Le successeur du X-S10 ressemble beaucoup à son aîné, en apparence. En interne, se cachent de belles évolutions, qui en font un boîtier plus expert. Explications.
En résumé
Situé en milieu de gamme, le X-S20 penche plutôt du côté des boîtiers experts. Son autonomie, largement revue à la hausse, et surtout, ses performances boostées par la présence du processeur de cinquième génération, le placent en modèle réduit du très apprécié X-T4. Les photographes qui n’ont guère d’intérêt pour la vidéo regarderont plus dans la direction du X-T5 et ses 40 Mpx, avec une ergonomie plus pensée pour la prise de vue fixe, et une construction plus robuste, aussi. Mais pour ceux qui sont sensibles aux capacités vidéo, en parallèle du pedigree photographique, le X-S20 est un modèle très réussi. Quant au choix en matière d’optiques, la gamme Fujinon au format APS-C recèle de nombreuses pépites. Un excellent modèle, dont le prix, plus élevé que celui du X-S10 à sa sortie, est néanmoins justifié par le gain de performances.
Note technique
Les plus et les moins
- Qualité d’image
- Stabilisation efficace
- Autofocus très fiable
- Autonomie confortable
- Connectique complète
- - Fonctions vidéo très abouties
- Viseur Oled 2,36 Mpts seulement
- Construction non protégée contre les intempéries
- Mémoire tampon trop juste en RAW + JPEG en rafale
- - Menus perfectibles et navigation non tactile
Où situer le X-S20, dans la grande famille des hybrides Fujifilm X, c’est-à-dire les modèles pourvus d’un capteur au format APS-C (il existe aussi les GFX, dotés de capteurs moyen format) ? Ce modèle, qui succède au X-S10, assure la jonction entre les univers amateur et expert. Il vient ainsi s’intercaler entre les X-E4 et X-T30 II (et le X-S10, qui demeure au catalogue), et les X-T4, X-T5, boîtiers qui visent des photographes plus chevronnés.
Tandis qu’au sommet, trônent les X-H2S et X-H2, avec leur ergonomie particulièrement aboutie, mais un gabarit bien plus affirmé, sans oublier le X-Pro3, qui fait bande à part, avec son viseur hybride, à la fois optique et électronique (comme sur la déjà mythique série de compacts experts X100 de Fujifilm). Le X-S20 réunit ainsi beaucoup d’ingrédients qui ont contribué au succès du X-S10, tout en s’emparant de fonctionnalités apparues depuis, ce qui lui octroie un gain significatif en matière de performances…
X-S10 vs X-S20
À première vue, il n’y a pas de grandes différences entre les X-S10 et X-S20. Le principe demeure le même : un appareil un brin rétro, avec un prisme anguleux, qui dissimule bel et bien un viseur Oled de 2,36 Mpts, avec à l’arrière une dalle montée sur rotule, que l’on peut orienter dans toutes les directions. Pourtant par rapport à son glorieux aîné, si les points communs sont nombreux, on s’aperçoit rapidement que les différences, subtiles en apparence, établissent une hiérarchie claire, en faveur du petit nouveau.
Si on trouve le même capteur Cmos X-Trans 4 de 26 Mpx, c’est un processeur nouvelle génération (X-Processor 5) qui officie au sein du X-S20. Le facteur X. Ce dernier apporte notamment toute une série d’algorithmes de détection de sujets, également à l’ordre du jour sur des modèles plus haut de gamme, à l’instar du X-T5, ce qui explique les améliorations en termes de mise au point. Nous y reviendrons plus en détail. Ce processeur a également un impact sur le système de stabilisation intégré. Le X-S10 procurait un gain de 6 IL, désormais, le X-S20 atteint 7 IL. C’est là un point crucial, par rapport aux X-E4 et X-T30 II, qui eux, sont dépourvus de système de stabilisation en interne. Différence plus mineure, mais différence tout de même, la définition de l’écran LCD passe de 1,62 Mpts sur le X-S10 à 1,84 Mpts sur le X-S20.
L’autonomie est supérieure sur le X-S20, par rapport à son aîné. Logique, l’accu est celui qui alimente le X-S10 est la NP-W126S ; le X-S20 fonctionne pour sa part avec la NP-W235. Ce qui explique la trentaine de grammes en plus entre les deux modèles, et une poignée plus protubérante. Mais surtout, une capacité de 750 vues (norme CIPA), contre 325 précédemment. Ce qui sera précieux pour d’intenses sessions de Vlogging (la mise en avant de cette fonction sur la molette supérieure n’échappera pas aux adeptes du genre).
Il faut au passage noter la présence de deux orifices au dos du boîtier, une fois l’écran LCD déporté sur le côté : il est en effet possible de greffer le ventilateur optionnel(FAN-001) prévu pour les X-H, sur le X-S20… avec une prise casque et une sortie micro il y a de quoi contenter les férus de vidéo. Ce qui le fait pencher un peu plus du côté expert que grand public. Ce qui se ressent au niveau de la facture, puisque le X-S20 est proposé à 1399 € nu, quand le X-S10 coûtait 1099 €, sans optique, en 2020.
Ergonomie / Menus
Cette impression d’expertise accrue se ressent lors de la prise en main. La poignée, plus large, procure une préhension sûre, même si certains auront l’impression d’avoir un petit doigt en trop. La construction en alliage de magnésium inspire confiance, même si le niveau de protection n’atteint pas celui de boîtiers situés plus haut dans la hiérarchie.
Pas de surenchère en matière de molettes et roues de réglages, ce qui reste le monopole des modèles plus haut de gamme. Il y a toutefois suffisamment de possibilités de paramétrages fins pour personnaliser les différentes touches à sa guise. Un attribut en revanche, que les X-T et X-H ne peuvent revendiquer : le flash intégré, déjà présent sur le X-S10 et reconduit ici. Toujours utile pour déboucher un contre-jour, ou jouer avec la synchro sur le second rideau et obtenir des images créatives.
L’écran arrière, monté sur rotule, offre une grande latitude en matière de cadrage, tant en photo qu’en vidéo, dans la lignée des X-S10, mais aussi du X-T4, auquel il fait furieusement penser, à l’usage, dans une version allégée et plus épurée.
L’architecture des menus mériterait d’être rafraîchie depuis plusieurs générations de Fujifilm X, histoire d’y voir un peu plus clair, tant ces modèles, à l’instar du X-S20 regorgent de fonctions. Et s’il est possible d’agir tactilement sur les réglages de prise de vue, ou en mode Lecture, pour faire défiler les images, il n’est pas possible de naviguer dans les menus du bout des doigts.
Suivi autofocus et rafale
Vous avez apprécié les performances du X-T5 https://leclaireur.fnac.com/test/215624-prise-en-main-du-fujifilm-x-t5/ ? Vous serez également sous le charme de celles délivrées par le X-S20. Fort logiquement, puisque les deux appareils sont équipés du puissant processeur de cinquième génération. La seule différence entre les deux boîtiers se situe au niveau de la définition. Celle du X-T5 est de 40 millions de pixels, elle peut même atteindre 160 Mpx grâce à la fonction haute résolution. Sur le X-S20, il faut se contenter de 26 Mpx, sans fonction haute résolution à l’horizon.
Mais pour le reste, les performances sont très similaires. Le système autofocus est ainsi étonnamment riche pour un appareil de cette catégorie. Nous l’avons évoqué précédemment, plusieurs algorithmes de détection de sujets figurent au menu : chats, chiens, avions, motos, vélos… Et sur le terrain, cela fonctionne de manière très efficace. Le suivi est fiable, comme nous l’avions constaté avec le X-T5. Un rectangle confirme la détection du sujet, qu’il s’agisse d’un chat, d’un cycliste ou d’un avion, selon le mode sélectionné ; Fujifilm pourrait même aller plus loin en proposant un mode Automatique de détection.
En ce qui concerne la gestion des modes autofocus, on peut simplement regretter la disparition du curseur M/C/S en façade, si pratique pour basculer du mode AFS à AFC. Pour déplacer les collimateurs, le joystick est précieux, et il est possible d’utiliser la surface tactile de l’écran LCD, tout en ayant l’œil dans le viseur. En mode Lecture, on s’aperçoit de l’efficacité de la détection des visages, quand une personne est photographiée, de face, de profil ou de dos.
La seule véritable limite du X-S20 se situe au niveau de la mémoire tampon. Les rafales sont séduisantes sur le papier (jusqu’à 20 im/s en obturation électronique en exploitant toute la surface du capteur et même 30 im/s avec un recadrage 1,25x). Bien que l’unique compartiment pour cartes SD soit compatible avec la norme UHS-II, la cadence s’estompe, au bout d’une trentaine d’images, en Raw + JPEG. Il faut bien en laisser un peu aux ténors de la gamme, le X-H2S en tête !
Qualité d’image et stabilisation
Le système de stabilisation sur cinq axes progresse par rapport au X-S10, gagnant un IL au passage. Avec le XF 50 mm f/2 (équivalent 75 mm en 24 x 36), nous sommes parvenus à réaliser des photos nettes à main levée en employant des temps de pose de 1/2s sans la moindre difficulté.
Cette efficacité présente l’avantage de pouvoir se passer d’un trépied, dans la plupart des cas, et de limiter la montée en sensibilité Iso, même si la qualité d’image fait indéniablement partie des points forts du X-S20. Le capteur de 26 Mpx est bien connu depuis plusieurs générations de Fujifilm X. La qualité des fichiers impressionne, jusqu’à 12 800 Iso.
Les JPEG délivrés par les boîtiers Fujifilm sont parmi les meilleurs du marché, grâce notamment aux modes de simulations de films, toujours aussi séduisants à l’usage : Acros, Classic Chrome, Astia, Provia… Il est également possible d’en créer soi-même, en suivant les recettes de l’application Fuji Recipes. Pour retrouver, par exemple, le charme de la pellicule Kodachrome 64. Reste qu’en passant d’un X-T5, ou même d’un X-T3, au X-S20, on constate la moindre définition, et un confort de visée inférieur, sur ce dernier. Ce qui assoit sa position « entre-deux ».
Vidéo
La montée en régime de la vidéo sur les boîtiers Fujifilm est plutôt récente. Sur les modèles APS-C, elle date du premier X-H1 (2018), mais elle s’est surtout matérialisée sur le X-T4 (2020), dont le X-S20 semble être le digne héritier. Les possibilités de réglages sont impressionnantes. D’ailleurs, sur le site de Fujifilm, la liste des caractéristiques liées à ce domaine figure séparément, tant elle est vaste. Il est notamment permis d’enregistrer en 4K 50p 10 bits en interne, en ALL-Intra ou Long GOP, et de greffer le ventilateur optionnel (FAN-001) pour dissiper la chaleur, lors de tournages longue durée. Des éléments que l’on trouve d’ordinaire plutôt sur des modèles très experts. L’accessoire est tout de même recommandé si vous souhaitez filmer en ultra HD plus d’une vingtaine de minutes en continu, car lors de nos essais, en intérieur, l’alerte de montée en température s’est manifestée dans ces conditions.
Pour ce qui est du stockage, il est possible de passer par un enregistreur externe via la sortie HDMI (type D), outre la carte SD. Autre corde, plus visible, à l’imposant arc vidéo du X-S20, le mode Vlog, qui figure sur la molette de prise de vue. Une fois enclenché, un message invite à vérifier le réglage de la distance du sujet par rapport au micro ; la prise dédiée au casque, sur la droite du boîtier, permet de régler le son. La détection des visages et des yeux est également prise en compte automatiquement dans ce mode, et fonctionne de manière efficace. Une fois l’enregistrement lancé, un cadre rouge s’affiche toute la durée du tournage. L’accessoire optionnel TG-BT1 fait office de trépied et commande Bluetooth, pour tourner une séquence Vlog en mouvement. Et la gestion du rolling shutter mérite d’être soulignée.
On constate, autant en photo qu’en vidéo, l’excellente autonomie octroyée par la batterie NP-W235. Et la possibilité de raccorder le X-S20 à un chargeur externe en USB, tout en l’utilisant, accroît encore sa capacité.
Conclusion
Situé en milieu de gamme, le X-S20 penche plutôt du côté des boîtiers experts. Son autonomie, largement revue à la hausse, et surtout, ses performances boostées par la présence du processeur de cinquième génération, le placent en modèle réduit du très apprécié X-T4. Les photographes qui n’ont guère d’intérêt pour la vidéo regarderont plus dans la direction du X-T5 et ses 40 Mpx, avec une ergonomie plus pensée pour la prise de vue fixe, et une construction plus robuste, aussi. Mais pour ceux qui sont sensibles aux capacités vidéo, en parallèle du pedigree photographique, le X-S20 est un modèle très réussi. Quant au choix en matière d’optiques, la gamme Fujinon au format APS-C recèle de nombreuses pépites. Un excellent modèle, dont le prix, plus élevé que celui du X-S10 à sa sortie, est néanmoins justifié par le gain de performances.