En résumé
Au royaume des reflex plein format, le D850 est indéniablement le roi. L’appareil prend avec brio la succession d’un D810 qui avait déjà quelques années, et améliore point par point ce dernier. Mieux, il s’impose clairement comme le meilleur APN jamais produit par Nikon, et comme l’un des meilleurs du marché. Associé au Nikkor 24-70 mm f2.8 E ED VR, il propose une belle ergonomie, une conception robuste, une résolution exceptionnelle, une qualité optique au top, ou encore un rendu des détail excellent. Son autofocus est efficace, sa réactivité remarquable, et son autonomie très bonne. Bref, les adjectifs élogieux sont de rigueur pour qualifier ce produit.
Note technique
Les plus et les moins
- Recadrage possible jusqu’à 70 % pour un 20 x 30 cm
- Excellente restitution des détails
- Qualité constante quelle que soit la focale
- Bonne qualité d’image en sensibilité élevée
- Écran orientable (170°)
- Boitier tropicalisé
- Contrôle à distance et transfert d’images via Bluetooth
- Vidéo 4K sur la totalité du capteur
- Viseur 100% lumineux et confortable
- Montage Timelapse 8K uniquement en postproduction
- Boitier encore lourd mais dans la moyenne de la catégorie
Notre test détaillé
Pour fêter ses 100 ans, Nikon sortait en août dernier le D850 aux caractéristiques impressionnantes. Dans la lignée des D800, ce boitier professionnel nous promet un capteur plein format de plus de 45 mégapixels, de belles performances en sensibilité, de la vidéo 4K sur toute la surface du capteur et une polyvalence adaptée à tous les usages. Pari réussi ?
L’année 2017 est pour le Labo une année charnière, avec le développement d’une nouvelle procédure de test que nous vous dévoilons aujourd’hui. Les usages ayant beaucoup évolué dans le domaine de la photo, nous souhaitions vous proposer des tests, en phase avec votre pratique, objectifs et comparables quelle que soit la famille de produits. Dans un premier temps, nous avons choisi de nous focaliser sur un profil orienté amateurs débutants, en paramétrant les systèmes testés en mode programme ou auto et en laissant l’appareil faire ses propres réglages. Si vous êtes plus expérimenté, le résultat de ces tests peut être optimisé en mode manuel.
Pour en revenir au Nikon D850 qui nous intéresse ici, l’appareil est équipé d’un capteur plein format (FX) fournissant des images de 45,4 millions de pixels (8256 x 5504 pixels). Il permet de shooter des NEF (RAW) en 12 ou 14 bits et des JPEG en compression fine (environ 1: 4), normale (environ 1: 8) ou basique (environ 1: 16). Le boîtier offre une vitesse d’obturation comprise entre 1/8000 et 30 secondes, et une plage de sensibilité de 64 à 25 600 ISO, extensible à l’équivalent de 32 à 102 400 ISO. On y trouve un viseur avec pentaprisme et dégagement oculaire de 17 mm, un écran ACL TFT de 8 cm (3,2 pouces) tactile et inclinable avec un angle de vue de 170°, un port XQD, SD, SDHC (compatible UHS-II), et un autre SDXC (compatible UHS-II). Son autofocus est à détection de phase avec 153 points AF, avec un mode 3D focus pour le suivi de sujets.
Ergonomie, design et fonctionnalités
La prise en main
Malgré des fonctionnalités toujours plus nombreuses, le design du D850 ne marque pas de rupture avec ses prédécesseurs. À quelques millimètres près, les dimensions mesurées (hauteur, largeur, profondeur) sont les mêmes et le poids semblable. Comptez 1 kg pour le boîtier et 1,1 kg pour l’objectif. En étudiant de plus près l’ergonomie, on remarque que la poignée est plus profonde, moins large, avec un volume aux angles plus marqués. De fait, la préhension du boîtier est meilleure que celle des modèles précédents pour qui a de grandes mains. En revanche, le confort est moindre pour les petits gabarits.
Grande nouveauté, la suppression du flash intégré. Bien que certains y soient attachés, ce choix n’est pas surprenant pour un boîtier professionnel. En effet, la qualité et les fonctionnalités de ce type de flash étant assez rudimentaires, son usage est rare et réservé le plus souvent à du dépannage pour déboucher une ombre ou au pilotage d’autres flashs en l’absence d’émetteur radio. Que les amateurs de macrophotographie se consolent, cette évolution a pour avantage la réduction de l’avancée du pentaprisme sur l’objectif qui représentait un problème lors du montage des soufflets macro tel que le PB-6. Pour information, l’ajout d’un flash cobra tel que le Nikon SB-5000 représente environ 15 % du prix du boîtier et environ 10 % du prix du système testé.
Il était également pertinent d’inverser les commandes « Mode » et « ISO », puisqu’en utilisation « expert », le changement de mode s’avère généralement moins fréquent que le changement de sensibilité ISO. Soulignons au passage que ces boutons sont judicieusement placés, ce qui facilite la réactivité du photographe.
Le bouton de mémorisation de l’exposition AE-L et / ou de la mise au point AF-L situé habituellement à l’arrière, à droite du viseur, laisse désormais place à un mini joystick multifonction. Les mouvements haut – bas et gauche – droite ont pour effet de déplacer la sélection des collimateurs de mise au point et le clic mémorise l’exposition et / ou la mise au point.
Autre nouveauté non négligeable pour les amateurs de photo en basse lumière, le rétroéclairage des touches situées à gauche de l’appareil en même temps que l’allumage de l’afficheur digital. Pour rappel, la commande se situe au niveau du commutateur « on – off ». Si les boutons de droite s’utilisent machinalement avec l’habitude, grâce à une ergonomie bien pensée, l’utilisation des boutons de gauche en est grandement facilitée.
Enfin un écran de visualisation tactile et orientable ! Monté sur un axe horizontal, l’écran du D850 est inclinable à 170°. Ces possibilités sont suffisantes pour dynamiser vos images avec des points de vue très bas ou au contraire immortaliser l’ambiance d’un concert avec un point de vue plus haut.
Pour parfaire son produit, c’est en toute logique que Nikon propose un boîtier tropicalisé résistant mieux à l’humidité et à la poussière. Du côté des menus, l’organisation n’a pas changé.
La connectique
Le D850 signe la fin des cartes Compact Flash sur les boîtiers pro Nikon. Le logement de carte mémoire dispose d’un emplacement pour les cartes de type SD et un autre pour les cartes de type XQD. Nikon perpétue ainsi la tradition du double logement de cartes au format différent, et auxquelles on pourra attribuer des fonctions différentes.
Connectiques incontournables aujourd’hui, on retrouve une prise micro, une prise casque et une prise HDMI, mais aussi la traditionnelle prise de synchro- flash, une prise télécommande et une prise pour poignée grip. Côté prise de vue connectée, trois possibilités s’offrent à vous : l’USB Hi-Speed avec micro-connecteur USB, le Wifi dont la portée annoncée est de maximum 10 mètres ou le Bluetooth.
Les fonctionnalités
Le D850 est un boîtier qui se veut professionnel, polyvalent et résolument moderne. Avec la fonction SnapBridge vous avez la possibilité de contrôler votre appareil via votre smartphone ou votre tablette. Il est possible de connecter jusqu’à 5 périphériques mobiles. Ainsi, si votre reflex est hors de portée ou que vous ne voulez pas risquer un flou de bouger, vous pouvez continuer à déclencher. Nikon ne s’arrête pas là puisque vous pouvez également partager directement vos photos sur les réseaux sociaux, synchroniser vos images sur votre téléphone ou votre tablette pendant la prise de vue et dans plusieurs choix de définition. Vous êtes également garanti d’un appareil photo toujours à jour. Afin de limiter les problèmes d’autonomie, la connexion se fait par Bluetooth low-energy (BLE).
Malgré un poids d’image élevé, de l’ordre de 20 Mo pour un JPEG et 80 Mo pour un RAW, le D850 est capable d’enregistrer, en mode rafale (position CH), entre 7 et 9 images par seconde selon le format. Avec ce mode, il faudra toutefois se contenter de séries d’une vingtaine d’images.
Résolution
La résolution étant souvent source de confusion, il est bon de rappeler qu’il s’agit du plus petit élément pouvant être distingué dans l’absolu par le système de prise de vue. Il s’agit donc d’une qualité intrinsèque au système mesuré qui dépend notamment de l’optique, du capteur et de la fréquence d’échantillonnage. Cette mesure ne dépend donc pas des conditions de prise de vue.
Dans l’absolu, la résolution mesurée du D850 associé au 24-70 mm f2.8 E ED VR atteint 60 % de la résolution théorique, calculée à partir de la définition de l’image. Toutefois, cette promesse étant particulièrement haute, le D850 reste, quel que soit l’usage, bien au-dessus du lot. Pour évaluer la qualité d’image, nous avons choisi une retranscription de nos mesures basée sur la perception humaine et sur une situation concrète d’utilisation. L’unité utilisée dans nos tests est le nombre de cycles par degré. Cette unité est une manière d’exprimer la résolution par rapport à une situation donnée : ici, une image tirée sur un 20 x 30 cm, observée à 30 cm par notre œil étalon. D’un point de vue schématique, on peut représenter un cycle par un noir + un blanc. Le nombre de cycles par degré correspond alors au nombre de noir et blanc discernables dans 1 degré.
Du fait de sa définition, le D850 nous promet dans cette situation une résolution de 720 cycles par degrés équivalente à un recadrage sans perte visible de qualité d’au moins 76 % pour une image tirée en 20 x 30 cm. C’est-à-dire que même en ne conservant qu’un quart de l’image, vous en aurez encore plein les yeux. Cette possibilité de recadrage présente un avantage incontestable si, par exemple, vous souhaitez extraire un portrait d’une photo de groupe ou encore si vous utilisez vos images sur différents médias dont les besoins de cadrage sont différents. Pour un 20 x 30 cm, l’écart avec la promesse n’est pas significatif. D’après nos mesures, vous pouvez sans problème recadrer jusqu’à 70 %, c’est-à-dire ne garder que 1/3 de l’image. Au-delà, soyez attentif au risque d’une dégradation visible de l’image. La belle facture du boîtier se révèle également sur l’homogénéité et le centrage. Quelle que soit la zone de l’image, la qualité est exceptionnelle en tout point et la résolution constante. N’ayez pas peur de décentrer votre sujet pour dynamiser votre cadrage : avec le couple testé, tout vous est permis. Au pire, le recours à un recadrage remettra tout ça dans l’ordre.
Sensibilité
Une qualité exceptionnelle dans l’absolu, c’est bien, mais qu’en est-il en situation ? Pour nos tests, nous avons choisi un niveau d’éclairage de 500 Lux, correspondant au niveau d’éclairement d’un salon en lumière tamisée. C’est aussi l’éclairement préconisé pour lire. Dans cette situation, le D850 + le Nikkor 24-70 mm f2.8 E ED VR confirme son excellence quel que soit le sujet. La dynamique de l’image est impressionnante ! En effet, le système testé restitue un nombre rare de nuances et de matières à la fois dans les noirs et dans les blancs, sans abuser d’artifices tels que les effets d’accentuation des contours. On note tout de même une légère diminution de la qualité de restitution des détails lorsque la focale augmente.
Nikon peut également se féliciter pour sa gestion du bruit. Peu présent, même à ISO 25600, il reste neutre et discret, et semble avoir été travaillé selon une esthétique rétro rappelant le grain argentique. Si l’on remarque une perte de détail à ISO 25600, l’image reste plus qu’acceptable et bien meilleure que celle générée par d’autres appareils réglés à ISO 100.
Bien que les performances du couple testé en termes de qualité d’image autorise n’importe quel réglage sans nuire de façon significative à la qualité d’image, on soulignera la pertinence des réglages automatiques en mode programme. Ainsi, en fin de journée ou dans votre salon, vous pourrez compter sur un temps de pose suffisamment court pour éviter les flous de bouger, un réglage de sensibilité peu élevé pour garder une qualité d’image optimale, et une ouverture de diaphragme acceptable bien que laissant peu de latitude de profondeur de champ.
Qualités optiques
Pour ce qui est des aberrations optiques, rien à signaler ! Le système testé ne présente aucun astigmatisme, défaut optique qui a pour effet de déformer l’image, entraînant la confusion de lettres proches telles que le H et le M ou le Q et le O. Il en va de même pour l’aberration géométrique. Si l’on mesure une très légère distorsion en barillet, elle est imperceptible dans la plupart des usages même les plus exigeants. En revanche, on mesure une aberration chromatique perceptible dans les angles si la focale est proche du 28 mm. Dans notre situation d’observation, cette déviation est de l’ordre de 2 mm maximum sur notre 20 x 30 cm sans recadrage. Les focales supérieures ne présentent aucune aberration chromatique.
La vidéo
Concernant la vidéo, Nikon propose un enregistrement en 4K à 30 images par secondes sur toute la surface du capteur. Cette évolution laisse espérer une meilleure sensibilité et une plus grande dynamique d’image.
L’apparition de la fonction de contrôle des hautes lumières, empruntée à la photo numérique, est également appréciable en vidéo. Il en va de même pour le focus peaking, aide non négligeable à la mise au point. En revanche, nous regrettons que la fonction TimeLapse 8K, qui ne compile pas les images en interne, ne fournisse pas un aperçu directement sur le boîtier.
Conclusion
Au royaume des reflex plein format, le D850 est indéniablement le roi. L’appareil prend avec brio la succession d’un D810 qui avait déjà quelques années, et améliore point par point ce dernier. Mieux, il s’impose clairement comme le meilleur APN jamais produit par Nikon, et comme l’un des meilleurs du marché. Associé au Nikkor 24-70 mm f2.8 E ED VR, il propose une belle ergonomie, une conception robuste, une résolution exceptionnelle, une qualité optique au top, ou encore un rendu des détail excellent. Son autofocus est efficace, sa réactivité remarquable, et son autonomie très bonne. Bref, les adjectifs élogieux sont de rigueur pour qualifier ce produit.