Depuis le début des années 2000, la médiatisation des autrices-compositrices-interprètes de talent a permis l’émergence de voix féminine, maîtrisant à la fois les codes de la folk et de l’indie pop. Sous ce terme d’indie folk, sont ainsi apparus Alela Diane, Sharon Von Etten ou le supergroupe Boygenius, réunion de Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus, qui sort son premier album en mars. Voici dix interprètes de ce courant à suivre.
Boygenius
Trois des songwriteuses les plus inspirantes de notre époque ont décidé de fonder Boygenius, un supergroupe égalitaire particulièrement excitant. Julien Baker (à qui l’on doit notamment Little Oblivions), Lucy Dacus (Home Video, Historian) et Phoebe Bridgers (Stranger in the Alps, Punisher) représentaient en solo cette nouvelle génération d’autrices-compositrices-interprètes capables de briller aussi bien en électrique qu’en acoustique, et de panacher le folk le plus intime avec des éclats rock. En trio, elles réussissent à unir leurs différentes directions artistiques au sein d’un projet véritablement cohérent, inauguré avec le single Souvenir en 2018. Avant de dévoiler leur premier album The Record en mars, elles ont présenté leur univers éclectique et diablement efficace avec un nouveau triptyque de chansons en janvier. Les titres Emily I’m Sorry, True Blue et $20 donnent un excellent aperçu du disque à venir, qui devrait marquer un nouveau jalon pour l’indie folk au féminin pluriel !
Alela Diane
Avec une éthique toute personnelle, certains artistes ont repris les codes du folk traditionnel pour mieux en subvertir le message. Alela Diane est de celles-là. Elevé dans la grande tradition de la musique campagnarde américaine, et la sacro-sainte trinité bluegrass-country-folk, la jeune femme adoptait dès les années 2000 un certain d’esprit indépendance : quand les anciens rockeurs s’adonnaient au folk et que les folkeux se mettaient au psychédélique, elle traçait son chemin avec le disque The Pirate’s Gospel, en 2008. Depuis lors, l’autrice-compositrice-interprète se raconte en acoustique, avec comme compagnons les meilleurs musiciens et producteurs de l’indie folk, à découvrir dans les crédits de ses disques Cusp ou Looking Glass.
Laura Veirs
Début des années 2000, la scène indé américaine s’acoquinait doucement, mais sûrement, avec les codes de la folk. Dans ce registre, Laura Veirs débarquait, avec un album Year of Meteors, où l’on retrouvait du fiddle irlandais aussi bien que de la guitare électrique. Surtout, la voix de la jeune interprète se distinguait par sa clarté, véhicule pour des paroles introspectives traitant davantage de vie urbaine et sentimentale qu’à l’accoutumée dans le folk. Depuis lors, entre son trio avec K.D. Lang et Neko Case, et ses très bons albums solos, dont My Echo et Found Light, miss Veirs ne cesse d’osciller, avec bonheur, entre rock et folk.
Laura Marling
Venue d’Angleterre, Laura Marling a impressionné le monde de la folk et de l’indie pop par sa voix déchirante et chaude, dans le genre Scout Niblett/Cat Power. Face à une scène plutôt dominée par les artistes américaines, elle s’est imposée dans sa jeunesse, et aborde sereinement le cap de la trentaine, en ayant notamment sorti l’un de ses meilleurs albums, Song For Our Daughter, en 2020.
Marissa Nadler
Poétesse, peintre et guitariste, Marissa Nadler incarne à merveille la scène folk légèrement allumée des années 2000, qui croisait psychédélisme et instrumentation acoustique. Très vite, cependant, l’artiste évoquait la solitude et la noirceur dans ses textes, usant de sa douce voix pour mieux chanter les douleurs et parfois l’espoir. For My Crimes et The Path of The Clouds, ses disques les plus récents, font aussi apparaître ses versants plus rock.
Sharon Von Etten
Pendant électrique d’Alela Diane, Sharon Von Etten a commencé sa carrière en même temps que sa consœur, mais s’est très vite intéressée aux ponts entre dream pop et écriture folk. Son disque Tramp fit grande impression en 2013 : il est d’ailleurs l’objet d’une réédition disponible à partir de la fin mars.
Angel Olsen
Depuis le début des années 2010 et ses morceaux d’influence psychédélique jusqu’à ses récentes livraisons, comme Big Time ou Whole New Mess, en passant par sa révélation grand public avec My Woman, Angel Olsen apparaît comme l’une des autrices-compositrices-interprètes les plus attachantes de son temps. Comme nombre de ses consœurs, elle fait montre d’une belle sincérité dans ses paroles.
Aldous Harding
Coqueluche des grands médias indépendants depuis son deuxième album, Party, en 2017, Aldous Harding nous vient de Nouvelle-Zélande, et aligne depuis quelques années les perles discographiques. Designer et Warm Chris enveloppent leurs auditeurs dans un univers nostalgique et acoustique rehaussé par le timbre chaud de la jeune femme.
Weyes Blood
S’il a fallu quelques albums à Weyes Blood pour devenir l’une des plumes féminines les plus en vues des années 2010-2020, la révélation de Titanic Rising en 2019 devait mettre toute la presse d’accord. En proposant une pop classieuse ancrée dans l’écriture acoustique de la folk, elle réussissait un grand écart particulièrement audacieux, que l’on retrouve encore sur son dernier album, And In The Darkness, Hearts Aglow.
Taylor Swift
Si Taylor Swift a d’abord trusté les hit-parades country avant de dominer la pop américaine, l’interprète de Shake It Off a réussi une étonnante performance en 2020, livrant deux albums consacrés à un son plus acoustiques et ne déparant pas dans la scène indie folk américaine. Folklore et Evermore. Bien entourée (Haim, The National, Bon Iver, le producteur Aaron Dessner), l’artiste s’yl livrait à un bel exercice de style qui en appelle d’autres, espérons-le, pour la visibilité mondiale de l’indie folk !