Si la France représente une belle terre d’écoute pour les stars canadiennes francophones (de Céline Dion à Lara Fabian en passant par Diane Tell), les États-Unis ont intégré à leur pop music pléthore d’artistes canadiens anglophones devenus stars internationales. À l’occasion de la sortie du nouvel album de l’une d’entre elles (Feist), retour sur dix figures légendaires de cette contrée de bon son.
Buffy Sainte-Marie
Née dans une réserve de la Saskatchewan, Buffy Sainte-Marie appartient à une famille Cree, l’une des Premières Nations du Canada. Cette ascendance amérindienne a déterminé la vie de combat musical de cette autrice-compositrice-interprète qui excelle dans le folk (mais aussi dans la peinture) depuis six décennies. Artiste au talent de barde proche de celui de Joan Baez ou de Bob Dylan, elle a laissé des chansons antiguerres aussi importantes qu’Universal Soldier (It’s My Way), et un disque aux arrangements superbes, Illuminations.
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Neil Young
À la fois guitariste de talent, chanteur étonnant, auteur-compositeur surdoué, Neil Young a été l’un des premiers artistes canadiens à connaître un succès durable en Amérique, en Angleterre et en Europe continentale. Il apparaît d’abord avec la formation Buffalo Springfield, rencontre du folk et du rock qui accoucha notamment du tube For What It’s Worth, hymne hippie par excellence, avant de participer à Crosby, Stills, Nash and Young, supergroupe country-folk-rock, à qui l’on doit le sublime Déjà Vu. En solo, et majoritairement depuis les États-Unis, il a excellé dans le registre intimiste/acoustique (Harvest) aussi bien que sur des disques électriques (Zuma ou le live Weld) et continue de publier des titres rivalisant avec ses succès légendaires (de Hey Hey, My My à Tonight’s the Night).
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Joni Mitchell
Comme Neil Young, Joni Mitchell a passé sa jeunesse au Canada avant que sa vocation musicale ne l’amène là où la musique se faisait majoritairement à l’époque, chez les voisins du Sud, en Californie et à New York. Après avoir été une autrice-compositrice dans l’ombre des plus grands, elle s’installe à Laurel Canyon, quartier de Los Angeles où sont rassemblés les meilleurs musiciens du moment, enregistrant alors l’album Ladies of the Canyon, ainsi que Woodstock, hymne post-hippie. Elle tend ensuite à un rapprochement entre folk et jazz, qui aboutira au mélancolique Blue, puis à pléthore d’albums somptueux, comme Mingus ou Hejira. Plus discrète et diminuée physiquement ces dernières années, elle reste l’une des légendes canadiennes de la pop mondiale.
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Leonard Cohen
Du belvédère du Mont Royal, qui surplombe la ville de Montréal, on peut apercevoir l’impressionnante fresque murale couvrant le mur d’un immeuble de 20 étages et représentant Leonard Cohen. C’est dire la place de ce chanteur québécois anglophone dans son jardin, où il vécut avant de s’installer en Grèce puis aux États-Unis. Auteur folk inspiré, il se fait connaître avec Suzanne et son disque dépouillé Songs of Leonard Cohen, puis effectue un come-back dans les années 1980, avec ses albums plus synthétiques Various Positions (Dance Me To the End of Love, Hallelujah repris par Jeff Buckley 10 ans plus tard) et I’m Your Man. Son timbre baryton et sa plume littéraire ont rendu ce poète incroyablement célèbre.
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Alanis Morissette
Le retour aux grandes voix féminines à la fin des années 1980 (Tracy Chapman, Tori Amos, Suzanne Vega) aux États-Unis fut accompagné d’un même phénomène au Canada. Comme Sarah Maclachlan, Alanis Morissette représente bien cette vague : avec l’album culte Jagged Little Pill, son troisième album, en 1995, l’interprète d’Ironic se fait connaître dans le monde entier avec son enthousiasme et ses paroles introspectives.
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Shania Twain
La musique n’a définitivement pas de frontière : la plus grande vendeuse de disque de l’histoire de la country se nomme Shania Twain, et ne vient pas de Nashville, mais de l’Ontario. Avec ses disques The Woman in Me puis Come on Over, elle a réussi, vingt ans avant Taylor Swift, à mêler un genre typiquement américain à la grande pop internationale, et vient de sortir son sixième album studio cette année, Queen Of Me.
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Avril Lavigne
Le pop-punk canadien a connu un certain essor à la fin des années 1990 puis au début des années 2000, notamment avec le groupe Sum 41, puis la chanteuse solo Avril Lavigne. En une poignée d’albums (Let Go, Under My Skin), cette artiste revenue en 2022 avec Love Sux à marquer toute une génération de sk8er boys & girls !
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Arcade Fire
Couronné d’un Grammy Award, d’un Brit Award et du Prix Juno (équivalent canadien des deux récompenses), Arcade Fire a marqué les esprits en 2011 avec l’album The Suburbs. Collectif montréalais réunissant l’anglophone Win Butler et la francophone Régine Chassagne, cette formation a représenté l’essor de l’underground canadien dans les années 2000, avec des disques de plus en plus populaires, comme Reflektor, Everything Now ou We, joyaux de l’indie pop à la canadienne.
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Drake
S’il y a bien un artiste à avoir marqué la dernière décennie depuis le Canada, c’est Drake. Repéré à la fin des années 2000, notamment par Jay-Z pour son album The Blueprint III, celui qui a réconcilié le rap et le chant a tout réussi par la suite, depuis ses disques au son club/ragga, comme Views ou Scorpion, jusqu’à son passage à la house l’année passée avec Honestly, Nevermind. Pas mal pour un rappeur né à Toronto, et signé à des milliers de kilomètres de là, par le label de La Nouvelle-Orléans Young Money Entertainment.
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Feist
Au Canada, il existe toute une scène dont les membres se connaissent et participent à des projets des uns et des autres. Outre le pianiste Chilly Gonzales et ses collaborations avec Peaches ou Mocky, on ne peut oublier Grimes et D’Eon, qui avait marqué les esprits au début des années 2010.
Feist fait bien entendu partie de ces artistes partageurs qui ont œuvré à la gloire de la scène canadienne. Colocataire de Peaches et de Chilly Gonzales, elle se lance dans l’aventure du groupe indie rock Broken Social Scene, avant de se faire connaître en Europe, avec le très beau Mushaboom, extrait de son premier album Let It Die. Depuis, chacun de ses disques a été un événement, ici ou au Canada : The Reminder et les fameux My Moon My Man et 1234, Metals où surnageaient Mocky et Chilly Gonzales à la composition, puis le sombre Pleasure, avec les mêmes collaborateurs, ont montré son talent sans cesse renouvelé. Son nouvel album, Multitudes, devrait à nouveau placer le Canada au centre de la musique alternative !
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