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Avortement : l’application de suivi des règles Flo veut protéger les Américaines avec un « mode anonyme »

27 juin 2022
Par Kesso Diallo
Une nouvelle fonctionnalité devrait bientôt aider à protéger les utilisatrices de l'application.
Une nouvelle fonctionnalité devrait bientôt aider à protéger les utilisatrices de l'application. ©FellowNeko / Shutterstock

L’application développe actuellement une fonctionnalité afin de permettre aux utilisatrices de l’utiliser sans fournir leur nom ou leur adresse électronique à la suite de la décision de la Cour suprême.

Une crainte devenue réalité. Le 24 juin a été marqué par la décision de la Cour suprême d’annuler le droit à l’avortement aux États-Unis. Ce projet révélé par Politico le mois dernier avait suscité de nombreuses inquiétudes, notamment de la part d’élus américains qui ont appelé Apple et Google à protéger les données personnelles des Américaines cherchant à avorter fin mai. Ces entreprises ne sont pas les seules à être une source de préoccupation en termes de données. Alors que des défenseurs de la vie privée et d’autres personnes ont prévenu que les informations collectées par les applications de suivi des règles peuvent être un danger pour les utilisatrices, certaines souhaitent les protéger.

Flo, l’une des applications les plus utilisées, a annoncé qu’elle préparait une nouvelle fonctionnalité dans cet objectif. « Nous allons bientôt lancer un “Mode Anonyme” qui supprime votre identité personnelle de votre compte, afin que personne ne puisse vous identifier », a déclaré l’entreprise sur Twitter le 24 juin. Elle n’est pas allée plus loin dans les détails, ajoutant seulement que les utilisatrices pourront accéder à l’application de manière anonyme sans avoir à fournir leur nom ou leur adresse électronique.

Des mesures nécessaires pour protéger les femmes

Flo a particulièrement insisté sur la protection des données personnelles et de la vie privée de ses usagers. « Nous ne vendrons jamais vos données personnelles car nous comprenons la profonde responsabilité que nous avons de vous fournir une plateforme sûre et sécurisée. Vous avez le contrôle total de vos données et pouvez les supprimer à tout moment », a indiqué la société.

Pourtant, Flo a déjà rencontré des problèmes concernant la protection de la vie privée. Selon une plainte déposée par la Federal Trade Commission en janvier 2021, l’application a transmis certaines informations intimes sur la santé de ses utilisatrices à des sociétés comme Meta (ex-Facebook) et Google de 2016 à 2019. L’autorité de protection des consommateurs américains y déclarait que les pratiques de partage de données de Flo avaient permis à des sociétés tierces d’utiliser ces « informations personnelles sur la santé de manière extensive, y compris à des fins publicitaires ».

Ce n’est pas la seule application de ce type à vouloir protéger les Américaines après la décision de la Cour suprême. Natural Cycles, qui aide les femmes à suivre leur fertilité a également indiqué travailler sur une fonctionnalité similaire à celle de Flo. « Je peux confirmer que Natural Cycles est en train de créer une expérience totalement anonyme pour les utilisatrices. L’objectif est de faire en sorte que personne – pas même nous chez Natural Cycles ne puisse identifier l’utilisatrice », a expliqué Elina Berglund Scherwitzl, cofondatrice de l’application, sur Twitter.

Si les entreprises collectant des données doivent prendre des mesures afin de protéger les femmes, les personnes concernées peuvent aussi le faire selon certaines associations de défense des libertés. L’ONG Electronic Frontier Foundation (EFF) leur a par exemple conseillé d’utiliser des moteurs de recherche moins gourmands en données, à l’image de DuckDuck Go, ou des messageries cryptées comme Signal. D’un autre côté, l’EFF a publié une série de recommandations à l’intention des plateformes, leur préconisant de récolter moins de données, de les chiffrer ou encore de ne pas obliger les utilisateurs à s’authentifier.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste