entraîne en effet un surdosage brouillon et fourre-tout. La chance de Bullet Train a visiblement tourné.

Malgré cela, le film reste amusant. Sa mise en scène, ses personnages, et ses dialogues, le tout orchestré sur des reprises japonaises des tubes discos les plus cultes, comme Staying Alive – pas mal dans un train rempli de tueurs – en font un divertissement estival, supérieur au petit dernier de la franchise Jurassic World, et plus drôle que Thor 4 : Love & Thunder. Bien que le film soit loin d’offrir un scénario original, David Leitch ne cesse de monter en intensité durant les deux heures de film pour offrir une création explosive et fun. Un porte-bonheur pour le box-office de l’été, lancé à toute vitesse, avec Brad Pitt en tête. Rien ne sert de préciser que l’on embarque tout de suite !

Bullet Train, de David Leitch, avec Brad Pitt, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry et Joey King, 2 h 07, en salle le 3 août 2022.

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Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste