En résumé
HTC rentre dans le rang. Son U11 répond globalement aux attentes que l’on peut avoir d’un flagship aujourd’hui, mais en vient aussi à manquer d’originalité si ce n’est pour son système BoomSound, assez à l’aise dans les graves, et sa fonction Sense Edge, ajoutée à Android 7.1 Nougat et finalement assez anecdotique. Le châssis est soigné et certifié IP67, mais reste très classique. L’écran se révèle bon sans pour autant parvenir à s’imposer comme le meilleur malgré des contrastes remarquables, tandis que l’appareil photo de 12 mégapixels est capable d’excellents résultats, mais trop dépendant de la lumière pour y parvenir. Le Snapdragon 835 ne fait pour sa part qu’élever le U11 au niveau des nombreux autres flagships qu’il équipe. Reste encore son excellente autonomie, mesurée à près de 10 heures par nos soins, mais il vaudra mieux s’assurer de pouvoir bénéficier d’une bonne couverture réseau avant de s’aventurer trop loin compte tenu des problèmes de réception observés.
Note technique
Les plus et les moins
- Excellent autonomie
- Bon appareil photo le jour
- Étanche (IP67)
- Pas de prise jack
- Problèmes de réception
Détail des sous notes
Notre test détaillé
HTC n’en démord pas. Malgré les difficultés répétées de ses flagships, le Taïwanais ne semble toujours pas prêt à abandonner le marché des smartphones pour se consacrer pleinement à la VR qui lui réussit pourtant bien mieux. Il retente donc sa chance cette année avec un U11 qui n’a, de prime abord au moins, rien à envier à des concurrents comme les Galaxy S8 chez Samsung ou encore le G6 de LG. Mais qu’en est-il sous les sondes et autres appareils de mesures de notre Labo ? Verdict.
Le HTC U11 vient prendre la place du HTC 10 sur cette année 2017, et intègre un équipement des plus complets pour tenter à son tour de rivaliser avec les autres flagships. Cela commence évidemment avec un Snapdragon 835. HTC l’accompagne de 4 Go de RAM et 64 Go de stockage extensible pour faire tourner Android Nougat, à retrouver sur un écran Super LCD 5 de 5,5 pouces, dont la définition atteint 2560 x 1440 pixels. Les fameux haut-parleurs BoomSound sont évidemment de la partie, tandis que la prise de vue s’appuie sur des appareils photo de 12 et 8 mégapixels. Le tout est enfin alimenté par une batterie de 3000 mAh.
L’ergonomie et le design
Le métal a fait son temps chez HTC. Omniprésent sur la série One, il disparaît désormais un peu plus avec chaque nouvelle génération, jusqu’à ne couvrir plus sur ce U11 que ses tranches. Comme pour le HTC 10, la face avant est totalement vitrée, tandis que l’arrière arbore un revêtement (très) glossy, avec effet miroir. Le résultat est plutôt sympa dans l’absolu, et ça pourra éventuellement venir en aide pour les prises d’autoportraits à partir de l’appareil très discrètement intégré en haut, mais c’est franchement salissant. Reste au moins que le glossy a le mérite d’offrir une excellente adhérence en main et ce n’est pas du luxe compte tenu des dimensions de 153,9 x 75,9 x 7,9 mm, qui compliquent un peu la préhension du terminal.
Il aurait été judicieux de réduire un peu les bordures haute et basse de l’écran de 5,5 pouces pour plus de confort. D’autant que le lecteur d’empreintes en façade est particulièrement fin. L’emplacement des autres boutons semble de plus avoir été pensé pour les grandes mains. Les petites devront, dans le cas des droitiers au moins, étirer le pouce pour monter le volume, à droite donc. Celui de l’alimentation/sortie de veille reste en revanche assez facile d’accès, juste en dessous. Pour le reste, l’absence de prise jack est évidemment regrettable, d’autant que HTC livre un kit mains libres en USB-C plutôt qu’un adaptateur qui permettrait de garder son casque, mais nous n’avons pas d’autres réels griefs à formuler.
Dans l’ensemble, le HTC U11 reste un très beau terminal et il faut reconnaître que les jonctions entre les différents matériaux ont été particulièrement soignées puisqu’elles sont presque imperceptibles au toucher et ne l’ont pas empêché d’obtenir sa certification IP67 (étanchéité jusqu’à 1m pendant 30 minutes). Cela ne suffira toutefois pas à faire oublier les One qui présentaient un peu plus de caractère, quand celui-ci manque clairement d’originalité au regard de ce que propose la concurrence.
L’écran
HTC persévère avec sa technologie d’écran Super LCD, et il a peut-être raison. Les petites améliorations qu’il y apporte chaque année portent leurs fruits. La cinquième génération qui équipe le U11 n’est pas toujours au niveau des propositions concurrentes, mais elle s’en rapproche. Elle est de plus ici associée à une définition QHD (2560 x 1440 pixels) qui flatte immédiatement la rétine. Même si la résolution de 534 ppp qui en découle n’est pas la meilleure qui soit, puisqu’on la retrouve aussi sur des modèles de moins de 5,5 pouces, les textes et les icônes s’affichent de manière lisse et sans laisser le moindre pixel apparent.
Pour en revenir au Super LCD 5, la technologie de HTC permet tout d’abord de profiter d’une palette de couleurs un peu plus riche que la moyenne, plus exactement dans les tons rouges et verts, même si la colorimétrie s’en trouve un peu moins précise dans ces deux mêmes tons. On relève ainsi des deltas U’V’ de 0,0331 pour le rouge, et de 0,0308 pour le vert. Les autres couleurs sont en revanche affichées avec plus de précision et ramènent le delta U’V’ moyen à un honorable 0,019. Cela reste donc très correct dans l’ensemble, mais c’est encore dans les contrastes que la technologie Super LCD surprend le plus.
Les mesures de notre labo placent le HTC 11 devant les Galaxy S8 de Samsung et leurs écrans AMOLED avec un taux de 425:5. Rappelons au passage qu’il s’agit là d’un taux calculé spécialement pour pouvoir comparer les écrans LCD aux écrans OLED, mais le terminal de HTC s’en sort également très bien avec un taux plus classique, mesuré ici à 2017:1. On ne pourra pas en dire autant du gamma, mais les dégradés restent difficilement perceptibles sur un smartphone. Nous ne lui en tiendrons donc pas trop rigueur.
Le tableau s’assombrit un peu plus lorsque l’on en vient à la directivité. Et c’est le cas de le dire. La luminosité chute assez rapidement, passant de 242 cd/m2 en face à 178,1, 89,2 et 36,1 cd/m2 à 15, 30 et 45°, même si le HTC U11 reste là encore au-dessus de la moyenne.
L’interface utilisateur
Le HTC U11 est livré sous Android 7.1 Nougat, comme toujours accompagné chez HTC de sa interface Sense. Bien sûr, il s’agit en plus ici d’une nouvelle version, flagship oblige. Plusieurs fonctions font donc leur apparition, à commencer par Sense Edge. Le principe est assez simple. Presser les bords de l’écran permet de déclencher une action, parmi deux à définir pour les pressions courtes et longues. Par défaut, un seul type de pression est défini et lance l’appareil photo, mais il est en réalité possible d’y associer n’importe quelle application en plus de Google Assistant ou de la capture d’écran.
C’est donc assez pratique, bien qu’assez limité en nombre de fonctions. C’est de plus un peu coup de main à prendre puisque la posture n’est pas vraiment naturelle. Sans compter que l’ajout d’une coque risque de condamner Sense Edge pour peu qu’elle remonte sur les tranches, même si HTC en offre une qui permet d’en profiter. Il y a donc encore un peu de travail pour en faire une fonction réellement intéressante.
Parmi les autres ajouts de cette version, notons également l’application HTC Sense Companion qui vient jouer les assistants avec des suggestions plus ou moins pertinentes de contenus et activités à faire en fonction des habitudes de l’utilisateur. Voilà qui rappelle étrangement Google Now, évidemment présent aussi et un peu plus efficace d’ailleurs. HTC aurait peut-être mieux fait de s’abstenir, même s’il faut reconnaître qu’il n’est pas le pire en matière de bloatware.
À vrai dire, il ajoute même très peu d’applications dans l’ensemble, et il a en plus l’intelligence de bien les ranger dans les dossiers du tiroir d’applications plutôt que de chercher à tout prix à les mettre en avant sur l’écran d’accueil. On ne se sent donc pas oppressé, et la navigation ne s’en trouve que plus agréable. L’interface toujours très proche de celle de Google aide également à l’apprécier, même si l’on retrouve aussi les nombreuses options de personnalisation propres à HTC, dont la disposition libre de l’écran d’accueil, ou encore l’habituel panneau BlinkFeed à gauche du bureau.
Les performances
Comme la plupart des flagships sous Android cette année, le U11 s’appuie sur un Snapdragon 835, à savoir ce qui se fait de mieux chez Qualcomm à date avec un CPU octa-core basé sur l’architecture Kryo 280 et cadencé à 2,45 GHz en plus d’un GPU Adreno 540. HTC ajoute à cela 4 Go de RAM, quand d’autres montent à 6 et même 8 Go de RAM pour OnePlus, mais cela suffira pour la plupart des usages, comme le montrent d’ailleurs nos tests de performances.
Le HTC U11 pourrait décevoir au regard des résultats obtenus à l’issue de notre premier test, qui est aussi le moins intense. Le temps d’exécution ne descend pas en dessous des 59,4 ms, soit une cadence de 17 fps. Des smartphones milieu de gamme font aussi bien. Il est en revanche bon de constater que les niveaux de test plus élevés n’entraînent pas de chute aussi vertigineuse. Les temps d’exécution montent à 102, 149 et 191 ms, soit des cadences de 10, 7 et 5 fps.
HTC semble donc avoir optimisé son flagship de manière à ce que le Snapdragon 835 s’adapte à la masse de travail qui lui est alloué, et évite ainsi de consommer inutilement de l’énergie. Notre test d’autonomie semble d’ailleurs aussi le confirmer. Dans tous les cas, il parvient sans peine à assumer les tâches du quotidien, même lorsque plusieurs sont exécutées en même temps.
La photo et la vidéo
Derrière l’appellation UltraPixel 3, l’appareil photo du HTC 11 cache finalement un équipement qui n’est pas sans rappeler celui des derniers haut de gamme de Samsung. Il s’appuie lui aussi sur un capteur de 12 millions de pixels, dont chacun mesure 1,4 micron. L’optique ouvre quant à elle à f/1.7, comme sur les Galaxy. Mais, à l’usage, le terminal taïwanais se comporte bien différemment. S’il tient la comparaison en lumière du jour, et parvient alors à offrir un excellent niveau de détails comme en témoignent les 1418 paires de lignes par hauteur relevées au test de résolution malgré la distorsion et, plus encore, le vignettage produits par l’optique, c’est une autre affaire lorsque la lumière vient à manquer. Le bruit a tendance à augmenter au détriment des détails, pour des résultats tout juste moyens en très faible luminosité. C’est un point que l’on peut pardonner sur un entrée ou milieu de gamme, mais plus difficilement sur un flagship.
Du côté de la colorimétrie, même constat. Le HTC U11 frôle la perfection en lumière du jour avec un deltaE moyen calculé à 0,4 , mais déçoit dès qu’il faut allumer une source artificielle. Le deltaE moyen grimpe à 0,7 sous lumière fluo, et 0,8 sous lumière tungstène. Il reste évidemment possible aussi d’utiliser son flash double LED. Celui-ci se révèle d’ailleurs assez efficace au regard de ce que l’on trouve habituellement sur smartphone, même si le risque de surexposition reste fort à moins de 4 mètres, au centre du cadre principalement. Pour en revenir aux couleurs, notons que la balance automatique des blancs s’en sort relativement bien, à condition d’éviter les scènes à dominante jaune clair.
Le dernier flagship de HTC se révèle donc un peu décevant en tant qu’appareil photo lorsque les conditions de luminosité se montrent peu clémentes. Il convient néanmoins de rappeler que nos tests sont effectués en automatique et que de nombreux modes et réglages sont proposés pour améliorer les prises de vue, sinon masquer les défauts évoqués plus haut. L’application profite en plus d’une interface aussi agréable qu’ergonomique, avec notamment un mode Pro rassemblant tous les réglages directement dans le viseur et proposant l’enregistrement en RAW. Un mode vidéo est bien évidemment aussi présent, et permet de filmer jusqu’en 4K à 30 images par seconde.
Le rendu audio
Le son est depuis plusieurs années déjà la grande spécialité de HTC, et il n’a pas perdu la main. Sa technologie BoomSound a toujours le vent en poupe, même s’il convient de rappeler qu’elle a un peu changé depuis ses débuts. Des deux haut-parleurs stéréo en façade du One M7, il n’en reste plus qu’un depuis le HTC 10. Le second a glissé sur la tranche inférieure et la stéréo a été abandonnée en faveur d’un système que l’on pourrait qualifier de 1.1, avec un tweeter couvrant les médiums et les aigus (en façade) et un woofer pour les basses (en bas).
À l’usage, le gain est indéniable, principalement dans les graves qui commencent à se faire entendre dès 200 Hz. C’est simple, aucun autre smartphone n’est réellement capable de rivaliser sur ce terrain. Le système audio du HTC U11 n’est toutefois pas parfait pour autant, et décroche plutôt rapidement dans les aigus (6,3 kHz). La puissance laisse également un peu à désirer avec un volume maximal, pour 10 % de distorsion, relevé à 63 dB. Mais ces basses permettent donc de compenser.
Avec un casque, le HTC U11 se montre également convaincant. Le signal est presque intact à la sortie de la prise jack. Il y a peu de bruit comme de distorsion à déclarer, la bande passante file droit et les canaux gauche/droite sont bien équilibrés. Les écouteurs qui complètent le coffret sont en revanche un peu décevants. Les basses sont trop mises en avant et une partie des aigus est perdue.
La qualité de réception (performances radio)
Le HTC U11 profite du modem X16 intégré au Snapdragon 835, et se trouve ainsi compatible avec la 4G de catégorie 16 (débit descendant) et de catégorie 13 (montant). C’est là aussi ce qui se fait de mieux. Aucun des opérateurs français ne permet d’ailleurs encore d’en profiter. Le dernier flagship de HTC partait donc bien, mais c’était sans compter sur son système d’antennes. La directivité se révèle trop forte, et la sensibilité à peine moyenne. Autrement dit, le HTC U11 risque d’avoir du mal à accrocher le signal s’il n’est pas très fort, et de le perdre assez facilement si les relais sont peu nombreux autour. Attention donc si vous vivez en zone de faible couverture.
L’autonomie
En s’arrêtant sur une batterie de 3000 mAh pour un smartphone doté d’un écran QHD de 5,5 pouces et d’un Snapdragon 835, HTC n’a pas vraiment vu grand. Et pourtant. Le HTC U11 parvient à se classer parmi les smartphones les plus endurants sur notre banc de test avec pas moins de 9 heures et 21 minutes d’utilisation continue (mais légère) avant l’extinction. Rappelons au passage que les smartphones sont dans ce cas testé avec un affichage aux environs des 200 cd/m2 et aucune connexion active.
Conclusion
HTC rentre dans le rang. Son U11 répond globalement aux attentes que l’on peut avoir d’un flagship aujourd’hui, mais en vient aussi à manquer d’originalité si ce n’est pour son système BoomSound, assez à l’aise dans les graves, et sa fonction Sense Edge, ajoutée à Android 7.1 Nougat et finalement assez anecdotique. Le châssis est soigné et certifié IP67, mais reste très classique. L’écran se révèle bon sans pour autant parvenir à s’imposer comme le meilleur malgré des contrastes remarquables, tandis que l’appareil photo de 12 mégapixels est capable d’excellents résultats, mais trop dépendant de la lumière pour y parvenir. Le Snapdragon 835 ne fait pour sa part qu’élever le U11 au niveau des nombreux autres flagships qu’il équipe. Reste encore son excellente autonomie, mesurée à près de 10 heures par nos soins, mais il vaudra mieux s’assurer de pouvoir bénéficier d’une bonne couverture réseau avant de s’aventurer trop loin compte tenu des problèmes de réception observés.