Lorsque l’on s’éprend pour un film, notre sensibilité est touchée. Nous avons de la compassion, de la fascination pour des personnages. Ces différents sentiments sont décuplés quand on sait que ces figures ont réellement existé. Aujourd’hui, nous mettons en lumière dix films incontournables inspirés de destins hors du commun, à voir absolument.
Intouchables d’Eric Toledano & Olivier Nakache – 2011
Chef d’œuvre mythique des réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache, Intouchables, sorti en 2012, s’inspire de l’histoire de Phillipe Pozzo di Borgo, un homme tétraplégique qui va se lier d’amitié avec Abdel Yasmine Sellou, son aide à domicile. Ici, ce sont François Cluzet et Omar Sy qui forment le duo inséparable. Dans un long-métrage empli de bienveillance et d’humour, nous assistons à la construction de cette belle amitié entre deux personnes que tout semblait opposer. Monument du cinéma français, Intouchables est une sublime et inspirante mise en image d’un fait réel.
L’adversaire de Nicole Garcia – 2002
Voici une adaptation du récit d’Emmanuel Carrère paru en 2000, qui lui-même s’inspire de l’affaire Romand, impliquant Jean-Claude Romand accusé d’avoir assassiné ses parents, sa femme et ses enfants, après avoir prétendu être médecin durant une vingtaine d’années. Dans ce film, Jean-Claude devient Jean-Marc, interprété par Daniel Auteuil. Sans tomber dans le voyeurisme glauque, le film explore la psychologie et la lente descente aux enfers de cet homme instable. Fidèle à l’approche épurée du livre, L’adversaire est un drame aussi maîtrisé qu’intense.
Omar m’a tuer de Roschdy Zem – 2011
Inspiré de l’affaire Omar Raddad, qui débute en 1991 avec le meurtre de Ghislaine Marchal dans sa villa, La Chamade. Sur les lieux du crime, des inscriptions en lettres de sang sont découvertes, dont l’une indique : « OMAR M’A TUER ». Cela mènera les enquêteurs sur la piste de Omar Raddad, le jardinier de la victime. Le film de Roschdy Zem suit un écrivain du nom de Pierre Emmanuel Vaugenard. Convaincu de l’innocence d’Omar, il s’installe à Nice et mène son enquête dans le but d’écrire un ouvrage sur l’affaire. Omar m’a Tuer est un long-métrage dur, mais intelligent. Magnifiquement porté par Sami Bouajila dans le rôle d’Omar, l’ensemble nous emporte dans un duel entre l’implacable machine judiciaire et les gens du commun.
Green Book de Peter Farrelly – 2018
L’histoire d’un artiste noir joueur de piano. Un véritable virtuose qui est une vedette dans le milieu de l’aristocratie new-yorkaise et américaine. Don Shirley, interprété par Mahershala Ali, jouit d’une reconnaissance sans pareille. Si bien qu’il est amené à exporter ses talents dans le Sud profond. Là où pour un Noir, la ségrégation peut être encore de rigueur. Shirley aura pour chauffeur Tony Vallelonga, dit “Tony la Tchatche”, joué par Viggo Mortensen, un videur d’origine italienne pour qui être au service d’une personne de couleur est difficilement acceptable. Pour être tout à fait clair, les deux hommes n’ont pas grand-chose, voire rien en commun. L’un est un blanc issu d’un milieu populaire et profondément raciste, à première vue, tandis que l’autre est un Noir qui côtoie la haute-bourgeoisie à chaque représentation. Et pourtant une forte complicité se nouera entre les deux hommes au fil du temps. Si bien qu’ils resteront amis jusqu’à la fin de leurs jours. Green Book est une formidable leçon de vie sur l’être humain, sur les liens qui peuvent se créer au-delà des préjugés. Une adaptation récompensée de trois Oscars, rien que ça.
Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg – 2002
Imaginez un peu ! Parcourir vingt-six pays de seize à dix-neuf ans aux frais d’une compagnie aérienne à la fin des années 1960. Le tout en vous faisant passer pour un pilote d’avion, un pédiatre ou un avocat. Vivant sous huit identités distinctes, Frank Abagnale Jr. a fait de l’imposture un art de vivre durant sa jeunesse. Son récit est conté dans Arrête-moi si tu peux, de Steven Spielberg. Le fringant Leonardo DiCaprio endosse le rôle principal de ce biopic sorti en 2002 et se livre à un mano-à-mano remarquable avec Tom Hanks qui, lui, joue l’agent du FBI chargé de cette affaire d’escroquerie et de fraude. Un petit bijou de Spielberg !
Les Affranchis de Martin Scorsese – 1990
Robert De Niro et Joe Pesci. Un duo qu’on affectionne voir à l’oeuvre à l’écran, tant leur alchimie saute aux yeux. Les deux New-yorkais ont partagé l’affiche de Raging Bull, biopic en l’honneur de Jake LaMotta, puis le légendaire Il était une fois en Amérique. A l’aube des années 1990, les revoici associés pour les Affranchis. L’histoire vraie d’Henry Hill, un jeune américain d’origine italo-irlandaise qui, de par son métissage, n’était naturellement pas voué à intégrer la mafia. Et pourtant son destin est lié à la famille Lucchese, l’une des cinq familles de la mafia qui régnait sur la Grosse Pomme. Henry Hill est joué par le fantastique Ray Liotta qui se révèle aux côtés de deux poids lourds du 7e art. Les Affranchis est à présent considéré comme l’un des meilleurs films de gangsters de l’histoire. L’impétuosité de Tommy DeVito interprété par Joe Pesci transparaît dans des répliques devenues cultes qui font de cette adaptation un incontournable du cinéma des années 90.
Into the Wild de Sean Penn – 2007
Un biopic aux allures de documentaire au sujet de Christopher McCandless, un jeune étudiant américain qui rejette par dessus tout la société capitaliste dans laquelle il se voit s’engluer. Alors, il prend ses jambes à son cou en juillet 1990 et décide d’arpenter son pays sous un mode de vie itinérant. Into the Wild est le cinquième film réalisé par Sean Penn. Emile Hirsch interprète ce jeune aventurier qui, à mesure que les jours passent, s’amaigrit et se retrouve rongé par la solitude. Cette adaptation cinématographique tirée de Voyage au bout de la solitude a contribué à créer un mythe autour de ce jeune étudiant de l’Amérique du début des années 1990 pour qui un avenir tout tracé était promis. Depuis la sortie de ce film en 2007, les fans fascinés par ce McCandless s’embarquent dans l’Alaska où ce dernier périt en 1992 pour se recueillir près du bus où il vécut durant plusieurs semaines. Ce coup de projecteur sur cette histoire vraie est aussi une prise de conscience des paradoxes de notre société, une réflexion sur ce que l’on cherche vraiment et notre nature humaine, qui finit toujours par nous rattraper.
Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese – 2013
Le plus gros succès de Martin Scorsese, rien que ça. Le milieu de la Bourse new-yorkaise est exploré dans Le Loup de Wall Street, long-métrage durant près de trois heures. Leonardo DiCaprio y interprète Jordan Belfort, un jeune courtier qui, après avoir fait ses armes au sein d’une banque d’affaires, monte sa propre entreprise. Issu d’un milieu populaire, il succombe au train de vie princier que mènent les membres de la caste dont il fait désormais partie. DiCaprio est sacré du Golden Globes du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie. Et c’est peu dire tant ce dernier livre une performance dramatique de haute volée, presque théâtrale. Un rôle qui expose au monde entier l’étendue de son talent et de sa palette technique.
Raging bull de Martin Scorsese – 1980
Décidément, cette sélection fait la part belle à Martin Scorsese. Il faut dire que le réalisateur italo-américain a un attrait prononcé pour les adaptations cinématographiques. Au début des années 80, il fait appel à Joe Pesci et Robert De Niro pour Raging Bull. L’histoire de Jake LaMotta dit “le taureau du Bronx”. Champion du monde des poids moyens, il affronta notamment Marcel Cerdan et Sugar Ray Leonard pour se hisser dans la légende du noble art. A noter que cette collaboration est la quatrième en sept ans entre Scorsese et De Niro. Ce dernier se voit auréolé de l’Oscar du meilleur acteur ainsi que d’un Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique. Un film important et qui a su exister à l’époque de Rocky.
8 Mile de Curtis Hanson – 2002
Considéré par ses pairs comme le meilleur rappeur de l’histoire, Eminem suscite une fascination sans égale dans son genre. Le MC de Détroit a dû éviter les embûches et se créer sa propre histoire pour grimper au sommet du rap américain. Il fut un souffre-douleur à l’école, le fils mal-aimé d’une mère toxicomane et tout simplement un jeune en perdition passionné par le rap cherchant une porte de sortie. Marshall Mathers, de son vrai nom, est parvenu à imposer sa verve et son style dans un milieu où le traitement est forcément distinct lorsque l’on est blanc. 8 Mile n’est pas à 100 % une adaptation de la vie d’Eminem mais on peut y voir une forte inspiration autobiographique.
BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan de Spike Lee – 2018
Titré du Grand Prix du Festival de Cannes 2018, ce biopic est l’oeuvre de Spike Lee, réalisateur archi reconnu pour la réalisation de films traitant notamment de la cause noire. BlacKkKlansman rapporte l’histoire de Ron Stallworth, agent de police noir de Colorado Springs qui, à la fin des années 70, décida de se porter volontaire pour intégrer les rangs du terrible Ku Klux Klan. Après un recrutement en bonne et due forme – mais à distance – il missionne son collègue blanc pour prendre le relais lorsque sa présence est requise. Dans ce film qui met en lumière l’horreur de cette organisation, on saluera une mise en lumière sur les talents de John David Washington ainsi qu’une performance remarquable d’Adam Driver. Une œuvre intemporelle dans la veine Spike-Leesque.
Le Traître de Marco Bellocchio – 2019
Ce film italien sort en salles à la fin de l’année 2019. Le Traître évoque la fin de l’omertà dans la mafia sicilienne à travers le parcours de Tommaso Buscetta. Exilé au Brésil, il tombe dans les filets de la police locale et se voit rapatrié au pays où il sera jugé avec ses anciens associés. Sa collaboration avec la justice est une première. D’où le nom de cette oeuvre de Marco Bellocchio. Si Il Traditore atteint péniblement le million d’entrées en additionnant les chiffres des salles françaises et italiennes, il est diffusé sur Arte peu de temps après et entre sur la sacro-sainte plateforme de streaming Netflix, bénéficiant ainsi d’une exposition éminente.
L’éveil de Penny Marshall – 1990
On a coutume d’associer Robert De Niro aux films de gangsters tels que les Affranchis ou Casino. Il est vrai que l’acteur new-yorkais a une propension particulière à briller dans ce type de réalisation. Il n’empêche que De Niro a été amené à se prêter à des rôles plus conventionnels dans sa carrière. Celui de Leonard Lowe dans L’éveil fait partie de ceux-ci. Un interne d’un hôpital psychiatrique où les patients se trouvent dans un état cataleptique. L’arrivée d’un médecin nommé Dr. Malcolm Sayer va un temps ouvrir une parenthèse enchantée pour ces femmes et hommes condamnés à demeurer dans une situation irréversible. Un film trop souvent oublié au moment d’évoquer les carrières de Robin Williams et Robert De Niro dans un milieu méconnu du grand public, adapté des mémoires du médecin Olivier Sacks.