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L’industrie du jeu vidéo se mobilise en faveur du droit à l’avortement aux États-Unis

27 juin 2022
Par Pierre Crochart
Depuis le 24 juin, les États américains ont le choix d'interdire l'IVG.
Depuis le 24 juin, les États américains ont le choix d'interdire l'IVG. ©Shutterstock

Alors que 13 États américains ont déjà rendu illégale la pratique de l’IVG suite à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême, l’industrie du jeu vidéo réagit.

Une partie des studios de jeux vidéo (basés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde) avait déjà fait connaître ses positions sur le sujet de l’accès à l’avortement en amont de la décision rendue par la Cour Suprême vendredi 24 juin. Mais, depuis ce week-end, c’est une mobilisation sans précédent qui s’organise pour défendre ce que beaucoup considèrent comme un droit fondamental.

Les studios de jeux vidéo vent debout pour défendre l’IVG

Bungie, studio aux manettes de Destiny 2 et récemment racheté par Sony, a été parmi les premiers à communiquer son désaccord avec la Cour Suprême. Actualisant un billet de blog défendant déjà explicitement le droit à l’avortement, le studio rappelle son engagement « pro-choix », en opposition aux « pro-vie », favorables à l’interdiction de l’IVG.

Malgré l’invitation décriée de Jim Ryan (P-.D.G. de Sony Interactive Entertainment) à « respecter les opinions de chacun », nombre de studios de son écurie ont partagé leur désaccord avec la décision de la Cour Suprême sur les réseaux sociaux. Insomniac Games (Spider-Man, Ratchet & Clank), Naughty Dog (Uncharted, The Last of Us) ou encore Sony Santa Monica (God of War) y sont tous allés de leur tweet, rappelant que « la liberté de procréation et l’autonomie corporelle sont des droits humains essentiels ».

De nombreux studios indépendants comme Innersloth (Among Us), Heart Machine (Hyper Light Drifter) ou encore Team Meat (Super Meat Boy) ont également apporté leur soutien aux femmes, qui seront les premières victimes de cette décision remettant en cause un droit acquis en 1973. Certaines entreprises vont plus loin. C’est le cas de Microsoft, qui a fait savoir au site Kotaku qu’elle prendra en charge les frais de transport et frais médicaux de ses employées qui souhaitent subir une IVG dans un état voisin si le leur opte pour l’interdiction.

Le porte-parole de l’entreprise a annoncé que « Microsoft continuera à faire tout ce qui est possible dans le cadre de la loi pour aider ses employés et les personnes à leur charge à accéder aux soins de santé essentiels – qui comprennent déjà des services tels que l’avortement et les soins d’affirmation du genre – quel que soit leur lieu de résidence aux États-Unis. Cette aide a été étendue pour inclure une assistance aux frais de déplacement pour ces services et d’autres services médicaux légaux lorsque l’accès aux soins est limité dans la région géographique d’origine de l’employé. »

Un grave danger pour les femmes

Largement critiquée par la population qui ne se retrouve pas dans les préceptes promus par la droite religieuse (majoritaire à la Cour Suprême), la décision de l’institution laisse le champ libre aux États du pays d’interdire ou non le recours à l’interruption volontaire de grossesse.

De fait, la voie est ouverte à rendre prohibée cette intervention à laquelle recourent chaque année 930 000 Américaines. Or, le Guttmacher Institute estime que 40 millions de femmes vivent actuellement dans un état susceptible d’interdire l’IVG.

Toujours d’après l’institut Guttmacher, les lois interdisant les interruptions volontaires de grossesse n’empêchent en rien les femmes d’y recourir : le taux d’avortement s’élève à 37 pour 1000 personnes vivant dans un pays interdisant l’IVG (ou l’autorisant sous certaines conditions), contre 34 pour 1000 dans un pays l’autorisant pleinement. En revanche, Amnesty International souligne que la criminalisation de ces actes les rend simplement plus dangereux pour les femmes. L’OMS estime que 47 000 d’entre elles succombent chaque année à des blessures causées par une intervention non supervisée par un(e) professionnel(le).

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste