Asus a créé la surprise en lançant ses ordinateurs Zenbook Duo. Ces étonnants ordinateurs portables intègrent deux écrans. Le concept est aujourd’hui décliné dans la gamme ROG du constructeur, dédié au jeu. Qu’apporte ce deuxième écran à l’expérience vidéo-ludique ? On fait le point.
La gamme de PC portable de jeu Rog Zephyrus se concentre autour d’un aspect clé, proposer des performances de premier ordre tout en limitant l’encombrement. Cette gamme d’ordinateurs Asus se concentre donc autour des joueurs exigeants à la recherche de mobilité.
Une configuration musclée
Sans surprise, un ordinateur de jeu doit embarquer des composants performants pour assurer une fluidité parfaite dans les jeux. Ce Zephyrus Duo GX551 va plus loin et embarque ce qui se fait de mieux sur le segment.
- CPU : AMD Ryzen 9 5900HX
- GPU : NVIDIA RTX 3080
- RAM : 32 Go
- Stockage : SSD NVMe PCIe 2 x 1 To en RAID 0 pour 2 To
- Ecran 1: 15,6 pouces, 4K 3840 2160 pixels 120 Hz certifié Pantone
- Ecran 2 : 14,1 pouces, tactile 3840 x 1100 60 Hz
Il existe cependant d’autres versions de ce PC portable Zephyrus, intégrant un écran Full HD 300 Hz ou remplaçant le RTX 3080 par une 3070 par exemple.
Sur le papier, aucun jeu aussi gourmand soit-il ne saurait résister à une telle puissance de calcul. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’un ordinateur portable conventionnel, mais il cache quelques spécificités techniques. Tout d’abord, il intègre deux SSD NVMe ultra rapides connectés en RAID 0.
Cela permet à l’ordinateur de ne reconnaître qu’un espace de 2 To mais également de scinder la lecture et l’écriture des données entre les deux disques pour obtenir des vitesses d’accès tout simplement phénoménales. Ensuite, on découvre bien évidemment ce second écran au format 32:9 qui prend place au-dessus du clavier. Ce dernier présente une belle définition, mais on peut, à juste titre, questionner l’intérêt d’un tel dispositif. C’est ce que nous allons voir.
Déroutant et hypnotisant
A l’ouverture de la boîte, on ne retrouve rien de particulier permettant de différencier ce GX551 d’un autre ordinateur portable de gamer. Il y a bien ce petit repose poignet en caoutchouc mais rien d’autre.
Fermé, ce Zephyrus ressemble à n’importe quel autre ordinateur de jeu Asus. C’est à l’ouverture que l’ordinateur montre ses différences. En ouvrant le capot, un second écran se dresse. On remarque que l’ajout d’un tel dispositif décale intrinsèquement tout le reste de l’ordinateur vers le bas. Ainsi, on trouve le clavier et le trackpad situés au même niveau, sur le bord inférieur de l’ordinateur. Ce positionnement n’est pas idéal pour taper confortablement ou jouer, c’est pourquoi Asus ajoute dans la boite, un petit repose poignet se plaçant devant l’ordinateur pour apporter plus de confort.
A l’ouverture, le second écran se dresse par un ingénieux système de charnière. Il est en revanche lié à l’écran principal et on ne pourra pas l’orienter à sa guise. C’est un peu dommage mais la solidité de l’ensemble et la résistance dans le temps prévaut. Il faudra simplement faire attention à ne rien laisser entre l’écran secondaire et la base du châssis au risque d’abimer les charnières. L’ensemble a toutefois l’air résistant et un simple oubli du câble de chargement ne devrait pas casser le mécanisme (oui, ça arrive…).
Plus sédentaire que portable
Ce qui caractérise un PC portable est généralement sa compacité. Le Zephyrus Duo GX551 ne déroge pas à la règle mais quelques défauts semblent pourtant apparaître à l’usage.
Le clavier est conforme à ce qu’on trouve sur les ordinateurs de jeu Asus. La touche espace est un peu élargie sur la partie gauche, facilitant l’accès au pouce lors des jeux. Le confort de frappe est idéal et le rétroéclairage RVB ajoute un petit plus à l’ensemble. En revanche, il n’est vraiment pas confortable à utiliser sans le repose poignet fourni et risque d’occasionner quelques douleurs en cas d’utilisation prolongée. Le GX551 ne se destine pas à être utilisé sur les genoux mais bel et bien sur un bureau.
De son côté, le trackpad peut se muer en un astucieux pavé numérique tactile. Le feeling n’est pas des meilleurs mais il fait son travail. En revanche, lorsqu’il s’agit d’utiliser le trackpad pour son utilité première, le constat se ternit légèrement. S’il réagit bien et que les deux boutons physiques apportent un peu de confort, la surface tactile est bien trop petite et étroite et n’est pas cliquable. On préfèrera donc utiliser une souris, mis à part pour les quelques commandes de la navigation par gestes de Windows 10. En jeu, le trackpad, comme toujours, est tout bonnement inutilisable tant l’ergonomie n’est pas adaptée.
Pour le reste, on dénote la disposition particulière des connectiques. En effet, la présence d’un système de refroidissement massif et de l’écran secondaire oblige les ingénieurs d’Asus à déporter les connectiques vers le bas de l’appareil ou au dos. On retrouve ainsi sur la tranche gauche, le port d’alimentation, la prise combo micro-casque ainsi qu’un lecteur de carte micro-SD. Sur la tranche droite se trouvent 2 ports USB Type A et un port USB Type C Thunderbolt. L’arrière présente un port Ethernet, une prise USB Type A et un port HDMI.
Outre le positionnement déroutant des connectiques, notamment celle de l’alimentation, on peut exprimer quelques regrets. En effet, on ne dénombre que 3 ports USB « standards » ce qui peut être un peu limité pour une utilisation gaming. En effet, en branchant un casque PC gamer, une souris et une manette, on arrive déjà à saturation. D’autre part, les ports se situant en majorité sur la droite de l’appareil, les câbles ou dongles branchés risquent de déranger les joueurs les plus nerveux ayant besoin d’espace pour effectuer des mouvements amples.
Le port combo micro-casque risque également d’être réducteur auprès des joueurs souhaitant passer par une connectique micro et casque séparée. Enfin, le part de carte micro-SD n’a que peu d’intérêt à mon sens. En effet, la plupart des appareils utilisent des cartes SD conventionnelles. Il faudra passer par un adaptateur USB-C de préférence.
L’autonomie de cet ordinateur est en revanche catastrophique. Les composants surpuissants ainsi que les 2 écrans 4K demandent beaucoup de ressources à la batterie qui peine à encaisser 3 heures d’utilisation bureautique malgré les réglages d’optimisation. N’espérez pas partir au travail une journée sans son chargeur, vous risqueriez d’être déçu. Le bloc d’alimentation est massif, lourd et encombrant et ajoute un poids non négligeable à l’ensemble et nuit à la portabilité. Un autre défaut réside dans la longueur du câble d’alimentation. En effet, ce dernier est trop court et il faudra trouver une prise à proximité de la machine.
Bien que son design et ses mensurations de mannequin rangent le Zephyrus Duo GX551 dans la case des PC portables, ce dernier ne s’utilisera vraiment qu’une fois branché sur secteur et accompagné de ses périphériques.
Le summum de la performance
Avec une telle configuration, on ne peut s’attendre qu’au top de la performance. Quoi de plus normal avec le top des composants ? Les premiers benchmarks sont révélateurs de la puissance interne de la machine.
Les résultats obtenus sont tout bonnement hallucinants. Seule une machine de bureau moderne et performante pourra surpasser le Ryzen 9 5900HX dans les calculs tandis que la puce NVidia RTX 3080 affiche les polygones et les textures à une vitesse impressionnante.
Les 32 Go de mémoire RAM secondent efficacement l’ensemble et le SSD en RAID 0 apporte un boost supplémentaire. Les chiffres obtenus à l’issue du test CrystalDisk Mark sont excellent mais à relativiser un peu. En effet, la différence avec un SSD NVMe conventionnel ne se ressent presque pas à l’usage, seul les temps de chargement seront un peu plus courts, mais rien de remarquable.
En utilisant des logiciels gourmands en ressources comme ceux de la suite Adobe, on entre dans un nouveau monde. Sur Photoshop, la configuration ne laisse aucun temps mort et l’application de filtres ou de flou se fait très rapidement. L’interface ne souffre d’aucun ralentissement, même en utilisant simultanément Photoshop et Lightroom par exemple.
Les créatifs seront comblés par cette machine capable de calculer à la vitesse de la lumière, que ce soit pour du graphisme, de la photo ou de la vidéo. D’autant plus que l’écran 4K offre une très belle définition et l’étalonnage d’usine des couleurs permet un parfait respect de la colorimétrie des images. On ne détecte aucun « screen bleeding », se traduisant par des fuites de lumières, tandis que la dalle est particulièrement réactive et ne montre aucun effet de ghosting primordial pour les joueurs.
Si les aptitudes professionnels de ce PC Asus ne laissent aucun doute, c’est en jeu que la machine révèle son plein potentiel, et c’est ce pourquoi elle a été conçue. Sans surprise, tous les jeux tournent en Full HD 1080p en poussant tous les curseurs de qualité à fond. Dommage de jouer en Full HD alors qu’on a un écran 4K vissé sur ce châssis. Pas de soucis, la machine parvient à faire fonctionner la majorité des titres en 4K à 60 images par seconde au minimum.
Les titres les plus gourmands en revanche demanderont quelques concessions pour profiter d’une expérience parfaitement fluide. Final Fantasy XV tourne à environ 45 FPS en faisant quelques restrictions tandis que le tout récent Nier : Replicant 1.22 fonctionne à merveille en affichant plus de 60 FPS. Les amateurs de jeu compétitifs ne sont pas non plus lésés puisque les titres comme League Of Legends ou Fortnite peuvent monter à 120 FPS, de quoi profiter pleinement de cette dalle 4K 120 Hz.
Bien entendu, de telles performances ne sont permises que si le système de refroidissement est capable d’encaisser la montée du mercure. Malgré la finesse du châssis, le système de refroidissement occupe une place non négligeable. Asus a fait preuve d’ingéniosité en intégrant au mieux tous les éléments, écran comme refroidissement.
Ainsi, à l’ouverture de l’ordinateur, l’écran secondaire se surélève pour découvrir deux entrées d’air frais. Le système est redoutable d’efficacité puisque le thermomètre n’a pas dépassé la barre des 85 degrés Celsius. Par ailleurs, le système de ventilation en pleine charge se révèle assez bruyant sans être réellement dérangeant à l’usage.
Un bon casque audio comme le tout récent EPOS H3 permet de retrouver le calme d’autant plus que les ventilateurs ne se déclenchent à pleine charge que lors des sessions de jeu. Il est par ailleurs possible d’opter pour le mode « Silencieux » lorsqu’on n’utilise pas l’ordinateur à pleine charge. Cela a pour effet de brider les performances et de couper la ventilation, laquelle ne se déclenche qu’épisodiquement pour palier à une hausse de la température des composants. Le mode « Turbo » sera en revanche privilégié pour jouer, faisant tourner les ventilateurs à pleine vitesse et délivrant le maximum des performances.
Un second écran qui peine à se justifier
La fiche technique du Zephyrus Duo GX551 d’Asus est impressionnante, mais ce qui fait la réelle spécificité de cette machine de gaming est son second écran. Positionné au-dessus du clavier, son intégration décale toute la disposition du clavier et du trackpad et nuit à l’expérience en déplacement.
Le système de charnière est efficace et l’inclinaison de l’écran est bien conçue. J’aurais personnellement apprécié pourvoir incliner cet écran secondaire à ma guise.
Cette seconde dalle est tactile pour faciliter la navigation. Cet écran se comporte ainsi comme un véritable écran secondaire et non comme un dispositif similaire à la TouchBar de certains Macbook. Il est ainsi possible de glisser des onglets internet, d’ouvrir des applications ou d’utiliser cet écran comme centre de contrôle et moniteur des performances grâce à la suite Asus Armoury Crate.
Très intuitif, les créatifs apprécieront de pouvoir déporter certains onglets sur cet écran secondaire. La barre d’outils de Photoshop, l’histogramme ou encore les réglages y trouveront une place de choix, faisant ainsi gagner en confort et en efficacité. De la même manière, la Timeline d’un montage Premiere Pro laissera toute la place à l’aperçu sur l’écran principal.
En jeu en revanche, la présence de ce second écran se montre plus anecdotique. On peut par exemple afficher les statistiques de ses adversaires en ouvrant une page web, ou dérouler la soluce d’un jeu, mais rien qu’un banal écran ne puisse faire. J’ai finalement plus utilisé cet écran pour afficher une vidéo sur Youtube ou mettre de la musique pendant que je joue. Les joueurs ne verront sans doute pas un grand intérêt à un tel dispositif qui apporte son lot de contraintes pour un bénéfice moindre.
Conclusion
Initialement connu sous le nom de Zenbook Duo, Asus a créé une nouvelle itération de sa machine à deux écrans pour en faire un ordinateur de jeu. Si la configuration propose une expérience de premier ordre, le second écran ne se montre pas particulièrement intéressant pour du jeu vidéo.
Cet ordinateur ultra performant propose ce qui se fait de mieux en matière d’ordinateur portable de jeu. Les joueurs exigeants trouveront leur compte mais le second écran n’apporte aucun réel atout pour améliorer l’expérience vidéoludique. Finalement, cet ordinateur portable, plutôt sédentaire, ravira les joueurs à la recherche d’une solution performante et transportable, apportant un petit plus avec son écran secondaire, sans pour autant transcender le segment du jeu vidéo.