Hollywood vient de perdre l’un de ses conteurs les plus brillants. Le réalisateur américain Rob Reiner a été retrouvé mort ce 14 décembre à son domicile californien aux côtés de sa femme. Le cinéaste de 78 ans a marqué plusieurs générations avec des œuvres restées cultes. Du drame intimiste au thriller judiciaire sous haute tension, retour sur ses longs-métrages incontournables.
La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre sur la planète cinéma. Rob Reiner, 78 ans, et son épouse Michele Singer Reiner, 68 ans, ont été retrouvés morts à leur domicile du sud de la Californie, apparemment poignardés. Une enquête pour homicide a été ouverte par la police de Los Angeles.
Artisan de génie, capable de diriger des monstres sacrés comme Jack Nicholson ou Kathy Bates avec une maîtrise exceptionnelle, le réalisateur a signé des œuvres devenues cultes, traversant les générations sans devenir ringardes. À l’aise aussi bien dans la comédie que dans le drame ou le thriller psychologique, il a su capter l’émotion juste, révéler toute la puissance de ses acteurs et raconter des histoires profondément humaines.
Stand by Me (1986) : l’ode à l’adolescence
Bien avant le phénomène Stranger Things, il y avait Stand by Me. Adapté d’une nouvelle de Stephen King, ce film capture comme aucun autre la fin de l’innocence et le passage à l’âge adulte. L’histoire de ces quatre gamins partant à la recherche du corps d’un enfant disparu le long d’une voie ferrée se transforme en chronique poignante sur l’amitié masculine.
La bande originale du film est devenue mythique, le casting (avec les regrettés River Phoenix et le jeune Wil Wheaton) est bouleversant, et la réalisation de Reiner d’une justesse absolue. C’est le film qui prouve que Rob Reiner était un grand directeur d’acteurs, capable de tirer des émotions brutes.
Princess Bride (1987) : le conte de fées irrévérencieux
« Bonjour, je m’appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare-toi à mourir. » Si vous n’avez jamais prononcé cette phrase en duel avec une brosse à dents, vous êtes probablement passé à côté d’un pan entier de la pop culture. Princess Bride est un petit miracle d’équilibre : un film de fantasy qui joue avec les codes du genre tout en racontant une merveilleuse histoire d’amour et d’aventure.
Rob Reiner y démontrait son talent unique pour mélanger les tons, livrant une œuvre à la fois drôle, épique et incroyablement tendre. Un film culte qui se transmet de génération en génération.
Quand Harry rencontre Sally (1989) : la référence absolue
C’est probablement le premier titre qui vient en tête à l’évocation de son nom. Avec cette comédie romantique, Reiner n’a pas seulement signé un succès au box-office, il a défini les codes du genre pour les trente années suivantes. Porté par l’alchimie indéniable entre Meg Ryan et Billy Crystal, le film pose l’éternelle question : l’amitié homme-femme est-elle vraiment possible ?
Entre les dialogues ciselés de Nora Ephron et la fameuse scène du restaurant, c’est le « doudou » cinématographique par excellence. C’est le film à revoir quand le moral est en berne.
Misery (1990) : le huis clos terrifiant
Au tournant des années 90, Rob Reiner prouve qu’il peut aussi nous glacer le sang avec cette adaptation du roman de Stephen King. Kathy Bates y livre une performance terrifiante – qui lui vaudra d’ailleurs l’Oscar – dans le rôle d’Annie Wilkes, l’infirmière et « numéro 1 fan » de l’écrivain Paul Sheldon, qu’elle séquestre pour le forcer à réécrire son roman favori.
La tension est palpable à chaque seconde et le réalisateur utilise l’espace confiné de la chambre pour créer un suspense insoutenable, prouvant que l’horreur n’a pas besoin de monstres surnaturels pour fonctionner.
Des hommes d’honneur (1992) : le face-à-face légendaire
« Tu ne peux pas supporter la vérité ! » (« You can’t handle the truth! »). Cette réplique, hurlée par un Jack Nicholson impérial face à un jeune Tom Cruise, est entrée instantanément au panthéon du cinéma. Avec Des hommes d’honneur, Rob Reiner change encore de registre et signe un thriller judiciaire sous haute tension, adapté d’une pièce d’Aaron Sorkin.
Le film est une démonstration de puissance où le réalisateur orchestre un huis clos étouffant au sein d’un tribunal militaire, faisant de chaque mot une arme. C’est un cinéma carré, efficace, porté par un casting cinq étoiles complété par Demi Moore, Kevin Bacon et Kiefer Sutherland.
