Entretien

Les livres de Régis Jauffret

16 juin 2022
Par Sophie Benard
Les livres de Régis Jauffret
©Frédéric Stucin

Chaque mois, un·e auteur·rice partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est Régis Jauffret qui se prête au jeu.

Les Microfictions de Régis Jauffret marquent le paysage littéraire depuis 15 ans. Après un premier volume en 2007 (Microfictions, Gallimard), le deuxième (Microfictions II, Gallimard), a valu à l’auteur le prix Goncourt de la nouvelle en 2008.

Au printemps dernier, Régis Jauffret faisait paraître un troisième volume (Microfictions 2022) de ses nouvelles aussi brèves que cruelles. Plus de 1 000 pages et pas moins de 500 histoires : l’auteur fait se succéder les fragments d’existence à la première personne. Rien n’épargne ses personnages, ni la pandémie, ni la crise économique, ni les ruptures ou les deuils – encore moins la souffrance.

Le premier livre qui vous a marqué ?

La Faute de l’abbé Mouret, d’Émile Zola.

Celui qui parle le mieux d’amour ?

Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos. Dans mon souvenir, en tout cas, les personnages consacrent beaucoup de temps aux intrigues amoureuses qui sont une forme élaborée et perverse d’amour. Sinon, La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette. Ce livre est transparent comme du cristal.

Celui qui vous fait rougir ?

J’en lirai peut-être un jour qui me donnera des couleurs. Pour l’instant, j’attends.

Celui qui vous dérange ?

Je ne l’ai pas encore lu non plus. Mais justement, les livres qui dérangent ou déplaisent on a tendance à ne pas les lire et à en parler de façon injuste. C’est ce que font certains critiques parfois.

Celui qui vous obsède ?

Aucun.

Celui qui vous fait rire ?

Une partie de Guerre, cet inédit de Céline. Le passage du déjeuner chez le collègue assureur du père du narrateur. J’ai éclaté de rire en pleine nuit en le lisant.

Celui qui vous fait pleurer ?

Ce n’est pas un livre. C’est l’enregistrement de Céleste Albaret racontant la mort de Proust.

Celui qui vous console ?

Je ne relis presque jamais les livres.

Celui que vous n’avez pas compris ?

Je n’ai jamais compris ce que voulait dire le livre de Julien Gracq, La Littérature à l’estomac, que j’ai pour le coup plusieurs fois relu.

Celui que vous voulez lire depuis des années, sans jamais y parvenir ?

Certains philosophes. Une multitude. Je sais que je n’aurai pas le temps de me consacrer à l’étude de leurs œuvres.

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Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste