Alors que sort en salles ce 15 octobre 2025 le film de science-fiction très attendu « Chien 51 » de Cédric Jimenez, une question brûle toutes les lèvres : le cinéma de genre français aurait-il enfin trouvé sa voie ? Du très acclamé « Vermines » au triomphe populaire de « Règne Animal », retour sur 8 des meilleurs films de genre français.
Qu’il touche à l’horreur, au fantastique ou encore à la science-fiction, le cinéma de genre français, longtemps cantonné à une production de niche ou décrié, s’impose aujourd’hui. Plutôt qu’une simple imitation du modèle américain, le film en réinvente les codes, alliant innovation visuelle et puissance narrative à une profondeur psychologique et sociale typiquement française.
Le cinéma de genre francophone s’offre un nouvel essor avec Chien 51 de Cédric Jimenez, en salle ce 15 octobre. Adapté du roman éponyme de Laurent Gaudé, le long-métrage nous projette dans un Paris dystopique scindé en trois zones sociales hermétiques. ALMA, l’intelligence artificielle régissant l’ordre dans la capitale, voit son créateur être assassiné, et c’est au duo d’agents Salia (Adèle Exarchopoulos) et Zem (Gilles Lellouche) d’investiguer.
À l’occasion de cette nouvelle sortie, retour sur les meilleurs films de genre français.
Les Yeux sans visage, Georges Franju (1960)
À Paris, le brillant chirurgien Génessier (Pierre Brasseur) kidnappe des jeunes femmes avec l’aide de son assistante Louise (Alida Valli) dans l’objectif de prélever leur visage pour remodeler celui de sa fille Christiane (Édith Scob), défigurée des suites d’un accident de voiture.
Chef-d’œuvre intemporel et glaçant, Les Yeux sans visage, adapté du roman éponyme de Jean Redon, dépasse le simple film d’horreur et surprend par sa modernité. Le mythique masque blanc inexpressif de Christiane influencera nombre de cinéastes, de Pedro Almodóvar à John Carpenter. Immanquable, tout simplement.
La Jetée, Chris Marker (1962)
Dans les souterrains d’un Paris dévasté par la Troisième Guerre mondiale, des scientifiques tentent de sauver l’humanité en envoyant des personnes dans le passé. Un homme, hanté par une image de son enfance, se dessine comme étant le candidat idéal.
Avec le photo-roman La Jetée, court-métrage marquant de la Nouvelle Vague, Chris Marker signe une œuvre de science-fiction majeure. Le film inspirera notamment L’Armée des 12 Singes de Terry Gilliam, preuve que le genre français n’a rien à envier à ses homologues étrangers en matière d’avant-garde.
Grave, Julia Ducournau (2016)
Elevée dans une famille de végétariens, Justine (Garance Marillier) intègre la même école vétérinaire que sa sœur aînée. Soumise à un bizutage extrême, durant lequel elle est forcée de manger un rein de lapin cru, la jeune femme sent se réveiller en elle une nature insoupçonnée et un désir grandissant pour la chair…
Avec ce mémorable Grave, la réalisatrice Julia Ducournau (future Palme d’or avec Titane) signe un body horror radical et intelligent. Loin du simple film gore, ce long-métrage viscéral et fondateur sera récompensé par le Grand prix de Gérardmer en 2017 et le prestigieux Prix FIPRESCI au Festival de Cannes en 2016.
Climax, Gaspar Noé (2018)
Au cours de l’hiver 1996, une troupe de danseurs se retrouve pour une fête après leur dernière répétition. Lorsque quelqu’un drogue la sangria au LSD, l’exaltation vire à la démence et la descente aux enfers est inévitable.
Expérience sensorielle totale, véritable trip hypnotique porté par une bande-son enivrante, Climax transforme une célébration de la vie en une vision apocalyptique. Une œuvre unique en son genre signée Gaspar Noé, qui nous fait basculer dans l’horreur pure.
La Nuée, Just Philippot (2020)
Pour sauver son élevage d’insectes, Virginie (Suliane Brahim), mère de famille célibataire, se donne entièrement à ses sauterelles après avoir découvert que ces dernières avaient un appétit vorace.
Avec La Nuée, Just Philippot ancre son récit dans une réalité sociale forte et y fait naître une angoisse organique et viscérale. Un thriller rural brillant qui impose l’éco-horreur dans le paysage cinématographique français.
Les Cinq Diables, Léa Mysius (2022)
Grâce à son don olfactif, Vicky (Sally Dramé), huit ans, collectionne les senteurs. En cherchant à capturer celle de Julia, sa tante fraîchement débarquée (Swala Emati), la petite fille solitaire va déterrer un passé qui se voulait oublié.
Avec Les Cinq Diables, le fantastique est exploré à travers le prisme de l’intime. Ce long-métrage onirique et surnaturel de Léa Mysius entremêle non-dits et passions refoulées et confirme l’émergence d’un puissant cinéma de genre.
Le Règne Animal, Thomas Cailley (2023)
Dans un monde frappé par une vague de mutations qui transforme peu à peu des humains en animaux, François (Romain Duris) part, avec son fils Émile (Paul Kircher), à la recherche de sa femme, échappée du camion qui la conduisait dans un centre pour créatures.
Chronique père-fils et fable bouleversante sur la différence, Le Règne Animal est une réussite totale. Quintuplement récompensé aux César 2024, le long-métrage de Thomas Cailley est assurément un grand film d’aventure à la fois émouvant, original et intelligent.
Vermines, Sébastien Vaniček (2023)
Kaleb (Théo Christine), passionné d’animaux exotiques, ramène chez lui une araignée venimeuse. Cette dernière échappe à sa surveillance et prolifère dans l’immeuble à une vitesse folle. Alors plongés en quarantaine dans leur immeuble, les habitants vont devoir faire face aux arachnides.
Avec son surprenant Vermines, Sébastien Vaniček signe un film d’horreur d’une tension redoutable. Le huis clos mortel, dynamitant les clichés sur la banlieue et faisant de ses habitants des héros et héroïnes, a su conquérir le public et la critique. Un nouveau tour de force pour le cinéma de genre français.