Révélée en 2019, la popstar française Suzane est également une figure de proue de la chanson engagée. À l’occasion de la sortie de son troisième album, « Millénium », retour sur cinq titres très militants.
Autrice de tubes générationnels (comme La Flemme), Suzane s’est aussi distinguée par son engagement. Celle qui fut l’artiste la plus assidue en festival en 2019 – avant même d’avoir sorti le moindre album – a tissé un répertoire empreint de chansons pêchues où transparaît son envie de combattre un monde actuel qu’elle voit comme dystopique. Et sa musique appelle à avancer dans le bon sens : focus sur cinq de ses morceaux engagés.
Il est où le SAV ? (2019)
Comment s’ancrer dans les problématiques de sa génération ? Pour Suzane, née en 1991, cela tient à un titre, Il est où le SAV ?, qui l’accompagne depuis ses débuts en 2019.
Continent de plastique, pollution atmosphérique et « planète cassée » témoignent, dans les couplets et les refrains de ce titre enregistré avec Témé Tan, de l’engagement écolo de Suzane et de son inquiétude face à la crise climatique. Un morceau dans lequel la chanteuse parvient à concilier musique mélodieuse, rythme entraînant et message environnemental.
SLT (2019)
C’est un constat noir qui irrigue SLT, extrait de Toï Toï, premier album de Suzane : le titre liste, sur un thème trap, les espaces oppressants et dangereux pour les femmes. La rue, le boulot, et même les messages privés… En quatre minutes, cette plongée violente et réaliste est seulement tempérée d’une injonction émancipatrice : ce « Bats-toi, fillette » qui indique une voie de lutte.
Génération désenchantée (2022)
À la charnière des générations Y et Z, Suzane se fait le porte-voix de plusieurs classes d’âge, dont l’environnement médiatique est malheureusement bouché par les perspectives de crises et de guerres. Génération désenchantée (extrait de son deuxième album Caméo) raconte la condition d’une âme face aux dérives d’un monde conflictuel, obsédé par le lucre et sans ambition écologique.
Comme souvent chez Suzane, un peu de lumière vient éclairer cet état de fait sans concession, dans lequel la musique, Mylène Farmer et l’envie de changer les choses surnagent, finalement.
Je t’accuse – 2025
« Un traumatisme remonté à la surface », explique Suzane au micro de Quelle époque, ce printemps 2025. Lors du procès des viols de Mazan en 2024, où des dizaines d’hommes ont été condamnés pour le viol de Gisèle Pélicot, la jeune femme se remémore un crime sexuel dont elle a été victime quinze ans auparavant. Elle se met alors à son piano, attaquant la justice comme ses bourreaux.
Je t’accuse, premier extrait de l’album Millénium, devient rapidement un hymne : des voix du combat féministe s’associent à la chanteuse, qui invite de nombreuses personnalités pour le clip de la chanson et cède ses droits d’autrice à la Fondation des Femmes qui lutte contre les violences faites aux femmes.
Au grand jour (2025)
L’engagement, chez Suzane, est aussi affaire d’intimité. Sur Millénium, elle rêve d’un futur où l’on peut assumer son amour Au grand jour. Ode à la liberté et aux effusions d’affection qui ne seraient pas jugées, la chanson porte un message universel de tolérance, valable dans ces contextes où les relations homosexuelles et queers sont encore, hélas, discriminées.
Une fois de plus, Suzane – ouvertement lesbienne – embrasse des problématiques très actuelles au travers de sa musique, avec un digne successeur à P’tit gars, son titre sur le coming-out et les préjugés homophobes, sorti à l’époque sur Toï Toï.
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