Les livres qui font rire les membres du Forum des Lecteurs

Le rire à la française

Ils nous ont enchantés et fait rire avec leurs spectacles, ou bien encore au cinéma : nombreux sont les artistes à partager à l’écrit leurs textes de scènes ou bien des ouvrages empreints de leur humour.

Et comment ne pas citer alors Pierre Desproges en tout premier lieu : auteur de génie, homme de spectacle, acolyte inoubliable de Daniel Prévost dans la bande du Petit Rapporteur et La Lorgnette. Ou encore La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède, un court format co-écrit avec Jean-Louis Fournier, diffusé dès 1982 sur FR3. Sans oublier l’homme de radio et ses fameux réquisitoires dans le Tribunal des flagrants délires sur France Inter.

TOFPOLAR adore « le rire et l’humour vache » des textes de Desproges :

« Oublions un instant ces temps incertains, ces humeurs et ces rumeurs souvent orageuses, ce politiquement correct parfois douloureux pour revenir à une verve plus pertinente, un discernement éclairé, bref, une inspiration pétillante faite de bon sens, de finesse et de vivacité d’esprit. Alors comme les voyages intellectuels sont souvent sensibles et ennuyeux, je vous invite au savoureux, car il est impossible de parler du rire et ses éclats sans évoquer le premier au fond de la classe, Pierre Desproges. Ce journaliste devenu humoriste, réputé pour son humour noir, sa plume légère et sa remarquable aisance littéraire. Un clown blanc cassé, un singulier bouffon qui choisit son roi. L’artiste et l’écrivain le plus sensible, le plus tendre des cyniques des années 80. Animateur et chroniqueur de célèbres émissions radio et télé, des textes et des séquences aussi drôles que poilantes. Un regard de chien battu mais pas trop, un sourire d’éternel dilettant, il avait l’humour pour décaper une toile cirée ou un dictateur. Un homme plein d’esprit, l’intelligence et la causticité pour mieux ronger les conformismes et la bêtise humaine, faire rire sans la moindre vulgarité, ni grossièreté. Desproges était capable de sourire de tout, politique, guerre ou sexualité :  » Ma femme est très portée sur le sexe. Malheureusement, ce n’est pas sur le mien. »

L’humoriste illustre des thèmes très souvent évités par d’autres artistes de l’humour, prenant à contre-pied, par le délire ou le raisonnement par l’absurde, certaines positions convenues de la société. Avant de vous inviter à lire ce délicieux recueil, je ne résiste pas à vous glisser une petite réplique pour la route : « L’ennemi se déguise parfois en géranium, mais on ne peut s’y tromper, car tandis que le géranium est à nos fenêtres, l’ennemi est à nos portes. » Il affirmait sur scène, « J’aurais pas le cancer, je suis contre… » Dommage, parce qu’on aurait bien aimé qu’il reste. »

Pour lise9lisou, c’est le recueil Vivons heureux en attendant la mort qui reste un incontournable, son « livre anti-déprime préféré » car « cet humoriste avec un grand H, qui n’était pas prétentieux pour deux sous, nous fait relativiser sur la bêtise humaine. Il se moque de tout et surtout de ce qui est sérieux, la mort, la maladie…. C’est extrêmement savoureux. Et à mettre entre toutes les mains. ». 

Une autre figure de la scène et du petit écran, qui possède une sens de l’humour très décapant, Gaspard Proust et son Mea Culpa a retenu l’attention de lamournexistepas :

« Il faut apprécier le second degré d’abord, ensuite l’humour noir, insolent et corrosif. Car tout le monde y passe…Parfois j’ai grincé des dents… »

Plus connue pour ses rôles sur le grand écran, Sylvie Testud et Le Ciel t’aidera ont été sélectionnés par Yasei, et pourtant, comme elle le précise, ce n’était pas gagné de partager un livre qui fait rire car ses lectures habituelles ne sont pas « des choses très fun » :

« Je me suis rappelé ce livre, que j’avais lu avec un peu d’a priori à l’époque. Et finalement, il y a beaucoup de passages très drôles où l’auteure raconte des anecdotes improbables liées à ses angoisses ; Sylvie Testud ayant peur de tout, elle se met dans des situations qui virent en parano totale ce qui est parfois très cocasses ! Un livre léger, facile à lire, qui parle de la fragilité de l’actrice sous couvert d’humour. »

Dans un autre style littéraire, et en toute sensibilité, xiane a proposé Les Contes du Chat perché de l’incroyable Marcel Aymé :

« Il s’agit d’un recueil de contes écrit par Marcel Aymé et publiés entre 1934 et 1946. Quand j’étais petite, je me souviens que notre maîtresse nous lisait régulièrement des histoires de Delphine et Marinette et à l’époque, je ne savais pas du tout d’où étaient tirées ces histoires, mais ce qui est certain c’est qu’elles m’enchantaient. Plus tard, je les ai retrouvées. Ces contes sont pleins d’humour et de joliesse et à chaque fois que je lis notamment ce passage, je souris : « Moi, qui ai visité la Russie en détail, commençait le canard, je peux vous dire la vérité sur le communisme. Il y a des gens qui racontent des choses sans y être jamais allés, mais moi, j’ai vu, vous comprenez. Eh bien ! la vérité, c’est que là-bas, les canards ne sont pas mieux traités qu’ailleurs… ». Marcel Aymé déclarait avoir écrit ces contes pour « les enfants âgés de 4 à 75 ans » et c’est bien vrai d’ailleurs je les relis régulièrement ! »

Autre grand nom de la littérature, de la BD et même du cinéma qui nous a quitté en octobre dernier, Jean Teulé et son Azincourt par temps de pluie a su faire rire EglantineLilas :

«25 octobre 1415. Azincourt est sous une pluie battante ! Azincourt ? Un nom qu’on n’oublie pas, un vague souvenir d’un cours d’histoire d’une bataille perdue… mais …c’était dans quelle classe ? « Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu’à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu’aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée ». Pourquoi ne pas se rafraichir la mémoire avec le livre de cet auteur. Car il faut le talent de cet écrivain, (sa verve et sa truculence sont sa marque fabrique), pour que la lecture de cette bataille pitoyable pour les Français, soit réjouissante. Humour et drôlerie, se sont donnés rendez-vous dans ce livre. »

Un conseil : (re)découvrez les nombreux écrits de Jean Teulé…

Question quasi existentielle : peut-on rire avec les écrits d’un lauréat du très sérieux prix Goncourt ? C’est possible avec domyno66 et JR87 qui ont sélectionné Moi et François Mitterrand par Hervé Le Tellier.

« Ce livre m’a attirée dès que j’ai reconnu le portrait du président de l’OuLiPo sur la couverture. Paru en début d’année chez Folio, cette pépite ne compte malheureusement « que » 112 pages. J’aurais aimé que le plaisir dure plus longtemps. Je n’ai fait qu’une bouchée de cette œuvre absolument désopilante. C’est follement amusant et original. Le sujet est traité avec finesse et subtilité. La rédaction de cette œuvre à la première personne du singulier donne une puissance supplémentaire au texte. Les situations imaginées par l’auteur sont plus cocasses les unes que les autres. La réalité historique est intégrée à la démonstration et les sujets de conversation sont particulièrement bien choisis. Le Tellier est remarquable, toujours au sommet de son art. Je salue sa prestation. Ce livre est une réussite absolue. Et à force d’en dire du bien, je vais m’arrêter là et je vais retourner le chercher dans ma bibliothèque pour le relire, pour me délecter en revoyant la photo des « chaises achetées pour la fête d’anniversaire de François Mitterrand »… mais je ne vais pas tout divulguer. Du 100% drôle, à lire au plus vite pour vous évader de la morosité actuelle. », tel est l’avis de domyno66.

Et JR87 d’ajouter : « Moi et François Mitterrand : quel bijou, quelle pépite ! 88 pages ultra-courtes, façon Amélie Nothomb, la farce en plus. Vous allez éclater de rire, passer un bon moment, et la lecture sera très abordable. Des collégiens devraient apprécier. Pensez-y si vous êtes dans l’enseignement ! Vous poufferez quand l’auteur demande des nouvelles de Bernadette à Chirac, parle de son chat au Président, propose une collaboration à Carla Bruni, un film à Julie Gayet. C’est presque trop en révéler, mais ce sera tellement mieux dit dans le texte ! »

L’humour ne connait pas les frontières…

Sortons allégrement des frontières de l’hexagone et allons découvrir les romans étrangers qui ont fait rire les membres du Forum des Lecteurs

Outre Les Annales du Disque Monde de Terry Pratchett, Caroline7 a partagé son éclat de rire pour Martiens, go home ! par Frederic Brown :

« Luke Deveraux, un auteur de science-fiction en mal d’inspiration, s’est isolé dans une cabane prêtée par un ami, en plein désert de Californie. Il n’y a personne autour de sa baraque, pas de voisins à des kilomètres à la ronde, et pourtant… Au soir de son troisième jour sur les lieux, alors que son esprit dérive à la recherche d’une idée de récit, quelqu’un frappe à sa porte. Lorsqu’il ouvre, il se retrouve face à un petit être vert d’environ soixante-quinze centimètres de haut qui lui dit : « Salut Toto! « . Et en ce mardi 26 mars 1964, en début de soirée, ce n’est pas un mais un milliard de martiens qui apparaissent aux quatre coins du globe, créant une pagaille et une panique sans précédent. Leur but : semer le trouble ! Ils sont hâbleurs, exaspérants, mal embouchés, d’une familiarité répugnante, n’hésitant pas à révéler les secrets de « monsieur Tout-le-Monde » comme les secrets d’Etat (en pleine période de guerre froide…), car rien ne leur échappe. Ces Martiens ne portent pas de noms et comme ils ne comprennent pas cette coutume terrienne, ils appellent tous les hommes « Toto » et toutes les femmes « Chouquette ». Pour se déplacer, ils n’ont besoin ni d’astronef, ni de portail de téléportation : ils « couiment », c’est-à-dire qu’ils se projettent mentalement dans un autre endroit. Passé le choc initial, se pose la question de comment continuer à vivre normalement malgré la présence de ces parasites, toujours prêts à semer la zizanie. Ils harcèlent les Terriens, les exaspèrent avec leurs moqueries, leurs mauvais tours, ils sont sarcastiques, sans compassion, et ne permettant pas le mensonge. Les seuls recours qui s’offrent aux hommes apparaissent vite comme l’obscurité, les boules Quiès et la maîtrise de soi. Dans Martiens, go home ! , l’auteur manie du début à la fin, le gag, la surprise et la dérision, refusant de se prendre au sérieux, mettant à profit toutes les situations les plus folles que permet ce type d’écriture. Un livre original, désopilant, un véritable remède à la morosité. A découvrir absolument, même si vous n’êtes pas fan de SF ! ».

À quelques mois des Jeux Olympiques de Paris 2024, Yza29 s’est replongée dans le « roman court et désopilant » d’Eduardo Mandoza, Sans nouvelles de Gurb :

« Deux extra-terrestres, le commandant et Gurb, débarquent sur terre en Espagne, à Barcelone précisément, avant les jeux olympiques. Ils viennent observer les terriens et leur mode de vie. Ils peuvent se matérialiser sous la forme du personnage qu’ils souhaitent. C’est un journal qui compte 24 jours et 24 chapitres où les passages comiques et absurdes se succèdent. L’art du comique de répétition est poussé à son paroxysme. Je n’ai jamais autant ri à la lecture d’un roman. Et je pense profondément que ce n’est pas parce que c’est drôle que ce serait léger ou dénué de fondement. C’est une critique féroce qui montre toutes les facettes de l’être humain et une satire politique et sociale. Trente ans, après sa sortie, il me fait toujours autant rire et je le relis souvent. À découvrir ! »

Entre rire et larmes, Zaza13 a proposé un titre choisi dans l’immense œuvre de John Irving, Un enfant de la balle : une analyse sur l’humour toute en finesse…

« Si les romans de John Irving font souvent pleurer, ils font aussi beaucoup rire. Je me souviens par exemple d’avoir attrapé un fou rire dans le métro alors que je lisais Un enfant de la balle. Les situations sont parfois désespérées mais aussi tellement cocasses que l’on ne peut s’empêcher de sourire entre deux larmes. Pour moi John Irving est un magicien qui joue avec nos émotions, et nous emmène dans un grand huit émotionnel. C’est triste, c’est drôle, c’est la vie ! »

Autre choix de Yasei, Vous descendez ? de Nick Hornby :

« … je propose ce livre drôle, sarcastique et décalé, qui raconte le destin de 4 personnes déterminées à en finir et qui vont voir leur suicide capoter sur le toit d’un même immeuble. 4 personnages attachants qui n’ont rien en commun, et qui vont se lier presque malgré eux… Un livre à l’humour grinçant qui nous fait passer un bon moment »

Dernier titre retenu par Caroline7, Orgueil et préjugés et zombies de Seth Grahame-Smith est un une parodie d’un grand classique fort réussie :

« Prenez un classique de la littérature anglaise, ajoutez des combats à l’épée, un soupçon de cannibalisme et des milliers de cadavres en décomposition sortis de leurs tombes, et vous obtiendrez un cocktail délirant et l’assurance de passer un excellent moment de lecture ! Orgueil et préjugés et zombies est un roman parodique publié en 2009 par Seth Grahame-Smith (citant Jane Austen comme co-auteur), plus précisément un mashup combinant le roman classique de Jane Austen avec des éléments de la fiction zombie moderne. Le résultat : un livre qui pour les trois quarts est du pur Jane Austen, avec le récit des intrigues matrimoniales qui animent le petit village anglais de Meryton, et notamment la famille Bennet, laquelle a cinq filles à marier ; le quart restant, ce sont les zombies, qui attaquent inlassablement les habitants de ce paisible village puisque, dans cette nouvelle version, les morts se sont réveillés et en veulent terriblement aux vivants. Alors bien sûr, comme dans la version originale, les sœurs Bennet doivent se trouver un mari (conventions sociales de l’époque oblige), mais elles doivent aussi, entre deux tasses de thé chez le châtelain voisin, sortir leurs dagues pour massacrer des zombies. Outre le côté décalé apporté par ce petit « ingrédient » supplémentaire, il y a aussi le fait que les sœurs Bennet sont de vraies héroïnes, des femmes fortes maîtrisant les arts martiaux et passées maîtres dans l’art de la survie en terrain infesté de créatures en quête de chair fraîche. Avec son romantisme, ses déchirements, ses combats à l’épée et ses zombies, ce roman dépoussière ce classique de la littérature anglaise et le transforme en une histoire moderne, plus digeste et tellement plus drôle que l’original ! »

Enfin, domyno66 s’est laissée emportée par La Fille de la supérette de Sayaka Murata :

« Ce petit roman, petit par sa taille – 144 pages – mais grand par sa drôlerie a été comme une bouffée de fraîcheur. L’action se déroule au Japon. On bascule totalement dans un autre univers, changement de mode de pensée, établissement de nouveaux repères. La drôlerie est omniprésente et décalée, voire absurde. Qui ? Quoi ? Où ? Keiko, l’héroïne, est employée dans une supérette. Célibataire, elle s’interroge sur elle-même et sur sa vie. Tout est drôle parce qu’inattendu et décalé. N’hésitez pas à plonger dans cet univers. Cette oeuvre a obtenu au Japon un prix qui est l’équivalent de notre Goncourt. Coup de chapeau à la traductrice qui a su conserver la tonalité et l’humour qui font le sucre et le sel de cette pépite de drôlerie. »

D’autres textes ont été cités mais pour des raisons de lisibilité de l’article, il nous est impossible relayer toutes vos chroniques. Vous pouvez retrouver l’intégralité des participations sur le Forum des Lecteurs : Quels sont les romans ou nouvelles qui vous ont fait rire ?

Les autres titres : 

• AMB37 : Petiote, Benoît Philippon / Dieu et nous seuls pouvons, Michel Folco / Maman à moi, Valérie Bonneton 
• anne44840 : Joyeux suicide et bonne année !, Sophie de Villenoisy
• au-clair-de-leurs-plumes : Broadway, Fabrice Caro
• domyno66 : Le nez – Le manteau – Les memoires d’un fou, Nicolas Gogol 
• EglantineLilas, LNlecture et Zaza13 : Basse Mer ou Haute Cuisse, Collectif d’auteurs du Forum des Lecteurs (Ebook gratuit)
• Entreleslignesdelucie : Les Sombres affaires de Rosita Marcadet Tome 1, Anne Boudart
• lise9lisou : Amours, Prozac et autres curiosités, Lucia Etxebarria / Toubib or not toubib, Agnès Abécassis (ces ouvrages sont disponibles uniquement en marketplace en occasion)
• Seshat : L’habit ne fait pas le moineau, Zoe Brisby / Martin de la Brochette, Thierry des Ouches (cet ouvrage est disponible uniquement en marketplace en occasion)
• sophinette : L’Affaire Jane Eyre, Jasper Fforde 
• TOFPOLAR : Vous permettez que je vous appelle Raymond ?, Antoine de Caunes, Albert Argoud, Fréderic Dard (uniquement disponible en marketplace ou en numérique) / Le Discours, Fabrice Caro