Test Razer Kishi V3 Pro et XL : des manettes exceptionnelles pour smartphone à la tablette, mais…

Le jeu sur smartphone n’est plus depuis longtemps un simple passe-temps. Entre les titres aux graphismes évolués, les portages de jeux console et l’essor du cloud gaming via des services comme le Xbox Game Pass ou GeForce Now, le mobile est devenu une véritable plateforme de jeu. Conscient de ce potentiel, Razer, spécialiste bien connu des périphériques pour joueurs, cherche depuis quelques années à imposer sa vision des manettes pour appareils mobiles. La marque revient avec la Kishi V3 Pro pour smartphones et sa déclinaison XL pour tablettes.

Ces manettes ne se contentent pas de vouloir remplacer les contrôles tactiles. Elles ambitionnent carrément de répliquer les sensations d’une manette haut de gamme. Pour y parvenir, elles s’arment de composants de pointe : microswitchs, joysticks et gâchettes à effet Hall, et même des vibrations haptiques avancées signées Sensa HD.

Proposées à des tarifs conseillés de lancement de 169,99 € pour la version smartphone et 229,99 € (!) le modèle XL pour tablette, les Kishi V3 Pro se positionnent sur un segment premium, voire élitiste. La question est donc de savoir si cette débauche de technologie justifie un tel investissement et si la promesse d’une expérience de jeu transformée est tenue sur les deux formats.

Un design qui lorgne vers les consoles

Dès le premier contact, la Razer Kishi V3 Pro marque sa différence avec ses devancières et une bonne partie de la concurrence. Là où beaucoup de manettes mobiles misent sur la compacité, quitte à sacrifier le confort, Razer a fait le choix inverse. Dans la droite lignée de la Kishi Ultra (testée dans nos colonnes), dont elle s’inspire en abandonnant au passage les bandeaux lumineux, la V3 Pro est plus large, plus massive, et surtout, elle arbore de véritables poignées ergonomiques.

Ce changement, qui peut paraître anodin, transforme radicalement la prise en main. D’un coup, on a véritablement la sensation d’avoir une manette de console entre les mains. Logiquement, les longues sessions de jeu s’en trouvent bien plus agréables, notamment si vous avez de grandes mains.

Le système de fixation, un pont extensible qui a fait ses preuves depuis la V2, est reconduit sur la version smartphone. Il permet d’accueillir une large gamme de modèles Android, y compris les plus grands, ainsi que les récents iPhone 15 et iPhone 16 grâce à leur passage à l’USB-C. Razer a eu la bonne idée de fournir deux jeux de cales en caoutchouc amovibles. Celles-ci permettent d’ajuster parfaitement le smartphone dans son logement, même s’il est protégé par une coque fine. La compatibilité s’étend même à certaines petites tablettes, comme l’iPad Mini. La qualité de fabrication est au rendez-vous. Les plastiques utilisés sont denses, la finition est soignée et l’ensemble respire la solidité. Aucun craquement ne se fait entendre, même en manipulant fermement l’accessoire.

Et la version XL ? La révolution pour tablette, mais pas sans compromis

Sa grande sœur, la version XL, reprend cette excellente philosophie de conception pour ses deux poignées. La différence, et elle est de taille, se situe au niveau du pont central qui les relie. Celui-ci est démesurément plus long pour pouvoir accueillir des tablettes jusqu’à 13 pouces. Il en résulte un accessoire vraiment très grand. S’il trouve sa place dans un sac à dos, il se montre sacrément encombrant.

Pourtant, c’est bien là, sur le jeu sur tablette, que la version XL se pose en véritable révolution. S’il existe déjà quelques manettes pour ardoises tactiles, elles sont souvent de piètre qualité. La Kishi V3 Pro XL est donc, et de très loin, ce qui se fait de mieux dans le genre. Néanmoins, elle n’est pas parfaite pour autant. Son premier compromis est lié à son encombrement. Une fois équipée de la manette, une tablette comme l’iPad Pro de 13 pouces pèse lourd au bout des bras.

Pour jouer confortablement, nous avons vite pris l’habitude de la faire reposer sur nos genoux. Bien sûr, il s’agit-là d’un cas un peu extrême, avec l’une des plus grandes tablettes disponibles sur le marché. En revanche, avec une Samsung Galaxy Tab S10 FE ou une Xiaomi Pad 7 Pro, plus légères, le poids se fait nettement moins sentir et il devient envisageable de la tenir face au visage. Tout est donc question d’habitude et de trouver la position la plus confortable. C’est le prix à payer pour jouer sur un grand écran avec de telles commandes, et le jeu en vaut clairement la chandelle.

L’autre déception, et elle est de taille, tient à l’exclusivité de son usage. La partie centrale est si longue qu’aucun smartphone ne peut venir s’y ancrer solidement. Si vous tentez l’expérience, il ne sera maintenu que par son port USB-C, ce qui est évidemment à proscrire. On comprend que les ingénieurs de Razer n’aient pas trouvé de solution miracle pour rendre l’accessoire universel, mais au regard de son prix encore plus élevé que celui de la version smartphone, ce manque de polyvalence est assez dommage.

Des contrôles dignes d’une console ?

C’est sans doute sur la qualité de leurs contrôles que les Kishi V3 Pro entendent creuser l’écart. Et sur ce point, il faut reconnaître que Razer n’a pas fait dans la demi-mesure. Les boutons (A, B, X, Y), la croix directionnelle et les boutons de tranche (L1/R1) sont tous équipés de microswitchs.

Le résultat est un retour tactile très net, un clic précis et réactif qui rappelle celui d’une souris de jeu. Les deux joysticks analogiques constituent un autre point fort. Razer a opté pour une technologie à effet Hall qui, en utilisant des aimants, élimine les contacts physiques responsables de l’usure et du fameux drift. Un gage de précision et de durabilité. Pour ne rien gâcher, les chapeaux des joysticks sont interchangeables (une paire concave et une paire convexe sont fournies).

Les gâchettes analogiques (L2/R2) bénéficient elles aussi de cette technologie, offrant une course longue et progressive idéale pour les jeux de course ou de tir. Deux boutons supplémentaires programmables (M1/M2), placés à proximité, complètent cet arsenal. Enfin, la présence d’une prise audio jack 3,5 mm est un ajout bienvenu et presque surprenant à l’heure du tout-Bluetooth.

L’immersion par les vibrations et l’application

L’un des arguments phares de cette version « Pro » est l’intégration de la technologie haptique Razer Sensa HD. Dans les faits, la technologie est prometteuse et offre sur les quelques jeux compatibles des effets plus subtils qu’une vibration classique. Cependant, le catalogue de titres exploitant pleinement cette fonction reste encore trop limité. Il s’agit donc plus d’un pari sur l’avenir que d’une fonctionnalité indispensable à l’heure actuelle.

Pour orchestrer le tout, Razer s’appuie sur son application maison, Razer Nexus. Gratuite, elle fait office de hub central, regroupant vos jeux et permettant une personnalisation poussée de la manette (remappage, courbe des joysticks, etc.). Sa fonctionnalité la plus intéressante reste le mode « Contrôleur Virtuel ». Celui-ci permet de jouer à des titres non compatibles avec les manettes, comme Genshin Impact, en superposant des boutons virtuels sur l’écran tactile. Une fonction qui, malgré un paramétrage parfois un peu compliqué, ouvre la porte à une ludothèque quasi infinie.