Le surf, ce n’est pas seulement un sport, c’est aussi une culture, un mode de vie. Pas étonnant donc qu’il ne soit pas uniquement cloisonné au seul domaine du sport. Le surf et les surfeurs ont inspiré le monde des arts : de la musique au cinéma en passant par la littérature. Alors venez surfer, rider la vague.
La surf music et les surfeurs chanteurs
Dick Dale
C’est en Californie, au début des années 60 que commencent les grandes heures de la surf music. Deux courants majeurs existent : l’instrumental et le vocal. C’est Dick Dale qui invente la surf music de type instrumental, notamment grâce à une guitare à forte réverbération et un saxophone (typique de ce style). Inspiré du rock’n’roll, c’est le premier genre à incorporer une basse parmi les instruments. C’est dans le Comté d’Orange que naissent les groupes de ce genre musical car le surf y est très présent. Un endroit y voit défiler les artistes emblématiques : le Rendezvous Balroom de Balboa. En plus de Dick Dale, on peut citer The Surfaris (et leur tube Wipe out considéré comme un des hymnes de la surf music) et puis The Bel-Airs, The Challengers ou Eddie and the Showmen dont les succès seront cependant moins retentissants que ce premier.
Beach Boys
Et puis il y a la surf music de type vocal, célèbre pour ses harmonies. Les leaders du genre sont les Beach Boys. Composés de 3 frères (Wilson), leur cousin (Mike Love) et un ami (Al Jardine), les Beach Boys sont le groupe emblématique de ce courant. Ils incarnent le mythe californien : le surf, les palmiers, le soleil et une jeunesse hédoniste. Cette image leur collera à la peau alors qu’ils essayent de rivaliser avec les groupes anglais. Plus de 100 millions d’albums vendus, des hits en pagaille (Surfin’Usa, Good vibrations, California girls, Barbara Ann, …), c’est çà les Beach Boys. Ils sont les seuls à avoir su résister à la vague des groupes britanniques. Seule la santé de Brian Wilson aura sans doute eu raison de leur déclin plus que les Beatles eux-mêmes…
Et puis il y a les surfeurs qui se sont mis à la musique. On peut citer le grand champion Kelly Slater même si ce passage est plus anecdotique. Il y a aux Etats-Unis, Jack Johnson et en France Tom Frager.
Jack Johnson
Fils du surfeur Jeff Johnson, Jack Johnson était né pour mettre les pieds sur une planche et rider les vagues. A à peine 10 ans, il surfe la mythique vague Banzai Pipeline lui ouvrant un contrat avec la marque Quicksilver. A 17 ans, il atteint la finale de la compétition Pipeline devenant le plus jeune surfeur à atteindre ce niveau si tôt. Mais c’était sans compter sur cette fameuse vague meurtrière qu’il surfe à nouveau. Il en ressort vivant mais trop secoué pour entamer définitivement une carrière de surf professionnel. Attiré par le cinéma, c’est la musique qui va le porter. Depuis le début des années 2000, Jack Johnson poursuit son chemin, tranquillement mais sûrement, inspiré par le folk. Son dernier album, Meet the Moonlight, est paru l’année dernière.
Tom Frager
Alors que Jack Johsnon s’inspire plus du folk notamment de Ben Harper (son ami), notre Tom Frager lui, c’est le reggae. Vice-champion de France en 1993-1994, Tom Frager doit abandonner le surf suite à une opération visant à éliminer une croissance osseuse à la cheville. Il se tourne alors vers la musique. Son album Better Days, emporté par le titre Lady Melody (tube de l’été en 2009), est le principal grand succès de Tom. Cependant, il trace, depuis, sa route de concert en concert et de festival en festival loin des plateaux de télévision mais vivant toujours de sa passion. Son dernier album, Au large des villes, est sorti en juin 2019.
Les surfeurs, héros de cinéma
Le cinéma s’est aussi emparé du monde du surf.
Brice de Nice
Comment ne pas penser à Brice de Nice ! Le personnage de ce surfeur un peu hors norme vient d’un de ceux qu’a inventé Jean Dujardin lorsqu’il était humoriste. Ce Brice est un mélange savoureux et loufoque d’un Brice que Jean Dujardin a connu au lycée, un garçon qui « cassait » tout le monde (se croyant plus intelligent et spirituel que les autres) et de quelques surfeurs croisés dans la région du Médoc (de ceux plus frimeurs que réels sportifs).
Avec son tee-shirt jaune, ses mèches blondes, Brice de Nice cherche LA vague, sauf qu’il est à Nice et cette ville n’est pas un des spots de surf les plus réputés. A cette quête hédoniste voire la quête de la vacuité, Brice de Nice est de ceux qui ont la répartie facile. Ses joutes verbales sont désormais cultes. Faisant défiler à un rythme cadencé les sketches loufoques, très loufoques, Brice de Nice est de ces personnages cultes de toute une génération. Pas sûrs que les surfeurs, les vrais, s’y retrouvent mais Jean Dujardin joue un éternel ado, haut en couleur et pas seulement à cause de la couleur de son tee-shirt.
Point Break
Côté américain, il y a Point Break. Avec Kathryn Bigelow aux commandes et le duo d’acteurs Swayze/Reaves, Point Break s’inscrit comme l’un des meilleurs films d’action des années 90. Mais plus qu’un polar, Point Break est avant tout une incursion incroyable dans le monde du surf et est bien plus qu’une enquête policière sur des braquages. Ses scènes d’action à couper le souffle vous faisant monter l’adrénaline de bout en bout ne font que mettre en avant cette passion quasi mystique qui anime les surfeurs, ce dépassement de soi. En associant surf et polar, Kathryn Bigelow démontre que la loi faite par les hommes n’a pas forcément sa place face à cette quête insatiable de la liberté.
The Endless Summer
Si vous vous intéressez un tant soit peu au surf même en n’étant pas pratiquant, The Endless Summer est le documentaire culte à voir, certains disent même la bible du surf. Bruce Brown, le réalisateur, suit dans les années 60, deux surfeurs (Mike et Robert) qui parcourent le monde à la recherche de LA vague, celle pas forcément dangereuse, terrifiante par sa puissance mais LA vague qui les fera tripper. D’Hawaï à l’Australie en passant par l’Afrique ou la Nouvelle Zélande, The Endless Summer suit l’été et ce duo de surfeur, nous montrant aussi et avant tout le mode de vie, l’esprit et la culture d’un monde qui dépasse un exploit sportif.
Les surfeurs et surfeuses, héros de littérature
En matière de livres, les ouvrages sont nombreux. Je vous passe les ouvrages techniques pour apprendre le surf. Côté littérature, les surfeurs héros sont plutôt légions car nombre d’auteurs, surfeurs dans l’âme ou surfeurs professionnels, ont écrit sur leur propre histoire.
On peut citer William Finnegan, grand reporter au New Yorker, qui conte dans Jours barbares son enfance à Hawaï, ses nombreuses aventures aux quatre coins du monde ou aux quatre coins des vagues, pourrait-on dire. Ce passionné de surf, qui a dû cacher son amour du surf pour être pris au sérieux en tant que journaliste, se livre et offre l’un des plus beaux écrits sur le surf, lui valant le Prix Pulitzer en 2016.
Anaïs Vanel, elle, a tout quitté et pris la route, un jour comme ça après une journée de travail. Dans Tout quitter, elle évoque son parcours, délaissant son emploi de bureau pour atterrir à Hossegor et plonger dans l’océan. Tout quitter résume bien celles et ceux, indépendants dans le corps et dans la tête, ces rebelles qui osent s’affranchir du ronron quotidien.
Comment parler de surf sans parler du grand champion (peut-être de tous les temps) : Kelly Slater ? Avec Pipe dreams son autobiographie et Kelly Slater, pour l’amour de Phil Jarrat, vous pourrez rentrer dans la tête de la star du surf, personnalité incontournable à connaître pour qui s’intéresse au surf.
Si vous vous intéressez à l’histoire du surf en France, Alain Gardinier a retracé dans les Tontons surfeurs (clin d’oeil aux Tontons flingueurs) les premières heures de l’histoire du surf en France. Une belle manière de voir comment le surf s’est introduit en France et est devenu important.
Côté roman, trois livres retiennent l’attention. Le premier est un polar signé Don Winslow, La patrouille de l’aube. Le héros est un détective privé mais dont le surf accapare toute la vie. Il ride les vagues tous les matins peut-être pour oublier qu’il y a quelques années, le flic qu’il était, n’a pas réussi à retrouver une petite fille disparue. Le deuxième Respire de l’australien Tim Winton, plonge plus profondément et surtout intensément dans les vagues et vapeurs de l’océan. C’est l’histoire de Bruce Pik, fasciné par l’eau et l’océan. Malgré l’interdiction de ses parents d’aller vers l’océan, Bruce prend son élan de liberté avec Loonie. Avec lui, il multiplie les expériences surfant avec les dangers. Et puis, c’est encore du côté de l’Australie, que les personnages de Fiona Capp, Surfer la nuit, nous emmènent. Les vagues, l’océan, Jack et sa planche de surf ne font qu’un. Il n’a qu’un rêve fou, surfer la nuit, plonger dans l’obscurité. Avec la rencontre d’Hannah qui, elle, découvre le surf, Jack et Fiona Capp nous donnent un portrait presque philosophique de la culture surf. Elle réitère cette thématique avec Ce sentiment océanique.
Quoi de mieux pour finir qu’un essai philosophique sur le surf écrit par Frédéric Schiffter, professeur de philosophie à Biarritz (Petite philosophie du surf) et d’un sublime livre photographique, Turbulences de Ben Thouard qui met en valeur de belles vagues !
Vous l’aurez compris, le surf inspire. Dans ce tour d’horizon, non exhaustif bien sûr, ce sport a pris une dimension qui va au-delà du sport lui-même.
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