En résumé
Sony s’essaye avec la Playstation Classic à l’exercice de la réédition de consoles anciennes qui a particulièrement réussi à Nintendo, mais se montre un peu moins convaincant. Si la console en elle-même ne peut qu’émouvoir avec son format mignon et sa plastique fidèle à la PlayStation première du nom, la magie a plus de mal à opérer une fois qu’elle est lancée. En plus d’être peu travaillée et engageante, l’interface utilisateur développée par Sony pour l’occasion manque d’options d’habillage ou d’embellissement qui n’auraient certainement pas été de trop. Les jeux 3D de la PlayStation, particulièrement, ont très mal vieilli, tant au niveau graphique qu’en matière de gameplay. La 2D est plus facile à apprécier aujourd’hui, mais d’autres petits détails comme l’absence de traduction/doublage en français, ajoutés à une sélection de 20 titres ne pouvant être que frustrante au regard de l’immense catalogue de la PlayStation, font que cette version Classic fera avant tout un bel objet de collection en l’état.
Note technique
Les plus et les moins
- Reproduction fidèle du modèle de 1995
- Deux manettes fournies
- Quelques jeux encore plaisants à jouer
- Sélection de jeux frustrante
- Des jeux 3D qui ont très mal vieilli
- Interface austère et manquant d'options
Notre test détaillé
Surfant sur la mode du retrogaming qui a encore pris de l’ampleur avec le lancement de la NES Classic Mini de Nintendo, Sony a décidé de ressortir la première PlayStation et la propose dans un format réduit avec une sélection de 20 titres. Faut-il craquer ? Nous avons pu l’essayer.
Peu ont été étonnés quand Sony a annoncé sa PlayStation Classic il y a quelques mois. Il faut dire que les consoles rétro sont la nouvelle mode chez les fabricants. Avant Sony, Nintendo a en effet dégainé coup sur coup la NES Classic Mini puis la Super NES Classic Mini, avant que SNK ne lui emboîte le pas avec la Neo Geo Mini. Le père de la PlayStation est donc le dernier à se joindre à la bagarre. Dans la mesure où il est également arrivé après les autres sur le marché du jeu vidéo, il n’a pas de console 16-bits à proposer aux nostalgiques. C’est donc logiquement sa première PlayStation, sortie en 1995 en Europe, qui se trouve ici miniaturisée.
L’ergonomie et la prise en main
Si vous avez connu la première PlayStation, cette réédition Classic devrait immédiatement faire resurgir vos souvenirs de l’époque malgré ses dimensions réduites de 260 x 45 x 285 mm à 149 x 33 x 105 mm. Le système est également très léger, puisqu’il ne pèse que 170 grammes. Pour arriver à un tel concentré de nostalgie, donc, Sony a pris soin de conserver au mieux les détails de la console de 1995 en la miniaturisant. On y retrouve l’ensemble des boutons, y compris celui de l’ouverture du couvercle ici scellé, le témoin lumineux à l’avant ou encore les emplacements pour cartes mémoire pourtant inutilisables. Seule la connectique a été modifiée, pour des raisons aussi pratiques qu’esthétiques.
Les ports propriétaires des manettes ont ainsi été remplacés par de l’USB-A permettant de retrouver des proportions similaires entre leur fiche et la console, et la connexion au téléviseur se fait logiquement en HDMI. Petit changement pour l’alimentation aussi, puisque la PlayStation passe à un port microUSB, associé d’ailleurs à un simple câble microUSB/USB-A fourni sans adaptateur secteur. Il est toutefois possible d’utiliser celui d’un smartphone. Ce ne devrait donc pas être un réel problème, et l’installation reste assez facile grâce à des câbles à la longueur correcte, que ce soit pour l’alimentation ou la connexion HDMI.
Du côté des manettes, que Sony livre donc par deux, le câble mesure 1,50m et permettra de ne pas avoir le nez trop collé à l’écran en jouant. On verra d’ailleurs un peu plus bas que c’est un détail important pour pouvoir apprécier l’aspect graphique des jeux. En attendant, on notera que les manettes sont strictement identiques à celles de l’époque, tant au niveau des dimensions que des commandes qu’elles intègrent, mais elles restent également très proches des manettes plus récentes de Sony malgré l’absence de joysticks et de vibrations. Certains regretteront d’ailleurs peut-être l’absence de manettes DualShock, mais le choix de Sony semble justifié pour une console misant avant tout sur la nostalgie.
La DualShock est arrivée dans le commerce quelques années après la console, en 1997, et aurait donc écourté le voyage dans le temps. Les modèles plus récents, comme la DualShock 3 livrée avec un câble USB, ne sont évidemment pas supportés. Rappelons d’ailleurs que c’est loin d’être la seule limite de cette PlayStation Classic, qui est vendue, à l’instar des autres machines du genre, comme un système fermé. Seules les manettes fournies fonctionnent donc avec, et il est impossible de jouer à d’autres titres que les 20 pré-installés sans flasher la console. Il n’y pas de lecteur CD et les ports USB ne permettent pas, nativement, l’installation de jeux depuis un support externe.
L’interface et les jeux
Pour allumer la console, il suffit tout naturellement d’appuyer sur le bouton « Power ». Une interface épurée, presque austère, se matérialise alors sous nos yeux pas vraiment ébahis. Cette interface est certes « propre », mais elle se montre particulièrement pauvre en options. Elle comporte un carrousel qui permet de faire défiler les jaquettes de jeux, une zone de paramètres, et puis c’est tout. Il n’y a donc strictement aucune option graphique, tant pour le format de l’image que pour un éventuel lissage. Il faudra aussi composer avec les bandes noires qui escortent immanquablement l’image puisque Sony a choisi de laisser le format d’origine, à savoir le 4:3. Ce qui n’a rien de scandaleux. Mais nous aurions aimé pouvoir personnaliser les bandes noires avec des habillages ou des aplats de couleurs, un peu comme ce que propose Nintendo sur ses Mini.
Cette absence d’options a néanmoins le mérite d’accélérer le lancement des jeux, puisqu’il n’y a finalement aucun menu à explorer avant. Il suffit de les faire défiler jusqu’à trouver celui qui vous fait envie, et c’est parti. Profitons-en pour rappeler que 20 sont pré-installés, et en voici la liste :
– Tekken 3
– Wild Arms
– Jumping Flash
– Ridge Racer Type 4
– Final Fantasy VII
– Battle Arena Toshinden
– Cool Boarders 2
– Destruction Derby
– Grand Theft Auto
– Intelligent Qube
– Metal Gear Solid
– Mr Driller
– Oddworld: Abe’s Oddysee
– Rayman
– Resident Evil Director’s Cut
– Revelations: Persona
– Super Puzzle Fighter II Turbo
– Syphon Filter
– Tom Clancy’s Rainbow 6
– Twisted Metal
Nous ne reviendrons pas sur les qualités intrinsèques de chaque jeu. Dans l’ensemble, la sélection de Sony est assez éclectique et la majorité des titres sont au minimum connus, quand ils ne sont pas emblématiques, mais la capacité à les apprécier aujourd’hui tiendra plutôt aux souvenirs qui leur sont associés tant il peut être difficile de fermer les yeux sur leur aspect graphique souvent dépassé. C’est surtout vrai pour les jeux 3D. Certains piquent clairement les yeux, et il faudra aussi souvent composer avec une certaine raideur inhérente aux gameplays de l’époque en prime.
Les jeux 2D ont un peu mieux vieilli, même si cela n’empêche pas, là aussi, de regretter l’absence d’options d’embellissement. Sony aurait également pu faire un peu plus d’efforts sur la localisation puisque la plupart des titres sont proposés en anglais, et les possibilités de sauvegarde sont réduites au minimum. Chaque titre dispose d’une carte mémoire virtuelle avec un emplacement et un point de reprise est créé à chaque sortie de jeu, par exemple si l’on revient à l’écran d’accueil avec le bouton “Reset”.
D’un point de vue objectif, il est tout de même à noter que l’émulation des jeux tient la route malgré la petite configuration de la Playstation Classic, puisqu’elle s’appuie sur un processeur quad-core signé MediaTek (MT8167) couplé à 1 Go de RAM, et le soin apporté à certains détails afin de pousser les joueurs à reprendre les gestes de l’époque sont appréciables. Il faudra par exemple, pour les titres initialement sortis sur plusieurs CD comme FF VII, appuyer sur le bouton “OPEN” pour simuler le changement de disque.
Malgré cela et même en supposant que tous les jeux sélectionnés par Sony trouvent grâce à vos yeux, il reste difficile de s’en contenter quand on connaît toute l’étendue du catalogue de jeux de la PlayStation et le sentiment de frustration est presque inévitable. Tant d’autres y auraient aussi mérité leur place : Crash Bandicoot, Tomb Raider, Resident Evil II, Gran Turismo, Spyro, Medievil…
Il est néanmoins probable que des hacks soient rapidement mis à disposition et permettent l’installation d’autres jeux. On peut néanmoins aussi se demander s’il n’est pas encore préférable d’attendre des réédition ou remasters d’anciens jeux sur les consoles de nouvelles générations pour les redécouvrir dans de meilleures conditions, puisque la mode du retrogaming est loin de s’arrêter aux consoles. Les premiers épisodes de la franchise Crash Bandicoot, par exemple, ont récemment profité d’un remaster réussi sur PC et consoles (Xbox One, PS4 et Switch).
Conclusion
Sony s’essaye avec la Playstation Classic à l’exercice de la réédition de consoles anciennes qui a particulièrement réussi à Nintendo, mais se montre un peu moins convaincant. Si la console en elle-même ne peut qu’émouvoir avec son format mignon et sa plastique fidèle à la PlayStation première du nom, la magie a plus de mal à opérer une fois qu’elle est lancée. En plus d’être peu travaillée et engageante, l’interface utilisateur développée par Sony pour l’occasion manque d’options d’habillage ou d’embellissement qui n’auraient certainement pas été de trop. Les jeux 3D de la PlayStation, particulièrement, ont très mal vieilli, tant au niveau graphique qu’en matière de gameplay. La 2D est plus facile à apprécier aujourd’hui, mais d’autres petits détails comme l’absence de traduction/doublage en français, ajoutés à une sélection de 20 titres ne pouvant être que frustrante au regard de l’immense catalogue de la PlayStation, font que cette version Classic fera avant tout un bel objet de collection en l’état.