« J’aime dans le chat ce caractère indépendant et presque ingrat qui ne le fait s’attacher à personne, et cette indifférence avec laquelle il passe des salons à ses gouttières natales », écrivait Chateaubriand. Après les écrivains, les dessinateurs, vous trouverez, à l’occasion de la journée internationale du chat, quelques héros félins qui se sont promenés sur les grands écrans. Prêt. Action. Voici notre sélection de DVD/Blu Ray.
Félix le chat (1919)
Félix le chat est le premier chat vraiment populaire dans le cinéma. Il est né sous l’idée d’Otto Messmer et la patte de Pat Sullivan. Il apparaît pour la première fois dans Feline Follies (1919). Inspiré graphiquement par Krazy Kat (comic dans les années 1910), Félix, chat noir et blanc, est un chat anthropomorphique. Le succès est international et ce chat presque aussi célèbre que Charlot de Charlie Chaplin. Pour tous les deux, les films parlants américains et pour Félix, la création de Mickey Mouse, font que le succès décline.
Tom et Jerry (1941)
C’est bien connu, chat et souris ne font pas bon ménage. Chasseur invétéré, le chat ferait tout pour faire d’une belle petite souris son quatre heures. Tom et Jerry doit sans doute sa création à l’échec d’une série inspirée de la bande dessinée, Pim Pam Poum, dans les années 30. William Hanna et Joseph Barbera décide de passer à autre chose et d’unir leur force, l’un est scénariste et dessinateur l’autre un réalisateur expérimenté. C’est Barbera qui donne l’idée d’un cartoon avec un chat (Jasper) et une souris (Jinx) intitulé, Puss Gets the Boot. Le concept : un chat cherche désespérément à attraper une souris. Toutes ses tentatives se révèlent bien sûr infructueuses ou presque. À chaque fois, c’est le chaos et le tourmenteur devient le ridiculisé. « Nous savions que nous avions besoin d’un personnage. Nous pensions avoir besoin d’un conflit et de l’action. Et un chat qui en avait après une souris semblait être une bonne idée, un début de projet ». Sorti dans les salles de cinéma américaines le 10 février 1940, Puss Gets The Boot est bien accueilli par les propriétaires de cinéma et par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, qui a nommé le court-métrage pour l’oscar en 1941. C’est John Carr, l’animateur du cartoon, qui trouve le nom définitif de Tom et Jerry.
Dans le même genre, on peut citer un autre cartoon, Titi et Grosminet, le chassé étant ici un canari, apparu dans la même période.
Les Aristochats (1970)
Des animaux, il y en a pléthore dans les films de Walt Disney. Les Aristochats, comme son titre l’indique, se concentre sur des chats, ceux de l’ancienne chanteuse d’opéra, Adélaïde Bonnefamille. N’ayant pas d’héritier, la dame décide de léguer son héritage à Duchesse et ses 3 chatons et en dernier recours à son valet Edgar. Ce dernier ne l’entend de cette manière et enlève les chats en les abandonnant bon an mal an dans la campagne parisienne. Mais c’est sans compter sur la rencontre avec Thomas O’Malley, un chat de gouttière. Après mille péripéties et une soirée endiablée passée avec son copain Scat cat et son band (la musique est majeure encore dans ce Disney), O’Malley arrive à déjouer les embrouilles d’Edgar et ramène Duchesse, Berlioz, Marie et Toulouse chez Madame Bonnefeuille. Comme tout est bien qui finit bien chez Disney, cette dernière, prend aussi sous son toit O’Malley, Duchesse ayant craqué pour ce gros matou. Ce fut le dernier long métrage validé par Walt Disney avant sa mort. Bien que l’intrigue soit un peu déjà vue et que le méchant manque un peu de rugosité, le tout est bien emmené grâce à une Bo bien swinguante et un O’Malley rustique mais charmeur.
Le chat (1971)
Inspiré par le roman de Georges Simenon, Le chat n’est pas ce que l’on pourrait appeler un film qui a pour héros principal un chat. Non. Cependant, il y tient une place subtilement importante. Le chat, c’est l’histoire d’un couple sans enfant (Les Bouin), qui voit sa vie se démolir, se désagréger au sens propre comme figuré au cœur de cette banlieue des années 70 en plein bouleversement. L’amour n’est plus là mais aucun ne veut partir de cette maison vouée à être détruite pour faire éclore de grands ensembles. Lorsque le mari (joué par le grand Jean Gabin) recueille un chat et se prend d’affection pour lui, rien ne va plus dans le couple. La jalousie, la haine s’emparent de la femme (joué par l’immense Simone Signoret) et la guerre est déclarée. Le chat est le centre de toutes les crispations. Un chef d’oeuvre de Pierre Granier Deferre.
Le Royaume des Chats (2002)
Avec Le Royaume des chats, vous rentrez dans une histoire féérique comme les Studios Ghibli et l’animation japonaise savent en créer. Haru, jeune lycéenne pleine de doutes, sauve un jour la vie d’un chat manquant d’être écrasé par un camion. Il n’y aurait pas tant de magie et de féérie si ce chat était ordinaire sauf que celui-ci parle et se tient debout sur ses pattes arrière. C’est Loon, le prince du royaume des chats. Ayant une dette envers Haru, le roi de ce royaume (quelque peu autoritaire) la couvre de cadeaux et surtout souhaite la marier à son fils héritier. Pour déjouer le plan du roi, elle peut s’appuyer sur le Baron Humbert von Gikkingen (une statue chat ayant une âme), Muta (un gros chat blanc) et Toto (statue corbeau ayant aussi une âme et fidèle du baron). À travers cette aventure, c’est le passage de l’enfance au monde adulte, la quête de l’identité chez une adolescente que ce film questionne. Le périple de cette jeune adolescente, ses difficultés sont autant d’expériences d’apprentissage pour s’affirmer dans un monde où la rêverie a peu sa place. Réalisé par Hiroyuki Morita, un fidèle de Miasaki, Le Royaume des Chats a tout pour ravir celles et ceux qui aiment l’imaginaire des Studio Ghibli ou pas.
Le Chat Potté (2011 et 2023)
Apparaissant dans plusieurs épisodes de Shrek (d’abord ennemi puis finalement ami), Le Chat Potté a eu droit à ses spin-offs. Ce chat potté (comprenez un chat avec un chapeau) est un indépendant, un charmeur. Pour mettre en exergue cette image, on lui a donné l’accent espagnol et son image est inspirée de Zorro. Ce séducteur attendrit ses ennemis avec son regard doucereux. Il redevient sauvage et est sans pitié lorsque ces derniers mordent à l’hameçon. Que ce soit pour s’emparer de l’Oie aux œufs d’or servant à sauver la ville où il est né ou trouver l’Etoile à vœux lui permettant de retrouver ses vies perdues lors de ses multiples aventures, ce chat roublard, perfide et rusé est particulièrement doué au combat, exécutant une véritable danse avec son épée ou son couteau, mettant à terre bon nombre de ses ennemis. Avec lui, pour affronter ces défis, sa fidèle amie Kitty pattes de velours, une chatte particulièrement séduisante et Humpty Alexandre Dumpty (volet 1) ou Perro, un corniaud galeux (volet 2). Il y a bien sûr un lien avec le conte de Charles Perrault, Le Chat Botté, un chat manipulateur qui voulait faire changer un ogre en souris. C’est là la seule comparaison.
The Voices (2015)
Marjane Satrapi (Persepolis, …) nous embarque dans un film aussi délirant que réussi. Entre Donnie Darko pour le côté schizophrène du héros et Dexter pour le côté tueur en série, The voices est l’histoire de Jerry, un homme assez ordinaire d’une ville américaine qui vit avec son chat et son chien. Sous traitement et suivi par une psy, tout semble aller sur des roulettes pour Jerry. Sauf quand il oublie de prendre son traitement. Là, les voix affluent dans son cerveau. Ses deux animaux se mettent à lui parler. Si le chien lui donne des idées normales, le chat lui est beaucoup plus maléfique et l’entraîne dans une folie meutrière. L’ouvrier ordinaire devient sanguinaire. Moustache (nom du chat) souligne ici combien le chat a souvent été associé à la sorcellerie et bien d’autres éléments occultes, malfaisant, dangeuereux, … Ne pas mettre à la portée de tous les regards : glauque et sanguinolant.
Ma vie de chat (2016)
Ma vie de chat, c’est l’histoire rocambolesque d’un milliardaire qui a négligé sa famille pour vivre sa carrière trépidante. Pour se faire pardonner, il décide d’offrir à sa fille un chat, lui qui les hait. Sa vie bascule après un accident : il est, Ô malheur, coincé dans le corps d’un chat. Tom s’appelle désormais Fuzzypants. Gauche, empoté et particulièrement indiscipliné. Fuzzypants, enfin Tom, va devoir reconquérir l’amour de sa famille pour reconquérir sa forme humaine. Le but de cette leçon : comprendre comment et pourquoi sa famille est passée au deuxième plan avant sa réussite. Avec Barry Sonnefeld à la réalisation (Men In black, Famille Adams), on a tout pour faire de ce film, un bel ovni extravaguant mais qui se tient. Un film très drôle.
Kedi des chats et des hommes (2017)
Qu’on aime ou non les chats, Kedi, des chats et des hommes, est un documentaire assez fascinant. On se promène dans les rues d’Istanbul et on part à la découverte de chats errants (Psikopat, Bengu, Gamiz, …) et des hommes qui les aiment. Filmé bien souvent à hauteur de chats, la réalisatrice a expliqué avoir voulu se différencier des vidéos de chats que l’on peut voir sur Internet. Ces matous en profitent pour nous faire visiter Istanbul, une ville en pleine mutation. Ce film, soutenu par la Fondation 30 millions d’amis, est une ode aux chats, à leur liberté et à cette ville d’Istanbul, ses habitants qui cohabitent avec intelligence avec ces matous et minettes.
Mon chat et moi (2023) – Sortie le 16 août
Rroû est un chaton comme on peut en voir sur les toits de Paris, libre comme l’air. Sa vie change lorsque Clémence, une fillette de 10 ans, décide de l’adopter et l’emmène à la campagne. Les deux vont apprendre à se connaître, grandir ensemble tout en découvrant les beautés et joies de la nature. Adapté du roman de Maurice Genevoix Rroû (1931), ce film est bien plus qu’un petit film familial gentillet. Outre la relation entre le chat et l’humain, Mon Chat et moi nous donne à s’interroger sur comment grandir, quel lien unit l’homme à la nature, qu’est-ce que l’un peut apporter à l’autre. Avec ce conte pédagogique, philosophique, écologique, Guillaume Maidatchevsky réussit à mêler spectacle, beauté de l’image et réflexion comme dans son précédent documentaire Aïlo, une odyssée en Laponie.
À Freddie, Anaïs, Sydney, Enola et Jodie
À Alexandra, Cindy et Victoria, des vétérinaires extraordinaires
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