En septembre, la rentrée Netflix s’annonce politique, paranoïaque et spectaculaire. Sous le regard de maîtres comme Spielberg, Spike Lee ou Jordan Peele, le thriller se taille la part du lion, aux côtés de satires féroces et de blockbusters décomplexés.
Au programme ce mois-ci : la traque vengeresse d’Eric Bana dans le Munich de Spielberg, l’infiltration insensée du Ku Klux Klan par Spike Lee, ou la peur panique d’un Mel Gibson face à la caméra d’un Shyamalan inspiré. Aux côtés de ces thrillers, la franchise Fast and Furious assure le grand spectacle, tandis que le duo Omar Sy-Sara Giraudeau apporte sa touche de charme. Le tout avant un bouquet final satirique signé Ruben Östlund. Une rentrée intense et pleine de caractère.
1er septembre : Charlie’s Angels 2 – Les Anges se déchaînent, McG
Le trio de choc et de charme – Cameron Diaz, Drew Barrymore, Lucy Liu – reprend du service dans cette suite survitaminée de Charlie et ses drôles de dames. Son réalisateur Joseph McGinty Nichol, aka McG pousse ici tous les curseurs au maximum et livre un pur produit d’entertainment, décomplexé et terriblement dynamique.
Au cœur de l’intrigue : la récupération de deux anneaux qui révèlent l’identité des témoins protégés par le gouvernement. Mais le danger vient surtout d’une ange déchue, campée par une Demi Moore qui prend un plaisir réel et communicatif à jouer la bad girl. Charlie’s Angels 2 – Les Anges se déchaînent est un concentré d’action et d’humour, porté par l’alchimie intacte de ses trois « drôles de dames ».
1er septembre : La Source, Rodolphe Lauga
De l’asphalte d’une cité de province aux vagues de l’océan, il n’y a qu’un rêve. Celui de Samir – campé par le rappeur Sneazzy – qui, destiné à reprendre l’entreprise de plomberie familiale, se découvre une passion dévorante pour le surf.
Librement inspiré d’une histoire vraie, La Source de Rodolphe Lauga est un beau récit d’émancipation, une ode à la ténacité qui nous rappelle que les plus beaux horizons sont souvent ceux que l’on s’invente. Le film vaut aussi pour ses seconds rôles, à l’image d’un improbable Christophe Lambert en maître-nageur aussi ringard que touchant. Une chronique sociale qui prend le large pour se muer en un feel-good movie plein de sincérité.
2 septembre : Fast and Furious, la totale
Plus qu’une saga, un phénomène. Née d’un polar musclé sur les courses de rue à Los Angeles, la franchise Fast and Furious n’a cessé, au fil des épisodes, de repousser les limites de la physique et du grand spectacle.
D’abord centrée sur le tandem Vin Diesel–Paul Walker, la famille s’est agrandie avec l’arrivée de Dwayne Johnson dans Fast Five, opérant un virage vers le film de braquage international. L’action devient alors conceptuelle, presque cartoonesque, jusqu’au spin-off Hobbs & Shaw qui oppose The Rock et Jason Statham à un super-soldat incarné par Idris Elba. Une montée en puissance qui culmine avec le bouleversant Fast and Furious 7, hommage vibrant à l’ange gardien de la franchise, le regretté Paul Walker.
18 septembre : BlacKkKlansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan, Spike Lee
L’histoire est si folle qu’elle ne pouvait être que vraie. Celle de Ron Stallworth (John David Washington, fils de Denzel), premier officier noir de Colorado Springs qui, au début des années 1970, décide d’infiltrer le Ku Klux Klan. Lui au téléphone, son collègue blanc et juif Flip Zimmerman (excellent Adam Driver) sur le terrain.
De ce postulat, Spike Lee signe un pamphlet politique déguisé en comédie féroce et jubilatoire. Car si l’on rit beaucoup face à la bêtise crasse des suprémacistes, BlacKkKlansman est avant tout une œuvre coup de poing, qui jette un pont rageur et nécessaire entre l’Amérique des seventies et ses démons bien contemporains.
19 septembre : Munich, Steven Spielberg
Comment répondre à la barbarie terroriste sans y perdre son âme ? Avec Munich, Spielberg ne signe pas une simple reconstitution de la prise d’otages des JO de 1972, mais une fresque politique et morale d’une densité folle. On y suit la traque vengeresse d’un commando du Mossad, mené par un formidable Eric Bana.
Loin de toute glorification, le cinéaste s’attache à la mécanique glaçante de la vengeance où chaque exécution, sèche et brutale, interroge la légitimité d’une telle réponse et ronge l’âme de ses agents. Un thriller d’espionnage doublé d’une tragédie humaine. L’un des films les plus complexes et puissants de Steven Spielberg. À poursuivre avec celui de Tim Fehlbaum, 5 septembre.
19 septembre : Get Out, Jordan Peele
Chris (Daniel Kaluuya), jeune photographe noir, s’apprête à rencontrer les parents de sa petite amie, Rose (Allison Williams). Mais ce qui s’annonçait comme un week-end de présentations convenu, au pire embarrassant, se transforme en un cauchemar paranoïaque et glaçant.
Pour son premier film, Jordan Peele signe un coup de maître. Bien plus qu’un simple film d’horreur, Get Out est une satire sociale féroce qui fait du racisme insidieux de l’élite blanche progressiste le plus terrifiant des monstres. Porté par un duo d’acteurs impeccables, le film s’est imposé depuis comme un classique instantané qui a utilisé les codes du genre pour mieux les dynamiter. Brillant.
24 septembre : Bon rétablissement !, Jean Becker
Pour un misanthrope rêvant de solitude, un séjour forcé à l’hôpital tient du calvaire ! C’est le point de départ de Bon rétablissement !, comédie humaniste dans laquelle Jean Becker (Les Enfants du marais, Deux jours à tuer…) installe son personnage, campé par un savoureux Gérard Lanvin, au carrefour de toutes les rencontres.
Infirmière dévouée, ado au lourd secret, jeune homme paumé (remarquable Swann Arlaud)… c’est toute une galerie de personnages touchants qui défile à son chevet. De cette valse inattendue, le bougon finit par entrevoir une forme de renaissance. Une comédie revigorante qui fait du bien.
25 septembre : Signes, M. Night Shyamalan
D’immenses figures géométriques tracées dans un champ de maïs. Des silhouettes fugaces sur le toit. Un monde qui retient son souffle. Pour Graham Hess, pasteur ayant perdu la foi, campé par un Mel Gibson intense, l’arrivée de ces Signes est une épreuve intime.
Dans ce qui reste l’un de ses meilleurs films, M. Night Shyamalan délaisse le grand spectacle pour orchestrer un huis clos familial d’une tension redoutable. Il filme la peur de l’invisible à travers le regard de ce fermier et de son frère, incarné par Joaquin Phoenix. Et transforme ce film d’invasion en une profonde parabole sur la foi. Une leçon de suspense.
26 septembre : French Lover, Nina Rives
French Lover revisite à la française le mythe de Coup de foudre à Notting Hill, en orchestrant la rencontre improbable entre Abel Camara (Omar Sy), star internationale au sommet de sa gloire, et Marion (Sara Giraudeau), l’incarnation parfaite de la « girl next door ». De ce choc des mondes, la réalisatrice Nina Rives tire une comédie romantique reposant entièrement sur l’alchimie évidente de son couple vedette.
Une romance pétillante et pleine de charme, portée par deux des comédiens les plus attachants du cinéma français.
28 septembre : Spéciale Ruben Östlund : Sans filtre, Snow Therapy & The Square
Place au grand satiriste du cinéma contemporain, le Suédois Ruben Östlund, passé maître dans l’art du malaise. Qu’il s’attaque à la masculinité en crise face à une avalanche (Snow Therapy), aux vanités du monde de l’art (The Square) ou au naufrage grotesque des ultra-riches (Sans filtre), le cinéaste épingle avec une précision chirurgicale les petites lâchetés et les grandes hypocrisies de notre époque.
Son cinéma, grinçant, dérangeant et férocement drôle, est une expérience à part entière. Trois œuvres majeures, dont deux Palmes d’Or, pour découvrir un auteur indispensable.