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Test Labo du BlackBerry KEY2 : des évolutions timides, mais bienvenues

02 octobre 2018
Par Sofian Nouira, Mathieu Freitas, Jean-Charles Frelier
Test Labo du BlackBerry KEY2 : des évolutions timides, mais bienvenues

En résumé

Avec le KEY2, BlackBerry ne révolutionne pas la formule inaugurée avec le premier modèle. Le constructeur la fait plutôt évoluer en douceur, en corrigeant surtout au passage la plupart des défauts du KEYone. Le nouveau venu propose notamment une fluidité et une réactivité enfin satisfaisantes. Des qualités qui faisaient défaut à son prédécesseur, et qui pouvaient s’avérer frustrantes pour les utilisateurs intensifs. On aurait certes préféré des nouveautés un peu plus marquantes, mais le KEY2 reste un modèle hautement recommandable si vous êtes à la recherche d’un smartphone à clavier physique. Car vous ne trouverez tout simplement pas mieux que ce KEY2 à l’heure actuelle. En effet, tout ou presque est meilleur ici que sur le KEYone, avec un clavier encore plus agréable, un design plus élégant, une autonomie un poil améliorée et des prestations plus convaincantes en photo.
(La note technique globale ci-dessous ne prend pas en compte l’évaluation de la photo, toujours en cours de test au Labo.)

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La fluidité et la réactivité, quasi irréprochables
  • Le design plus élégant
  • Le clavier amélioré, désormais proche de la perfection
  • Les capacités photo, globalement en progrès
Les moins
  • L'écran correct, mais assez moyen dans l'ensemble

Notre test détaillé

Premier smartphone BlackBerry totalement conçu par BlackBerry Mobile, le KEYone avait su rassurer les adeptes de la marque tout en laissant une marge de progression assez importante. L’heure est donc venue de voir si le géant chinois a su en corriger au moins quelques défauts avec le KEY2, récemment passé par notre Labo.

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

Pour le second modèle de sa gamme, BlackBerry Mobile a décidé de conserver en grande partie le design du premier, avec son clavier à la fois physique et tactile et un écran 3:2 en équivalent Full HD (1620 x 1080 pixels) de 4,5 pouces au-dessus. La plupart des composants ont néanmoins été actualisés, à commencer par le processeur. Le KEY2 troque le Snapdragon 625 pour un plus véloce Snapdragon 660, que l’on retrouve en outre avec 6 Go de RAM. Côté stockage, deux capacités sont prévues, en plus d’un port microSD pour l’extension : 64 et 128 Go.

L’appareil photo dorsal a également été revu et comprend désormais un second capteur de 12 mégapixels, en complément d’un premier de 12 mégapixels également. L’ensemble est notamment censé permettre de simuler un zoom optique x2, alors qu’un capteur de 8 mégapixels prend place à l’avant, avec un lecteur d’empreinte dissimulé dans la barre d’espace du clavier. Une batterie de 3500 mAh complète enfin l’équipement du BlackBerry KEY2, qui permettra par ailleurs de profiter de connexions 4G, Wi-Fi ac, Bluetooth 5.0 et NFC.

L’ergonomie et le design

Pour le design de ce Key2, BlackBerry n’a pris aucun risque puisqu’il est reparti sur la même base que celle du KEYone. Ce qui est une très bonne chose tant ce dernier avait réussi à résoudre l’équation mêlant écran de taille correcte et clavier mécanique en façade. Le constructeur a en revanche affiné sa formule. Le Key2 se débarrasse en effet des lignes arrondies de son prédécesseur pour proposer des angles plus francs, sans toutefois que cela nuise à la prise en main.

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

Le design évolue donc dans la continuité. Le pourtour de l’appareil s’habille désormais d’aluminium Série 7. Un matériau qui promet une meilleure résistance aux torsions. Et qui donne surtout plus de cachet à l’ensemble. Quant au dos, il profite d’un toucher texturé rehaussé d’un revêtement aux motifs en diamant, pour une meilleure préhension.

Le nouveau venu se montre également un peu plus fin et léger que son devancier. Si vous avez pris l’habitude de manipuler le KEYone, vous remarquerez immédiatement les 12 grammes de moins du Key2. Toutes ces petites évolutions ne changent pas la manière d’utiliser le smartphone, mais participent tout de même à offrir une meilleure impression générale. La préhension s’avère d’ailleurs très agréable.

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

BlackBerry oblige, ce modèle était surtout attendu au tournant pour son clavier. Bonne nouvelle, le fabricant a bien pris en compte les retours qu’il a pu avoir concernant celui du KEYone. Les touches du clavier du KEY2 se montrent ainsi 20% plus hautes que précédemment. Leur revêtement des touches s’avère aussi moins glossy et plus mat. Il accroche mieux le doigt, pour une meilleure sensation de frappe. Les touches nous apparaissent plus souples et un peu plus réactives que précédemment, ce qui améliore sensiblement le ressenti. Au final, les amateurs de claviers physiques trouveront à n’en pas douter leur compte avec celui de ce téléphone. Le seul petit bémol est à aller chercher du côté de la touche « espace ». Rappelons que cette dernière abrite le lecteur d’empreintes digitales pour verrouiller / déverrouiller le smartphone. Cette touche n’offre pas le même rendu de frappes que toutes les autres, avec une course trop longue et un clic sonore qui ne fleure pas bon la qualité. Néanmoins, cela n’a rien de rédhibitoire et on finit par s’y habituer.

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

Enfin, terminons ce tour d’horizon du clavier en évoquant son nouveau bouton Speed Key. Pour mémoire, cet ajout permet de lancer des dizaines de raccourcis. Sur le KEYone, il fallait être sur l’écran d’accueil pour lancer un raccourci de l’une des touches du clavier. Rappelons qu’il était possible de paramétrer 52 raccourcis personnalisables . Avec le KEY2, il sera possible de lancer ces raccourcis depuis n’importe où puisqu’il suffira de presser le bouton Speed Key puis la touche désirée du clavier. Où que vous soyez dans l’interface donc. Cela n’a l’air de rien, mais cela finit par faire gagner pas mal de clics dans une journée. Il faut évidemment du temps pour maîtriser cette fonction puisqu’il vous faudra d’abord personnaliser à votre guise tous ces raccourcis, puis les mémoriser pour les utiliser. Mais le jeu en vaut clairement la chandelle.

L’écran

Peu de changements sont à attendre du côté de l’affichage depuis le KEYone. BlackBerry a tout simplement repris la dalle IPS de ce dernier, avec sa diagonale de 4,5 pouces et sa définition équivalente à la Full HD pour son ratio 3:2. Un choix discutable compte tenu des mesures effectuées l’an dernier, puisque les résultats étaient plutôt moyens et laissaient apparaître une bonne marge de progression. Il est donc dommage que le KEY2 n’en ait pas profité, même si la qualité d’affichage est loin d’être médiocre. On retrouve notamment une résolution de 433 ppp qui suffira pour la plupart des usages, même si ce n’est pas toujours le cas des dimensions, plutôt modestes au regard des tendances actuelles, et du ratio particulier de l’écran.

Gamut du BlackBerry KEY2

© LaboFnac

BlackBerry a également fait du bon travail sur le calibrage des couleurs, nos mesures ne révélant de dérives sensibles qu’au niveau du bleu alors que le delta U’V’ moyen – par rapport à l’espace sRGB – s’établit à un raisonnable 0,016, mais le contraste laisse un peu à désirer. Surtout dans notre mesure sur du noir 95 %. Le taux relevé est 268:5, contre un plus satisfaisant 1893:1 sur du noir. La courbe de gamma peine en outre à décoller et nos mesures de directivité ont donné des résultats plutôt moyens également. La luminosité reste peu impactée dans les angles de vue de 0 à 15°, mais chute rapidement au-delà, si bien qu’il ne reste plus que 80 cd/m2 des 227 mesurés en face de l’écran à 30°, puis 45 cd/m2 à 45°. On peut toutefois y voir là presque un avantage pour un smartphone BlackBerry, puisque vous pourrez ainsi taper vos mails pros à l’abri des regards indiscrets…

Directivité du BlackBerry KEY2

© LaboFnac

L’interface utilisateur

Une fois cet écran allumé, c’est Android 8.1 Oreo qui accueille l’utilisateur. BlackBerry Mobile a néanmoins enrichi l’OS de beaucoup de possibilités et de fonctions. Heureusement, l’interface ne vous assomme pas d’emblée et vous laisse découvrir à votre rythme tous ces enrichissements apportés par le constructeur. De prime abord, vous aurez l’impression de manipuler une version presque pure (vanilla) d’Android.

Test BlackBerry KEY2

Le premier ajout de taille est le BlackBerry Hub. Il s’agit en faut d’un espace qui regroupe toutes les adresses emails et les comptes de messageries instantanées. On retrouve donc au même endroit les emails de différents comptes, les conversations WhatsApp, Messenger, Gtalk ou encore les notifications Facebook. Le tout dans une interface aussi claire que pratique.

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Il est également possible d’invoquer l’onglet « productivité » un peu partout dans l’interface. Il s’agit en fait d’un volet qu’il est possible de faire apparaître en « swippant » depuis le bord droit ou gauche (au choix) de l’écran. On y retrouve les RDV du calendrier, les emails, les rappels, le carnet d’adresses, etc. Certes, ce n’est là qu’une reformulation graphique des autres fonctions. Mais certains préféreront cette présentation. Et si elle ne vous plaît pas, rien ne vous oblige à vous en servir.

Test BlackBerry KEY2

Enfin, l’appareil intègre aussi toutes les fonctions avancées de sécurité propres à BlackBerry. On pense notamment à DTEK qui vérifie quelles applications utilisent les fonctionnalités pour accéder aux informations de l’utilisateur. La fonction Locket évolue également et permet désormais de sécuriser des applications en plus des contenus, et même de rendre ces applis accessibles uniquement depuis le Locker.

Test BlackBerry KEY2

Les performances

Alors que le KEYone s’appuyait sur un Snapdragon 625, BlackBerry a décidé de muscler un peu son jeu cette année et opté pour le modèle le plus avancé de la série, en attendant l’arrivée du Snapdragon 670 du moins. Le cœur du nouveau modèle est donc un Snapdragon 660, qui lui apporte non seulement un CPU plus rapide, mais aussi la fameuse architecture Kryo de Qualcomm. On dénombre plus exactement quatre coeurs Kryo 260 cadencés à 2,2 GHz, auxquels s’en ajoutent quatre autres à la fréquence de 1,8 GHz pour limiter la consommation à l’exécution de tâches légères.

Profitant également du soutien de 2 à 3 Go de RAM de plus que le KEYone, en fonction de la version, soit un total de 6 Go, le KEY2 délivre naturellement de meilleures performances. Inutile toutefois d’attendre un gain significatif. Sur notre test Javascript, en tout cas, c’est plutôt l’affaire d’un fps gagné, qu’importe le niveau d’exigence. Le KEY2 parvient ainsi à afficher notre séquence Javascript la plus légère à 14 fps, avec un temps d’exécution mesuré à 71 ms. La simulation de processus dits “ordinaires” demande le double de temps, pour un framerate logique inférieur de moitié. Les deux derniers paliers poussent le KEY2 dans ses retranchements, puisqu’il tombe à 5 et 4 fps avec des temps d’exécution de 205 et 277 ms.

Il faudra donc prévoir quelques ralentissements sur les applications les plus gourmandes, mais l’ensemble tourne tout de même très correctement et ne devrait pas réellement poser de problème dans le cadre d’une utilisation quotidienne ou professionnelle. Côté GPU, l’Adreno 506 laisse logiquement place à l’Adreno 512 inclus avec le Snapdragon 660 et la plupart des jeux devraient pouvoir tourner. Il faudra toutefois veiller à désactiver les options graphiques les plus avancées pour éviter les chutes de framerate vraiment gênante sur les titres les plus lourds graphiquement.

La photo et la vidéo

Dans la mouvance actuelle, BlackBerry Mobile a équipé son Key2 d’un module principal comprenant un premier capteur de 12 mégapixels au format 1/2,3 pouce auquel s’ajoute une optique ouvrant à f/1.8 tandis qu’un second, toujours de 12 mégapixels, mais un peu plus petit (1/3,4 pouce) et associé à une optique limitée à f/2.6 en raison de sa focale plus longue, fait office de zoom optique 2x.

BlackBerry KEY2

© Fahim Alloul / LaboFnac

Le second capteur est également mis à contribution dans un mode portrait globalement satisfaisant, et d’ailleurs plus intéressant que ledit zoom qui n’entre réellement en fonction que lorsque la luminosité ambiante est très élevée. C’est dans les autres cas un zoom numérique qui intervient, avec des résultats souvent très mauvais à la clé.

Test BlackBerry KEY2

Photo prise avec le BlackBerry Key2 et son mode portrait

Pour autant, le premier capteur de 12 mégapixels et son optique grand-angle sont loin d’être mauvais en usage normal, autorisant d’ailleurs des possibilités de recadrage intéressantes après la prise. Pour un tirage en 20 x 30 cm, jusqu’à 46 % de l’image peuvent être écartés sans perte significative de qualité, ce qui place le KEY2 dans la moyenne sur cet exercice et témoigne d’une résolution satisfaisante. Il faut néanmoins souligner un certain manque d’homogénéité, la qualité d’image étant jusqu’à 25 % moins bonne au centre qu’en périphérie, alors que les clichés produits par le Key2 ne comportent que peu de défauts optiques perceptibles à l’œil nu.

En matière de sensibilité, les résultats sont satisfaisants malgré un certain manque de précision en lumière tamisée (500 Lux). Les zones de forte lumière risquent également de ressortir brûlées dans ces conditions. On notera par ailleurs la présence de filtres divers, ainsi que la possibilité de filmer jusqu’en UHD à 30 images par secondes. Il faudra en revanche se contenter de Full HD pour profiter d’une cadence plus élevée, jusqu’à 60 i/s.

Le module frontal avec capteur de 8 mégapixels et optique ouvrant à f/2.0 du Key2 a également été testé, et les résultats oscillent entre le moyen et le mauvais. Moyen, pour la résolution qui se montre assez homogène, mais n’autorise pas de recadrage au-delà des 30 %, ainsi que pour l’optique qui n’induit que peu de défauts en dehors de déformations géométriques en vague. C’est sur la sensibilité que la caméra perd le plus de points, la restitution des détails se montrant alors mauvaise. Il faudra donc privilégier les environnements lumineux pour se prendre en photo.

Le rendu audio

S’il se destine majoritairement aux professionnels, le KEY2 dispose tout de même de quelques atouts pour le multimédia, et ses aptitudes audio en font partie. Son haut-parleur, tout d’abord, se révèle particulièrement puissant. Notre micro, à 50 cm, a enregistré un niveau maximal, pour 10 % de distorsion, de 84 dB. C’est plus que ce que délivrent la plupart des smartphones, ce qui n’empêche toutefois pas le successeur du KEYone de trébucher comme les autres sur les graves. Les aigus ne sont pas à la fête non plus, mais les voix devraient au moins bien ressortir durant les appels grâce à une légère mise en avant des médiums.

Le KEY2 intègre avec cela une sortie casque de bonne facture. La bande passante est quasi linéaire de bout en bout et le bruit, bien que présent, est difficilement perfectible. Le signal subit également quelques déformations sur le haut du spectre, mais la distorsion est mieux maîtrisée sur le bas et les canaux stéréo restent plutôt bien séparés. Mauvaise note en revanche pour les écouteurs fournis. La bande passante manque de linéarité, et le bilan n’est pas beaucoup plus positif pour la distorsion et la perturbation acoustique, et même bien pire pour l’isolation passive, quasi inexistante.

La qualité de réception (performances radio)

Le BlackBerry KEY2 profite du modem intégré au Snapdragon 660, et peut ainsi accéder aux réseaux 2G, 3G et 4G. Nos tests ont toutefois révélé une qualité de réception inégale en fonction des bandes de fréquence utilisées. Celle des 1800 MHz donne même de piètres résultats en sensibilité, surtout en 2G. L’amélioration est toutefois minime en passant en 4G, qui offre également des débits moyens sur la même bande. Il faudra également disposer d’un signal relativement fort pour profiter de la 4G sur la bande des 2600 MHz, comme pour profiter de la 3G d’ailleurs, et la bande des 800 MHz apparaît finalement comme la seule capable d’offrir une connexion 4G stable et rapide avec le KEY2. Attention donc si vous êtes abonnés Free, le quatrième opérateur français n’en disposant pas.

L’autonomie

BlackBerry en a fait l’une des forces de ses smartphones il y a déjà bien longtemps, et le KEY2 perpétue la tradition. Sa batterie de 3500 mAh lui a permis de tenir très exactement 9 heures et 46 minutes avant de succomber à notre test d’autonomie maison. Seuls quelques modèles dépassent les 10 heures, et il se classe donc bien parmi les tout meilleurs terminaux en la matière.

Conclusion

Avec le KEY2, BlackBerry ne révolutionne pas la formule inaugurée avec le premier modèle. Le constructeur la fait plutôt évoluer en douceur, en corrigeant surtout au passage la plupart des défauts du KEYone. Le nouveau venu propose notamment une fluidité et une réactivité enfin satisfaisantes. Des qualités qui faisaient défaut à son prédécesseur, et qui pouvaient s’avérer frustrantes pour les utilisateurs intensifs. On aurait certes préféré des nouveautés un peu plus marquantes, mais le KEY2 reste un modèle hautement recommandable si vous êtes à la recherche d’un smartphone à clavier physique. Car vous ne trouverez tout simplement pas mieux que ce KEY2 à l’heure actuelle. En effet, tout ou presque est meilleur ici que sur le KEYone, avec un clavier encore plus agréable, un design plus élégant, une autonomie un poil améliorée et des prestations plus convaincantes en photo.
(La note technique globale ci-dessous ne prend pas en compte l’évaluation de la photo, toujours en cours de test au Labo.)

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
Mathieu Freitas
Mathieu Freitas
Journaliste
Jean-Charles Frelier
Jean-Charles Frelier
Responsable des tests smartphones, casques audio et lecteurs vidéo
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