Chez Huawei, la série P rassemble, dans les versions haut de gamme tout du moins, ce que la marque fait de mieux en matière de photo. Cette nouvelle génération ne fait pas exception, malgré les restrictions dont souffre le P50 Pro en raison du différend avec l’administration américaine. Une ritournelle dont malheureusement vous commencez à avoir l’habitude.
En résumé
Une nouvelle fois, un smartphone signé Huawei nous pose beaucoup de problèmes au moment d’en conclure le test. Le P50 Pro ne manque pas de qualités : c’est un beau mobile aux finitions impeccables, son écran est excellent et sa partie photo enthousiasmante. Mais il y a un grand « mais ». Malgré son indéniable savoir-faire, la marque chinoise ne peut rien faire face aux restrictions américaines très handicapantes. Difficile de faire passer la pilule de l’absence de 5G sur un smartphone premium. Si cette technologie n’est pas encore réellement indispensable, elle devrait l’être très rapidement sachant que nos opérateurs mettent les bouchées doubles pour en accélérer le déploiement. Acheter aujourd’hui le P50 Pro n’est pas vraiment un bon investissement si vous êtes du genre à changer régulièrement de smartphone. Dommage.
Note technique
Les plus et les moins
- Qualité de fabrication
- Un très bel écran
- Un smartphone très doué en photo
- Étanche
- Autonomie solide
- Pas de services Google
- Absence de 5G
- Interface parfois confuse
Détail des sous notes
Notre test détaillé
Le Huawei P50 Pro débarque sur le marché avec des restrictions qu’il est difficile d’ignorer. Nous avions déjà largement expérimenté l’absence des services Google. Si retrouver ses applications favorites est désormais assez facile avec l’App Gallery de la marque et le moteur de recherche Petal Search, certaines limitations sont plus difficiles, voire impossibles à contourner, comme l’accès à la HD chez Netflix. Sur ce P50 Pro, Huawei a de plus dû désactiver la 5G – pourtant offerte par l’utilisation de la plateforme Qualcomm Snapdragon 888. Difficile en 2022 d’envisager un smartphone haut de gamme sans 5G.
Le P50 Pro est proposé en deux finitions : noir ou or, celle de notre exemplaire. Une seule configuration mémoire est au catalogue : 8 Go de RAM et 256 Go de mémoire de stockage.
Le design, l’ergonomie et l’interface
Le nouveau smartphone de Huawei conserve un air de famille avec son prédécesseur, le P40 Pro, puisque son écran, de quasiment la même taille (6,6 pouces ici contre 6,58 pouces), présente toujours sa dalle incurvée. De face, on ne voit donc quasiment que cet écran, qui occupe plus de 91 % de la surface. En y regardant de plus près, on constate que la marque a revu son système de caméra frontale. Son poinçon est beaucoup discret, car elle n’est plus accompagnée d’un module TOF 3D utilisé pour sécuriser la reconnaissance faciale. Plus bas, nous retrouvons le lecteur d’empreinte digitale qui se montre très rapide. Comme très souvent, sa surface est un peu basse.
Le design de l’arrière du smartphone ne fait pas vraiment dans la discrétion. La coque en verre doré est particulièrement glossy. Les traces de doigt marquent bien la surface lorsque l’on se rapproche, mais elles sont peu visibles de loin. Impossible de passer à côté des caméras ! Les quatre modules s’organisent en deux blocs circulaires de 26,5 mm de diamètre, regroupés sur un socle. Le tout dépasse finalement assez peu.
Les touches physiques sont rassemblées à droite : le boutons de mise sous tension et les touches de volume tombent naturellement sous les doigts. Un bon point sur un smartphone de grande taille. En bas, le connecteur USB-C trône au centre, aux côtés d’une trappe. Elle dégage un support pour une nanoSIM et une NM Card, le format de carte mémoire minuscule prôné par Huawei depuis plusieurs années. Le P50 Pro est un peu plus fin que le P40 Pro (8,5 mm contre 9 mm), et plus léger (195 g contre 209 g).
Sans surprise, les finitions sont au top. Le Huawei P50 Pro répond à la norme IP68, qui garantit son étanchéité.
Si les versions vendues en Chine fonctionnent sous HarmonyOS, le système d’exploitation maison, les autres utilisent une version basique d’Android 11 sur laquelle vient se plaquer l’interface EMUI 12. Huawei doit se passer des services Google et des applications liées au géant américain. La marque développe donc des équivalents en interne : App Gallery pour le Play Store, Petal Maps pour Google Maps… Les idées sont là, avec des particularités et de nouvelles fonctionnalités intéressantes. Nous apprécions notamment Petal Search, le moteur de recherche universel qui permet par exemple de trouver facilement des applications sous la forme de fichiers APK. Malgré tout, à l’usage, des limites apparaissent et la question de la sécurité des données personnelles mérite d’être soulevée quand il s’agit d’installer des applications non officielles.
L’écran
L’écran du Huawei P50 Pro s’appuie sur une dalle OLED affichant une définition de 1 228×2 700 pixels se traduisant par une excellente densité de 449ppp. Cet écran s’offre une fréquence de rafraîchissement de 120 Hz, contre 90 Hz pour son prédécesseur, avec un mode dynamique qui adapte ce taux à l’utilisation qui est faite du smartphone.
Bien entendu, nous avons soumis cet écran aux sondes de notre Labo. Elles ont ainsi mesuré un taux de contraste pour 5 de 361, un chiffre assez bon, mais la concurrence propose souvent mieux aujourd’hui. On peut par exemple évoquer l’iPhone 13 Pro Max, qui atteint 512:5. La progressivité est plutôt correcte, le P50 Pro n’aura donc aucune peine à retranscrire de nombreuses nuances de gris.
En allumant le smartphone, sans toucher donc aux réglages autorisés par les menus d’EMUI 12, la fidélité des couleurs est exemplaire, tutoyant la perfection, selon nos sondes. Celles-ci se sont ensuite attachées à mesurer la directivité de l’écran du Huawei P50 Pro. Une nouvelle fois, il apparaît comme un bon élève, mais pas non plus le premier de la classe. Avec un angle de vision de 30°, la perte de luminosité se porte à 34 % – contre 25 % pour l’iPhone 13 Pro Max. Avec un angle de 45°, ce chiffre atteint 63 %.
Performances & rapidité
Si les modèles vendus en Chine s’appuient sur le processeur maison Kirin 9000, les autres font confiance au Qualcomm Snapdragon 888. Couplé à 8 Go de mémoire vive, il offre une expérience placée sous le signe de la fluidité. Aucun ralentissement n’est venu perturber notre expérience et tous les jeux fonctionnent parfaitement, même avec les détails poussés à fond.
Malgré tout, les résultats obtenus face à notre exigeant protocole de test sont plutôt décevants. Ils baissent fortement dès le second niveau d’intensité, qui correspond à des usages moyens. Les performances continuent de décroître ensuite jusqu’à correspondre à une mécanique presque à genoux. Le Samsung Galaxy S21 FE, doté du même processeur s’est comporté beaucoup mieux. Une explication résiderait peut-être par un fonctionnement « sage » du processeur par défaut, qui permettrait d’optimiser l’autonomie. Il fonctionnerait à 100 % de ses capacités en activant le mode Hautes Performances manuellement, chose que nous ne faisons logiquement pas lors de nos évaluations.
Le Huawei P50 Pro chauffe de manière sensible. Le dos tiédit donc, mais sans que cela entrave réellement le confort.
La photo
Pour développer et optimiser le sous-système photo de son P50 Pro, Huawei s’associe toujours à Leica. Le smartphone, centré sur l’usage photo, propose un ensemble de caméras très complet avec quelques originalités. Avant d’aller plus loin, un tour d’horizon s’impose. Le module principal est sans surprise le grand-angle, avec une optique f/1,8 correspondant à un 23 mm argentique. Derrière, c’est un capteur de 50 mégapixels qui officie avec la technologie pixel binning, produisant donc des clichés de 12,5 mégapixels.
La seconde caméra est un ultra grand-angle de 13 mm en équivalent argentique. L’optique f/2,2 est associé à un capteur de 13 mégapixels.
Plus original, bien que se rapprochant du système du Samsung S21 Ultra, le téléobjectif x3,5 (équivalent d’un 90 mm) s’appuie sur un gros capteur de 64 mégapixels qui produit des photos de 16 mégapixels via le pixel binning. En taillant dans une grosse photo de 64 mégapixels et en mettant en œuvre divers traitements numériques, Huawei propose un mode x10 présenté comme étant sans perte.
Enfin, une quatrième caméra monochrome f/1,6 armée d’un capteur de 40 mégapixels est là pour les photos en noir et blanc et pour assister le module principal en basse luminosité et pour les portraits.
Premier constat, le grand-angle réalise des photos gorgées de détails, avec une grande dynamique et une excellente gestion de la lumière. Les couleurs sont légèrement boostées, mais elles ne tombent jamais dans l’outrancier. Le contraste est lui aussi particulièrement impressionnant. Cette caméra se montre tout aussi à l’aise en basse luminosité, y compris si vous n’utilisez pas le mode nuit.
L’ultra grand-angle offre un niveau de détails surprenant au regard de son capteur de seulement 13 mégapixels. Les couleurs sont homogènes par rapport au grand-angle. Les clichés sont plutôt nets, car cette caméra bénéficie d’un autofocus. La distorsion optique demeure sous contrôle. De nuit, les résultats sont plutôt bons et exploitables, y compris sur un grand écran.
Le téléobjectif x3,5 produit lui aussi de belles images détaillées. Netteté et dynamique sont au programme. En passant au x10, nous obtenons des photos d’une étonnante qualité : de toute évidence, Huawei maîtrise son affaire. Au-delà – le P50 Pro peut atteindre le x100 –, les choses se dégradent rapidement, mais c’est plutôt logique.
Le mode Nuit se montre finalement assez efficace en mode x3,5, aboutissant à des images tout à fait pertinentes. Le zoom x10 est un plus à la peine peine, mais nous sommes clairement un ton au-dessus de l’immense majorité de la concurrence.
Un petit mot au passage sur les superbes images en noir et blanc que le P50 Pro permet de réaliser avec sa caméra dédiée (mode accessible dans Plus puis Monochrome).
Le mode Portrait, qui bénéficie de l’apport de ce capteur monochrome, est très séduisant avec un détourage précis et un flou d’arrière-plan conservant un certain naturel. La caméra frontale s’appuie sur un capteur de 13 mégapixels et fait également du bon travail.
Le smartphone peut filmer jusqu’en 4K à 60 images par seconde avec en prime un mode Ultra Ralenti de 960 fps en 1080p. Les clips que nous avons réalisés nous ont permis d’apprécier des images dynamiques et détaillées.
Qualité audio
Si le P40 Pro ne disposait que d’un seul haut-parleur, son successeur a bien deux transducteurs, une option tout simplement indispensable aujourd’hui sur un modèle haut de gamme. La qualité du son est plutôt bonne selon nos mesures, avec une courbe de réponse en fréquences assez pleine. Les deux haut-parleurs manquent un petit peu de puissance avec 67 dB. Le S21 FE de Samsung atteint par exemple 74 dB dans notre Labo.
L’absence de prise casque nécessite de passer soit par l’USB soit, et cela devrait être le cas le plus fréquent, par des écouteurs Bluetooth. Nous avons mesuré la qualité de ce protocole de communication : elle s’est montrée très bonne.
Huawei peut difficilement intégrer de technologies américaines et, de ce fait, il faut se passer du Dolby Atmos. Le P50 Pro propose cependant plusieurs améliorations du son, comme les effets Huawei Histen.
Communication
En raison des restrictions perdurant depuis le mandat de Donald Trump, la plateforme de Qualcomm, et plus particulièrement son modem, se voit ici amputé de la compatibilité 5G. Il faudra donc se contenter de la 4G – une 4G rapide, certes, et capable de tirer plus que 100 % du réseau déployé en France, mais cette absence constitue un redoutable écueil pour le succès commercial de ce smartphone.
Nous l’avons soumis à l’ensemble de nos tests afin d’estimer sa capacité à capter un réseau mobile et à conserver sa connexion. Le P50 Pro se montre tout à fait convaincant avec la traditionnelle petite faiblesse pour la bande 8 de la 4G. Nous trouvons par ailleurs le wifi 6, qui se montre efficace.
Autonomie
Le Huawei P50 Pro dissimule une batterie de 4 360 mAh (4 200 mAh pour son prédécesseur), une capacité qui n’impressionne pas vraiment aujourd’hui. En pratique, utilisé comme smartphone principal, il a résisté sans mal à une grosse journée, mais une recharge nocturne sera nécessaire.
Et face à notre test, toujours basé sur l’exécution de scripts JavaScript ? Le P50 Pro obtient l’excellent temps de 14 h 28, qui renvoie dans ses pénates le Samsung Galaxy S21 FE (8 h 48).
Le smartphone de Huawei apporte une technologie de recharge rapide qui s’appuie sur un bloc secteur (fourni) de 66 W. À l’usage, la batterie retrouve 50 % de sa charge en un peu plus de 15 minutes et 100 % en 50 minutes. Notre protocole, qui lui fait courir l’horloge jusqu’à ce que plus la moindre once d’électricité ne soit tirée de la prise secteur, est forcément plus sévère. Nous obtenons un temps de charge de 91 minutes. Pour rappel, le S21 FE de Samsung revendique lui 135 minutes. Le P50 Pro dispose aussi d’une solution de recharge sans fil rapide avec une puissance de 50 W.
Général
Dimensions & poids
Conclusion
Une nouvelle fois, un smartphone signé Huawei nous pose beaucoup de problèmes au moment d’en conclure le test. Le P50 Pro ne manque pas de qualités : c’est un beau mobile aux finitions impeccables, son écran est excellent et sa partie photo enthousiasmante. Mais il y a un grand « mais ». Malgré son indéniable savoir-faire, la marque chinoise ne peut rien faire face aux restrictions américaines très handicapantes. Difficile de faire passer la pilule de l’absence de 5G sur un smartphone premium. Si cette technologie n’est pas encore réellement indispensable, elle devrait l’être très rapidement sachant que nos opérateurs mettent les bouchées doubles pour en accélérer le déploiement. Acheter aujourd’hui le P50 Pro n’est pas vraiment un bon investissement si vous êtes du genre à changer régulièrement de smartphone. Dommage.