Le cinéma est en deuil. Claudia Cardinale, l’une de ses plus grandes icônes, nous a quittés à l’âge de 87 ans. Avec sa voix rauque si singulière et sa beauté solaire, elle a illuminé l’écran pendant des décennies, tournant avec les plus grands, de Fellini à Sergio Leone en passant par Visconti. Plus qu’une actrice, elle était un symbole de liberté, de force et d’élégance à l’italienne.
Née à Tunis, devenue star à Rome, adoptée par le monde entier, Claudia Cardinale a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du septième art. De la Sicile de Visconti au Far West de Leone, du rêve de Fellini à la comédie française, Claudia Cardinale aura tout joué, tout osé, avec un naturel et une grâce qui n’appartenaient qu’à elle. Sa filmographie est un trésor inépuisable. Voici une sélection de cinq rôles emblématiques qui ont fait d’elle une légende.
Le Guépard (1963) : L’éblouissante Angelica
S’il ne fallait retenir qu’une image, ce serait peut-être celle-ci : Claudia Cardinale, dans sa somptueuse robe de bal blanche, valsant dans les bras de Burt Lancaster. Dans la fresque magistrale de Luchino Visconti, elle est Angelica Sedara, incarnation d’une nouvelle bourgeoisie audacieuse et irrésistible qui vient bousculer l’aristocratie sicilienne déclinante. Solaire, ambitieuse et d’une beauté à couper le souffle, elle crève l’écran et vole le cœur d’Alain Delon. Un rôle qui la consacre comme l’une des plus grandes actrices de son temps.
Il était une fois dans l’Ouest (1968) : La force tranquille au cœur du mythe
Pour son western opératique, Sergio Leone choisit Claudia Cardinale pour interpréter Jill McBain, une jeune veuve qui débarque dans l’Ouest sauvage et se retrouve seule, héritière d’un terrain convoité par tous. Loin des clichés de la demoiselle en détresse, elle campe un personnage d’une résilience et d’une détermination incroyables. Face à Henry Fonda, Charles Bronson et Jason Robards, son silence en dit long et sa présence magnétique illumine chaque plan. Elle est le cœur battant du film, le symbole d’une civilisation naissante. Indispensable.
Huit et demi (1963) : L’apparition fellinienne
Quelle année 1963 pour Claudia Cardinale ! La même année que Le Guépard, elle devient la muse de Federico Fellini dans son chef-d’œuvre absolu, Huit et demi. Elle y incarne Claudia, une vision, une actrice idéale qui apparaît dans les fantasmes du réalisateur en crise joué par Marcello Mastroianni. Elle est la pureté, l’inspiration, une bouffée d’air frais dans le chaos créatif. Son rôle la fait entrer au panthéon des icônes du cinéma d’auteur mondial.
Rocco et ses frères (1960) : La passion tragique
Avant de la sublimer dans Le Guépard, Luchino Visconti lui offre l’un de ses premiers grands rôles dramatiques dans ce monument du cinéma italien. Aux côtés d’Alain Delon et Renato Salvatori, elle est Nadia, jeune femme tiraillée entre deux frères, dont l’amour et le désir seront le catalyseur d’une terrible tragédie familiale. Dans ce drame néoréaliste poignant, elle montre déjà toute l’étendue de son talent et sa capacité à exprimer les passions les plus intenses.
Les Pétroleuses (1971) : Le duel pop et glamour avec B.B.
Parce que Claudia Cardinale, c’était aussi une immense star populaire capable d’une grande autodérision, impossible de ne pas mentionner ce western-comédie jubilatoire où elle donne la réplique à l’autre grande icône des sixties : Brigitte Bardot. Duel de charme, de caractère et de pistolets entre deux sœurs qui se disputent un ranch. Le film est un pur plaisir, un concentré de l’esprit des années 70 et le témoignage d’une rencontre au sommet entre deux légendes. Un classique de la comédie française à la sauce western.