Prise en main

Prise en main du Fujifilm X-T5 : mini X-H2, maxi X-T3

31 décembre 2022
Par Louis Cayatte
Prise en main du Fujifilm X-T5 : mini X-H2, maxi X-T3
©Fujifilm

Ce boîtier n’est pas réellement le successeur du X-T4, mais plutôt du X-T3, dont il reprend l’ergonomie et le design, tout en héritant des technologies récentes vues sur le X-H2. Explications dans notre prise en main.

En résumé

Pour qui, le X-T5 ? Les photographes, avant tout. Et ceux pour qui un écran orientable dans toutes les directions n’est pas un critère primordial. La compacité de ce boîtier hybride impressionne au vu des caractéristiques qu’il intègre. Un condensé du X-T3 et du X-H2. Concrètement, 40 Mpx (et même 160 Mpx avec le mode Haute résolution) stabilisés dans un gabarit robuste, protégé contre les intempéries, de quelque 557 g. Et un positionnement dans la gamme symboliquement tout juste sous la barre des 2 000 € le boîtier nu, qui le met face à des appareils plein format comme le Sony A7C, le Lumix S5 ou les Canon EOS R6 et Nikon Z6 II. Le prix du X-T4 devrait encore baisser un peu dans les semaines qui viennent, une belle affaire en perspective… À moins que les sirènes riches en pixels du X-T5 ne vous fasse succomber.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Qualité d’image
  • Construction robuste et ergonomie aboutie
  • Modes de simulations de films argentiques
  • Boîtier compact et stabilisé sur cinq axes
  • Viseur OLED fluide et confortable
  • Mode Haute résolution à 160 Mpx
  • Rafale mécanique à 15 i/s
  • Vidéo 6,2K en interne
  • Bonne autonomie
Les moins
  • Menus archaïques
  • Rolling shutter et banding en obturation électronique
  • Mémoire-tampon trop juste en Raw en rafale
  • Pas de prise casque (il faut un câble USB-C)

Notre prise en main détaillée

Fujifilm avait déjà largement gâté les aficionados d’appareils APS-C en monture X cette année, avec les lancements estivaux des X-H2s puis X-H2. Deux boîtiers experts polyvalents, le premier jouant la carte de la vitesse avec une définition raisonnable et un capteur empilé de 26 Mpx ; le second battant les records sur ce type de capteur avec 40 Mpx. Et c’est ce capteur ultradéfini, qui officie dans le X-T5, dont l’avènement ponctue cette année riche en sorties et en pixels chez Fujifilm.

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Prise en main réalisée grâce à un produit prêté par le constructeur.

Design et prise en main

Il aurait été naturel que le X-T5 épouse la philosophie et les acquis du X-T4. Puisque les X-H2s et X-H2 sont apparus entre-temps, Fujifilm rebat les cartes et positionne le nouveau venu différemment. Les X-H incarnent le sommet de la gamme APS-C. Le X-T5 va, lui, occuper une zone intermédiaire, avec une orientation plus prononcée pour la photo, là où le X-H2 et le X-T4 avant lui jouent pleinement la polyvalence photo-vidéo.

D’où une ergonomie très proche de celle du X-T3 : pas d’écran orientable dans toutes les directions, particulièrement utile pour cadrer en vidéo, mais un LCD inclinable, aussi bien en tenue horizontale que verticale, exactement comme sur les X-T2/X-T3. En mettant côte à côte les X-T3 et X-T5, la ressemblance est ainsi frappante. 

XT5 Ecran
L’écran s’articule sur trois axes, basculant vers le haut ou vers le bas quand l’appareil est à l’horizontale, ou bien vers le haut, quand on tient le boîtier à la verticale.©Fujifilm

Il existe pourtant quelques subtilités dans l’agencement des touches (plus larges, aussi), notamment le sélecteur photo-vidéo sur le X-T5 en lieu et place du sélecteur de mode d’exposition sur le X-T3. Ou bien encore la place de la touche Fn sur le dessus, plus proche du déclencheur, désormais. Une autre, de taille celle-ci, concerne la batterie. 

XT3 vs XT5 Accus
Nouvelle génération de batterie pour le X-T5, la NP-W235.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Exit la NP-W126S, qui alimente le X-T3 et place à la NP-W235 sur le X-T5. Logique, puisque ce dernier intègre un énergivore système de stabilisation sur cinq axes, absent sur le X-T3. L’autonomie passe ainsi, d’un modèle à l’autre, de 390 vues à 740 selon les données fournies par la marque, ce qui est dû principalement à la nouvelle génération de processeur (X-Processor 5), « qui augmente de plus de 20 % le nombre de vues par rapport au X-T4 », selon Fujifilm.

La prouesse, au final, réside dans la maîtrise des dimensions, malgré l’intégration de la stabilisation et le changement de batterie : 132,5×92,8×58,8 mm pour le X-T3 contre 129,5x91x63,8 mm pour le X-T5, et des poids respectifs de 539 g et 557 g. Rappelons au passage que le X-T4 accuse 607 g sur la balance.

Génération 5

Le X-T5 a beau ressembler au X-T3, il embarque la plupart des technologies récentes lancées par Fujifilm sur le créneau APS-C. À commencer par le processeur X-Processor 5, mentionné précédemment, dont la miniaturisation favorise un traitement rapide et une faible consommation d’énergie, mais aussi le fameux capteur BSI de 40 Mpx. Un record en APS-C, partagé avec le X-H2. Avec la possibilité d’aller encore plus loin grâce au mode Haute résolution à 160 Mpx, ce qui est rendu possible par la présence d’un système de stabilisation sur cinq axes en interne.

L’efficacité de ce dernier est encore accrue par rapport au X-T4, pour un gain revendiqué de 7 IL, à pondérer, bien sûr, en fonction de l’optique employée. En vidéo, les mouvements panoramiques sont plus fluides, et un mode Boost accroît la stabilité en se déplaçant. 

Hélas, cette nouvelle génération de capteurs et de processeurs ne s’accompagne pas d’une mise à jour des menus. Les adeptes des hybrides Fujifilm trouveront rapidement leurs marques. Les autres recourront au manuel, car la répartition des diverses fonctions n’est pas des plus intuitives.

Qualité d’image

Il faut bien admettre quelques concessions pour laisser un peu de place au X-H2, positionné au sommet de la gamme. Le viseur OLED fait partie des domaines « sacrifiés ». Tout est relatif, puisque la dalle OLED, bien que de définition inférieure (3,68 Mpts contre 5,78 Mpts sur le X-H2), procure une image claire et une visée confortable, notamment grâce à un grossissement x0,8 (contre x0,75 sur le X-T4), et un taux de rafraîchissement de 100 i/s (dégagement oculaire de 24 mm). De quoi apprécier pleinement, en direct, les différents effets et modes de simulation de films proposés en interne.

Classic Chrome Real
Exemple de rendu avec le mode Classic Chrome.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Une habitude chez Fujifilm, historique fabriquant de films argentiques. Il existe même des applications comme Fuji Recipes et Fuji X Weekly App (iOS et Android), qui permettent de concocter ses propres « recettes », par type de capteur, en agissant sur plusieurs paramètres dans le boîtier (simulation de film, effet de grain, color Chrome, netteté, clarté…). Par exemple, pour la génération X-Trans V, on trouve la recette « Kodak Portra 400 V2 ». 

Hauts Iso 5000
Photo prise à 5 000 Iso en Jpeg. La conservation du détail et la préservation du bruit est impressionnante avec une aussi haute définition (40 Mpx).©Louis Cayatte/L'Éclaireur

L’une des particularités des capteurs X-Trans Fujifilm réside dans l’excellent rendu des Jpeg. Si bien qu’on est souvent tenté de les exploiter directement, sans passer par la case Raw, sans équivalent à l’heure actuelle sur le marché. La plage de sensibilité s’étend de 125 à 12 800 Iso par défaut et peut être allongée de 64 à 51 200 Iso. Dans les faits, en Jpeg, on peut sans crainte aller jusqu’à 5 000, voire 6 400 Iso. Au-delà, mieux vaut passer par le Raw si l’on souhaite effectuer du recadrage ou de grands tirages par la suite.

Banding
Le phénomène de banding, visible en arrière-plan, résulte de l’emploi de l’obturation électronique sous un éclairage artificiel.©Louis Cayatte/L'Éclaireur

Autofocus et cadence

S’il y a un domaine dans lequel Fujifilm pouvait encore progresser, au regard des performances du X-T3 et même du X-T4 par rapport à la concurrence, c’est bien l’efficacité de l’autofocus. Les arrivées des X-H2s et X-H2 et de la cinquième génération de processeur ont apporté une première réponse. Le X-T5 s’empare ainsi des nouveaux algorithmes AF, avec à la clé une détection de sujets aussi variés que les animaux, les oiseaux, les voitures, motos, avions ou trains. Les textures les plus fines (poils, fourrure) sont également prises en compte. À l’usage, avec le zoom XF 70-300 mm f/4-5,6 R LM OIS WR (équivalent 105-450 mm en 24×36), on constate en effet une excellente réactivité en mode AFC.

Tout cela en profitant du mode Rafale ambitieux à 15 i/s en obturation mécanique (20 i/s en mode électronique), ce qui est assez remarquable étant donné la définition de 40 Mpxl. Des données identiques à celles du X-H2. Mais la comparaison s’arrête là entre les deux modèles. Car la mémoire-tampon plafonne à 119 Jpeg ou 19 Raw sur le X-T5, alors qu’on pourra atteindre un millier de Jpeg et environ 400 Raw sur le X-H2.

La raison est simple : ce dernier possède un compartiment pour cartes CFexpress Type B, ce qui autorise une vitesse d’écriture bien supérieure aux plus classiques SD ; le X-T5 se contente lui de deux ports pour cartes SD. La photo d’action en Raw n’est donc pas à privilégier. 

En obturation électronique, gare au rolling shutter et autre banding. Alors que le X-H2s possède un capteur empilé, c’est-à-dire secondé par une puce qui permet un traitement plus rapide des données, ce qui limite ces phénomènes dans ces conditions, les X-H2 et X-T5 sont eux dotés d’un Cmos BSI X-Trans, plus susceptible de générer ce type de défaut en obturation électronique. 

Vidéo

Le X-T5 est avant tout conçu comme un boîtier photo. Toutefois, en 2022, impossible de ne pas incorporer un minimum de caractéristiques solides dans le domaine de la vidéo. Même le compact expert Fujifilm X100V, emblématique de la street photo au look vintage, est capable de tourner en 4K.

Comme il inclut le même duo capteur-processeur que le X-H2, on s’attend à ce que le X-T5 propose une définition équivalente en vidéo, comme c’est le cas en photo (40 Mpx). Pourtant, pas de 8K. Fujifilm a « bridé » ce modèle par rapport au X-H2, pour mieux scinder la gamme, et aussi parce que l’absence de port pour carte CFexpress Type B limite le traitement de données trop lourdes. En outre, le X-T5 n’est pas compatible avec le ventilateur optionnel FAN-001, indispensable pour tourner de manière intensive avec le X-H2 en 8K.

Sur le X-T5, on se contente de tourner en 6,2K à 25 i/s ou bien en 4K 50p (recadrage x1,23), ce qui est déjà largement suffisant pour la plupart des vidéastes… qui pourront même préférer le X-T4, plus complet et qui exploite toute la largeur du capteur en 4K 50P. Sur le X-T5, il est possible de brancher un micro, mais pas un casque (sauf à utiliser l’adaptateur USB-C dédié, idem sur le X-T4) et la sortie HDMI n’est pas de type A comme sur le X-H2, mais de type D, moins fiable. 

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