En résumé
Avec son capteur plein format de 30,3 mégapixels, le Canon EOS R donne un peu l’impression d’être un 5D Mark IV version hybride. À ce titre, il a présenté d’excellentes performances, que ce soit en résolution ou en restitution des détails, sur notre protocole de test. Dans ces domaines, il lutte donc sans peine avec les autres excellents produits passés par notre Labo dernièrement, ce qui inclut les récents Sony A7R III et Nikon Z7. Les photographes pourront donc profiter d’une qualité d’image irréprochable. L’EOS R propose également un design marquant, un bon et grand viseur, ainsi qu’un écran tactile installé sur rotule et bien défini. Malgré ces points positifs, on ne peut s’empêcher de voir l’EOS R comme un produit encore perfectible. En effet, certaines innovations ergonomiques sont certes osées, mais laissent dubitatif quant à leur pertinence (barre tactile, joystick virtuel, etc). De même, la partie vidéo n’est pas des plus riches, et la rafale du boîtier est un peu faible au regard de certains produits concurrents. Mis bout à bout, ces éléments laissent espérer qu’un deuxième boîtier aux performances encore plus musclées se présente prochainement.
Note technique
Les plus et les moins
- Excellente résolution
- Grande homégénéité des images
- Excellente restitution des détails
- Ecran LCD tactile, sur rotule, et bien défini
- AF à -6 IL
- Une rafale un peu molle
- Une partie vidéo chiche
Notre test détaillé
Après le lancement des deux premiers hybrides plein format de Nikon, Canon rapidement présenté un Canon EOS R doté d’une nouvelle monture RF. Et nous l’avons évidemment soumis à notre protocole de test.
Le Canon EOS R est équipé d’un capteur CMOS de 30,3 millions de pixels associé au processeur DIGIC 8, mais son système autofocus est à 5655 points, loin devant la concurrence, grâce à un système de plus de 2 millions de pixels dédiés. Le boîtier embarque un écran TFT LCD tactile sur rotule de 3,15 pouces et environ 2,15 millions de points, ou encore un viseur électronique est un OLED de 3,69 millions de points. Sa plage de sensibilité va de 100 à 40000 ISO, et Canon propose la captation vidéo en 4K à 30 fps. La rafale est de 5 ips avec AF, et la batterie encaisse théoriquement 350 clichés.
Ergonomie, design et fonctionnalités
La prise en main
Certainement l’héritage de sa longue expertise en matière d’ergonomie et de design, Canon offre à son EOS R une prise en main plutôt sûre, avec une poignée assez large et suffisamment creusée, et ce même lorsque le boîtier est associé à des optiques lourdes comme le RF 50 mm f/1.2 ou le RF 24-105mm f/4L IS USM présentés en même temps. Malgré une texture de grip un peu trop lisse à notre goût, on trouve à cet hybride un charme certain, avec des finitions mates très réussies et une allure plus racée que certains reflex de la marque. C’est peut-être aussi dû à une conception moins en rondeurs que ne le fait d’ordinaire le fabricant, ce qui accentue cette impression que l’EOS R fait rentrer Canon dans une nouvelle ère.
Le constructeur a aussi tenté d’innover en matière de conception, en intégrant un pavé tactile bidirectionnel et personnalisable à son boîtier. Plusieurs pré-réglages sont proposés, comme la compensation d’exposition ou la sensibilité ISO. Mais en situation concrète, ce pavé ne nous a pas semblé particulièrement pertinent, ou du moins, il n’apporte pas une plus-value particulière par rapport à une molette classique. Il faut dire que le photographe doit d’abord appuyer dessus longuement pour le déverrouiller, puis aller vers la gauche ou la droite afin de descendre ou monter en ISO.
Pour parler de ce qui nous a plu, commençons par le viseur. Celui-ci est large, bien défini (3,6 millions de points) et très lumineux. De jour comme de nuit, il se montre donc franchement agréable à utiliser, et on sent d’ailleurs que le fossé entre les viseurs optiques et les viseurs numériques se réduit énormément ces derniers temps. Petite innovation : lorsqu’on bascule l’appareil en mode portrait, les informations de prise de vue affichées dans le viseur basculent aussi automatiquement, ce qui est tout de même bien pratique. Lorsque l’on photographie depuis l’écran, le confort est également de rigueur grâce à l’installation de l’écran LCD de 3,2 pouces sur rotule, quand la plupart des constructeurs misent plutôt sur des charnières moins simples à appréhender.
Cet écran affiche 2,1 millions de points et est d’ailleurs tactile, que ce soit pour naviguer dans les menus ou pour faire la mise au point. On apprécie cette définition d’écran qui permet de prévisualiser confortablement les images et leur restitution de détails. Canon a fait le choix de ne pas intégrer de joystick physique pour sélectionner le collimateur, mais de le rendre virtuel/tactile sur l’écran. Lorsqu’on vise, en passant son doigt sur la zone de l’écran que l’on aura configurée, un sélecteur rond apparaît. L’idée plaira peut-être aux amateurs d’outils très modernes, mais on doit bien admettre préférer un joystick plus classique. On apprécie toutefois l’intégration d’un écran de contrôle, bien large, sur le dessus de l’appareil, comme Fujifilm l’a fait sur le X-H1. Cet écran permet d’afficher des informations de prise de vue, mais aussi de naviguer entre différents modes et options.
Canon a également eu la bonne idée de protéger son capteur lorsque l’appareil est éteint, puisqu’un rideau vient l’occulter. Cela empêche notamment l’intrusion de poussières lorsqu’on change d’objectif, ce qui est plutôt malin. Le boîtier est d’ailleurs fabriqué à partir d’alliage de magnésium et de polycarbonate avec des parties en fibres de verre, et doit assurer un fonctionnement 85 % d’humidité et entre 0 et 40°. Enfin, le boîtier affiche des dimensions de 135,8 × 98,3 × 84,4 mm, pour un poids de 580 grammes nu. À titre de comparaison, le Nikon Z7 testé ici a des dimensions de 134 × 100,5 × 67,5 mm, et son poids est à peu près équivalent (585 grammes).
Connectique
En matière de connectivités, l’EOS R embarque une puce Wi-Fi (IEEE802.11 b/g/n) et est compatible Bluetooth. Les connexions physiques se font par le biais d’un port USB-C SuperSpeed USB 3.1 et d’une sortie HDMI Mini (type C, compatible HDMI-CEC). On y trouve également une entrée microphone, une sortie casque 3,5 mm, et une prise télécommande. Enfin, rappelons qu’un seul port SD (UHS-II) est prévu sur le boîtier.
Fonctionnalités
En cherchant à épurer son boîtier, Canon a aussi caché certaines fonctionnalités. Par exemple, on aurait aimé voir un bouton dédié aux modes vidéo, puisqu’il faut ici accéder au bouton Mode, puis appuyer sur Info avant de pouvoir enfin effectuer des réglages vidéo. Ce choix est peu pratique, et on imagine qu’une scène fugace lors d’un reportage vidéo pourrait être ratée simplement à cause de cette conception.
Pour le reste, et comme sur 5D Mark IV, le boîtier inclut la fonction RAW Dual Pixel, qui permet d’effectuer des micro-ajustements de l’image, des décentrements Bokeh et de réduire les images fantômes. La rafale est annoncée à 5 images par seconde avec AF (7 im/s pour le 5D Mark IV), et un mode de prise de vue silencieux fait son apparition, mais se limite à une image. Enfin, côté autofocus, Canon propose à nouveau son Dual Pixel AF, mais il se base ici sur 5655 points, et la marque annonce une plage de fonctionnement descendant jusqu’à -6 IL.
Résolution
Le Canon EOS s’appuie donc sur un capteur CMOS plein format de 30,3 mégapixels, associé ici à l’objectif RF 24-105mm f/4 L IS USM. Il est épaulé par le processeur d’image DIGIC 8, introduit avec un autre hybride, l’EOS M-50.
Tout comme le Nikon Z7 passé par notre Labo avant lui, le Canon EOS R affiche d’impressionnantes capacités de recadrage, allant jusqu’à 85 % aux focales 28 et 50 mm. Cela signifie qu’il est par exemple possible d’isoler efficacement un portrait sur une photographie de groupe. De ce point de vue-là, l’EOS R joue pleinement dans la même cour que le Z7, pour ne citer que lui. Vous l’aurez compris, la résolution est excellente, et la promesse du constructeur est tenue.
Ce que traduisent également nos mesures, ce sont les excellents résultats obtenus en matière de centrage et d’homogénéité. Cela signifie que la résolution est meilleure au centre de l’image, comme attendu, mais que les zones de bordures présentent également une excellente résolution.
Restitution des détails
Pour évaluer la sensibilité, nous soumettons notre scène test aux APN afin d’évaluer leur niveau de restitution des détails en situation. Cette scène test se compose de modules avec différentes matières, textures et couleurs, tandis que la situation choisie correspond à un niveau d’éclairement moyen (500 Lux), équivalent à celui d’un salon en lumière tamisée.
En plus de ses très satisfaisantes capacités de recadrage, l’EOS R se montre très convaincant dans cet exercice. Il obtient des résultats aussi bons que ceux de son principal rival, le Nikon Z7. Il n’y a qu’à observer notre scène test (cliquez dessus pour l’afficher en pleine page) pour s’en rendre compte : toutes les matières et détails fins sont parfaitement restitués. On lit même sans peine jusqu’au Corps 6 du texte en zoomant sur ce module, et, comme autre exemple, certains détails fins de la carte Ethernet (les broches, les inscriptions…) sont aisément visibles.
La restitution de ces détails est d’ailleurs très bonne, quelle que soit la focale évaluée.
Qualités optiques
Le Canon EOS R associé à l’objectif RF 24-105mm f/4L IS USM propose d’excellentes qualités optiques. Le système ne présente pas de défaut majeur, que ce soit en matière d’astigmatisme, de distorsion géométrique, ou d’aberrations chromatiques. L’EOS R fait partie des excellents produits dans ce domaine.
Vidéo
En matière de vidéo, le Canon EOS R se montre un peu décevant. En effet, l’appareil propose la captation 4K, mais elle subit un recadrage 1,7x assez pénalisant pour les amateurs de grand-angle, puisque cela réduit largement le champ. Il paraît évident que ce produit ne s’adresse pas aux vidéastes exigeants, qui se tourneront plus volontiers vers des appareils tels que le Panasonic Lumix GH5 ou le Sony A7 III. Cette 4K est en plus assez basique puisque l’enregistrement interne se fait en 4:2:0 (10 bits en sortie HDMI).
Galerie d’images
N’hésitez pas à naviguer dans la galerie photo ci-dessous afin de visionner de plus nombreux exemples de clichés pris avec le Canon EOS R. Veuillez noter au passage que certains de ces clichés ont été pris avec l’objectif RF 50 mm f/1.2.
Conclusion
Avec son capteur plein format de 30,3 mégapixels, le Canon EOS R donne un peu l’impression d’être un 5D Mark IV version hybride. À ce titre, il a présenté d’excellentes performances, que ce soit en résolution ou en restitution des détails, sur notre protocole de test. Dans ces domaines, il lutte donc sans peine avec les autres excellents produits passés par notre Labo dernièrement, ce qui inclut les récents Sony A7R III et Nikon Z7. Les photographes pourront donc profiter d’une qualité d’image irréprochable. L’EOS R propose également un design marquant, un bon et grand viseur, ainsi qu’un écran tactile installé sur rotule et bien défini. Malgré ces points positifs, on ne peut s’empêcher de voir l’EOS R comme un produit encore perfectible. En effet, certaines innovations ergonomiques sont certes osées, mais laissent dubitatif quant à leur pertinence (barre tactile, joystick virtuel, etc). De même, la partie vidéo n’est pas des plus riches, et la rafale du boîtier est un peu faible au regard de certains produits concurrents. Mis bout à bout, ces éléments laissent espérer qu’un deuxième boîtier aux performances encore plus musclées se présente prochainement.