Prise en main

Prise en main des Lumix S5 II et S5 IIx : il était une fois la révolution

04 janvier 2023
Par Louis Cayatte
Prise en main des Lumix S5 II et S5 IIx : il était une fois la révolution
©Louis Cayatte/L'Éclaireur

C’était l’une des principales critiques adressées aux appareils Lumix Micro 4/3 et plein format : face à la concurrence, le système DFD à détection de contraste montrait ses limites dans certaines situations. La firme nipponne remet les pendules à l’heure avec les S5 II et S5 IIx, qui adoptent tous les deux un autofocus hybride avec la détection de phase, tout en s’appuyant sur les fondamentaux, salués sur le S5. Explications dans cette présentation, assortie d’une prise en main.

En résumé

Dans l’ensemble, le S5 II constitue un excellent compromis en termes de rapport qualité-performances-prix (2 199 € nu, commercialisation prévue fin janvier). Idem pour la version S5 IIx, qui offre de redoutables prestations vidéo à un tarif très agressif (2 499 €, disponibilité annoncée en juin). La gamme optique Lumix S est encore loin d’être homogène, bien qu’elle accueille un nouveau modèle, un zoom abordable dans la lignée des 20-60 mm et 70-300 mm : le Lumix S 14-28 mm f/4-5,6 Macro (799 €, commercialisation février 2023). Mais il faut aussi regarder l’offre de Sigma, membre de la triple alliance autour de la monture L, avec de superbes modèles aussi bien du côté des zooms que des focales fixes. L’arrivée de la détection de phase n’a pas fini d’alimenter les rumeurs et fantasmes. Pourquoi pas imaginer bientôt un S5 haute définition ? Ou bien un Lumix G9 pourvu d’un système autofocus dernier cri ? C’est bien un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’épopée Lumix.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Qualité de construction et compacité
  • Qualité d’image en hauts Iso
  • Colorimétrie fidèle
  • Mode Haute résolution à 96 Mpx
  • Interface et ergonomie intuitives
  • Fonctions vidéo ultrapoussées
  • AF très réactif
  • Vidéo illimitée en 4K 50 p en interne
  • Rapport qualité-prix très compétitif
Les moins
  • Cadence en retrait par rapport aux concurrents (obturation mécanique)
  • Pas de rideau devant le capteur
  • Recadrage x1,5 en 4K 50p
  • Gamme optique Lumix S incomplète (mais il faut regarder l’offre Sigma en monture L)

Notre prise en main détaillée

L’arrivée simultanée des S5 II et S5 IIx prouve que la compacité du gabarit du S5 l’emporte sur le côté « tank » des S1, S1R et S1H. En tout cas, pour l’instant. Panasonic a donc repris le châssis séduisant de son S5 en améliorant certaines fonctions, dont l’autofocus hybride à détection de phase et de contraste, le viseur, mais aussi en incorporant un – discret – système de ventilation en interne, en vue de tournages vidéo intensifs. Nous y reviendrons.

Design et ergonomie

En ce qui concerne l’ergonomie pure, les habitués du S5 ne seront pas dépaysés : la seconde génération reprend la même philosophie, jusqu’à la disposition des touches, strictement identique. En jouant au jeu des différences, on note, sur la roue dédiée aux modes de prises de vue, qui trône en haut à gauche sur le dessus, l’apparition d’un nouveau picto sur le S5 II. Il s’agit du mode Haute résolution, uniquement accessible en passant par les menus sur le premier S5, désormais promu aux côtés des modes Rafales, retardateur et Time-lapse.

Au dos, on remarque un joystick un peu plus large, qui va désormais dans huit directions, pour piloter les collimateurs AF. Le stockage passe toujours par deux cartes SD, les deux ports sont compatibles avec la norme UHS-II. Au niveau des sorties, sur le côté gauche, on passe d’un port HDMI type D sur le S5, à un plus robuste et plus fiable HDMI type A sur les versions II.

La prise HDMI type A est plus fiable que la type D qui était proposée sur le S5.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

La batterie DMW-BLK22 et le grip optionnel prévus pour le S5 sont pleinement compatibles sur la seconde génération. L’écran LCD est toujours tactile, orientable dans toutes les directions. Il conserve les mêmes caractéristiques, soit 3 pouces pour 1,84 million de points.

La qualité de construction est une marque de fabrique chez Lumix et les S5 II et S5 IIx n’y dérogent pas. Les châssis sont protégés par de nombreux joints d’étanchéité, si bien qu’ils peuvent être utilisés (à condition que les optiques soient elles aussi protégées), quelles que soient les conditions météo.

Ce qui change

Les principales évolutions se situent en interne. En mettant l’œil dans le viseur, on constate une évolution de la définition, ce qui se traduit, en chiffres par un OLED de 3,68 Mpts avec un grossissement x0,78 (contre 2,36 Mpts et x0,74 sur le S5). Le détecteur d’œil n’est plus placé au bas de l’EVF, mais en haut, pour qu’il soit moins sensible, notamment quand on utilise l’écran LCD.

La définition du capteur est inchangée, soit 24 Mpx. Mais il s’agit, selon Panasonic, d’une nouvelle génération. Idem pour le processeur Engine, annoncé comme deux fois plus rapide que celui à l’œuvre dans le S5. On le constate par exemple dans le traitement des images en utilisant le mode Haute résolution, accéléré par rapport au précédent modèle.

Le S5 IIx arbore une sérigraphie entièrement noire. Il faudra attendre le mois de juin pour mettre la main dessus.©Panasonic

La stabilisation sur cinq axes n’a rien de nouveau, pas plus que le mode Augmenter Stab. Image dans les réglages vidéo. Cependant, ce dernier bénéficie d’algorithmes améliorés. Résultat, la stabilisation est si efficace qu’elle permet de réaliser des séquences à main levée en mouvement, avec un rendu pas si éloigné de ce qu’on obtient en utilisant des gimbals… Les vloggers apprécieront.

Le système de stabilisation sur cinq axes permet d’effectuer de longs temps de pose à main levée.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Toujours en vidéo, la présence d’un système de ventilation en interne, sous le prisme, décuple les capacités d’enregistrement, avec désormais des tournages illimités en interne en 4K 50 p (mais toujours avec un recadrage x1,5). Et un peu plus encore sur le S5 IIx, taillé pour les vidéastes, comme nous le détaillons plus loin. Les données peuvent être enregistrées sur deux cartes SD. Jusqu’ici, rien de neuf par rapport au S5, sauf que les deux emplacements sont compatibles avec la norme UHS-II : seul le premier l’est sur le S5.

Sous le prisme des S5 II et S5 IIx est logé un ventilateur autorisant des durées de tournage illimitées en vidéo 4K, en interne.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Mais bien sûr, les évolutions les plus marquantes sur les S5 II et S5 IIx concernent le système autofocus, avec en outre, une cadence revue à la hausse : 30 i/s en obturation électronique. Cela mérite bien deux chapitres à part entière…

Plusieurs options sont disponibles dans le menu pour gérer le système de ventilation.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

L’autofocus en détail

S’il fallait pointer le maillon faible des boîtiers Lumix – depuis l’avènement des hybrides en 2008 avec le G1 –, les errements de l’autofocus DFD à détection de contraste figureraient en bonne position. Non pas que les performances des Lumix S et G soient mauvaises jusqu’à présent, simplement, en AFC et en vidéo notamment, elles se montrent parfois erratiques quand la concurrence, Sony en tête, ne cesse de progresser. L’arrivée de la détection de phase sur 779 AF points au sein des S5 II et S5 IIx constitue donc une véritable révolution pour la firme d’Osaka.

Le système autofocus comporte de nombreux réglages fins ; on peut activer le choix entre humains et animaux avec la touche Disp. pendant la prise de vue.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Sur le terrain, les résultats donnent raison à la marque d’avoir enfin opéré ce virage. Nous avons pu le constater à de nombreuses reprises, autant avec des optiques Lumix S que des modèles Sigma en monture L, sans que ces derniers aient fait l’objet d’une quelconque mise à jour (il est probable que des firmwares soient prochainement proposés pour optimiser la compatibilité des optiques avec ce système autofocus flambant neuf).

En attendant, la mise au point est désormais bien plus véloce et précise sur le S5 II que sur le S5, notamment quand il y a plusieurs sujets sur une même scène ou dans des conditions de contre-jour, ou de basse lumière. Le fait de pouvoir réduire la taille des collimateurs au minimum permet d’être très rigoureux, quel que soit le type de sujet photographié. Dans les menus, on peut procéder à des réglages fins et les préenregistrer, pour 40 optiques différentes.

Rafale en nette hausse

Dans la course aux rafales, le Lumix S5 part de loin. Avec respectivement 5 et 7 i/s, selon que l’on utilise les modes AFC ou AFS, on ne peut pas dire qu’il soit vraiment taillé pour la photo d’action. En obturation mécanique, les S5 de seconde génération font mieux, puisqu’ils passent respectivement à 7 et 9 i/s en modes AFC et AFS.

Alors que le S5 était limité à 7 i/s au maximum en obturation mécanique ou électronique, le S5 II atteint lui 30 i/s en obturation électronique.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Mais c’est surtout le mode à 30 i/s (obturation électronique) – en Raw ou en Jpeg, avec la possibilité, dans les deux cas, d’engranger quelque 200 images – qui change la donne. Selon Panasonic, le rolling shutter est bien contenu grâce au nouveau processeur, qui assure un traitement ultrarapide des données. Dans les faits, nous constatons une bonne maîtrise, par exemple sur cette session de skate dans les rues de Valence.

Exemple d’une rafale à 30 i/s, exploitable en Raw ou en Jpeg.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Qualité d’image

Le capteur évolue (Panasonic reste assez flou sur la nature et l’origine du capteur), mais la définition reste à 24 Mpx. Pas de technologie empilée au menu. En revanche, on sait que le mode Double Iso natif, prisé par les vidéastes pour optimiser le bruit en hauts Iso, est bien de la partie. La plage s’étend par défaut de 100 à 51 200 Iso et peut aller de 50 à 204 800 Iso par extension. Panasonic revendique un gain de 14 IL au niveau de la plage dynamique avec les profils V-Log/V-Gamut. Comme toujours sur les produits Lumix, la pertinence de la colorimétrie, en particulier la restitution des teintes chair, mérite d’être soulignée.

Le mode Haute résolution, qui permet d’obtenir des images de 96 Mpx, existe déjà sur le S5, en Raw ou en Jpeg, et le fichier final est assemblé directement dans le boîtier. La fonction gagne en visibilité et en accessibilité sur le S5 II, puisqu’elle figure désormais aux côtés des modes Rafales ou des fonctions Time-lapse et retardateur sur la molette dédiée. Une fonction qui nécessite l’emploi d’un trépied et qui s’applique à des natures mortes ou paysages vierges de tout mouvement.

Le mode Haute résolution permet d’obtenir des images de 96 Mpx. L’assemblage se fait directement dans le boîtier. Seul préalable, il faut utiliser un trépied.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Parmi les autres fonctions créatives, les amateurs de photographie nocturne apprécieront le mode LiveView Composite, qui fait regretter, au passage, l’absence de rétroéclairage des touches, alors que les Lumix S1 en sont pourvus…

Vidéo, le facteur X

Lumix et la vidéo, c’est une longue histoire. À l’ère hybride, dans l’univers Micro 4/3, les GH ont toujours fait figure de modèles incontournables. Puis, dans la famille Lumix S, le S1H s’est imposé comme la référence (ainsi que le BS1H, son pendant modulaire, dont l’ergonomie est conçue pour une utilisation sur gimbal ou drone). Le S5 est apparu comme un petit frère, un peu bridé par rapport au S1H, avec des limitations de durée notamment et une définition plafonnée à l’ultra HD.

Comme sur les Lumix S précédents, y compris le S1H, les S5 II et S5 IIx tournent en 4K 50p avec un recadrage x1,5.©Louis Cayatte/L’Éclaireur
Ce menu permet de filmer à main levée avec une fluidité proche de ce qu’offre une gimbal.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Les S5 II et surtout le S5 IIx vont plus loin. En matière de durée, pour commencer, grâce au système de ventilation intégré. Contrairement à celui du S1H, logé au dos, celui des S5 II et S5 IIx est niché sous le viseur. Par conséquent, il est possible de tourner en 4K 50p (toujours avec un crop x1,5, il faut basculer en 25p pour exploiter toute la largeur du capteur) en illimité, pendant 30 minutes, en 6K 25p en interne.

Ce schéma illustre le fonctionnement du ventilateur.©Panasonic

Les fonctions sont pléthores : enregistrement sur quatre canaux audio avec la mixette optionnelle DMW-XLR1, apparue avec le GH6 ; bibliothèque de LUT héritée des VariCam ; recadrage Live, qui permet d’effectuer des mouvements panoramiques, de zooming dans l’image, pour passer de la 5,9 K à la 4K ou bien de la 4K à la Full HD ; double Iso natif ; amélioration de l’algorithme du mode de stabilisation Active IS ; possibilités de tournage en anamorphique…

Le S5 IIx permet d’enregistrer directement sur un disque SSD, comme le Lumix GH6.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Les S5 II et S5 IIx sont de redoutables outils de tournage. Le S5 IIx encore un peu plus, avec la définition 5,8 K en Apple ProRes, un débit de 800 Mpbs, la possibilité de stocker des données sur un SSD par la sortie USB, l’enregistrement en Raw avec la sortie HDMI type A, la connexion en USB avec un smartphone pour un pilotage, ou encore la possibilité d’enregistrer en ALL-I.

©Nicolas Laffaille

Conclusion

Panasonic ne bouleverse pas le concept du S5, déjà très convaincant grâce à une qualité de construction irréprochable, dans la pure tradition Lumix, et une ergonomie aboutie. Mais l’adoption de l’autofocus à détection de phase sur les S5 II et S5 IIx amorce une nouvelle ère pour la firme d’Osaka. Depuis l’avènement du G1, Panasonic ne jurait que par la détection de contraste DFD, certes efficace, mais dont les limites sont apparues de plus en plus flagrantes ces dernières années, au fil des progrès réalisés par la concurrence sur le segment hybride 24×36, notamment en termes de suivi, en vidéo.

On peut faire confiance au suivi en mode AFC, aussi bien en photo qu’en vidéo, avec le système autofocus à détection de phase et de contraste.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Désormais, les S5 seconde génération luttent à armes égales et la marque peut se targuer de la certification Netflix de certains de ses appareils, dont le S1H, ce qui est loin d’être le cas de l’ensemble des concurrents. Les performances revues à la hausse de l’autofocus bénéficient également à la partie photo, si bien que le mode Rafale à 30 i/s (obturation électronique) constitue un réel point fort et accroît la polyvalence des boîtiers. Certes, la cadence, la définition du capteur ou du viseur ne sont pas les plus élevées du marché, mais elles restent largement suffisantes pour la plupart des usages.

Le zoom Sigma 16-28 mm f/2,8 Contemporary est un excellent compromis en termes de rapport qualité-prix.©Louis Cayatte/L’Éclaireur

Dans l’ensemble, le S5 II constitue un excellent compromis en termes de rapport qualité-performances-prix (2 199 € nu, commercialisation prévue fin janvier). Idem pour la version S5 IIx, qui offre de redoutables prestations vidéo à un tarif très agressif (2 499 €, disponibilité annoncée en juin). La gamme optique Lumix S est encore loin d’être homogène, bien qu’elle accueille un nouveau modèle, un zoom abordable dans la lignée des 20-60 mm et 70-300 mm : le Lumix S 14-28 mm f/4-5,6 Macro (799 €, commercialisation février 2023). Mais il faut aussi regarder l’offre de Sigma, membre de la triple alliance autour de la monture L, avec de superbes modèles aussi bien du côté des zooms que des focales fixes. L’arrivée de la détection de phase n’a pas fini d’alimenter les rumeurs et fantasmes. Pourquoi pas imaginer bientôt un S5 haute définition ? Ou bien un Lumix G9 pourvu d’un système autofocus dernier cri ? C’est bien un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’épopée Lumix.

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